Catégorie : Frantz Fanon

Religion et colonisation chez Frantz Fanon

— Par Maroun Eddé —

Avant-propos : la philosophie de Frantz Fanon

La pensée de Fanon est indissociable de sa vie et de ses engagements personnels.[…] Ces expériences l’ont conduit à découvrir les effets psychiques de la domination coloniale sur les colonisés, et à étudier les ressorts du sentiment d’infériorité et d’impuissance de ce dernier, et ainsi que de l’acceptation de son statut et de son sort. Fanon dévouera alors sa vie à lutter pour l’émancipation de ses « frères  » opprimés, à la fois par ses ouvrages théoriques que par son engagement pratique auprès de la lutte nationale menée par le FLN en Algérie, la théorie étant pour lui indissociable d’une praxis révolutionnaire. Conscient des effets psychiques de la colonisation, il soutient tout au long de son œuvre à la fois la difficulté et l’insuffisance d’une libération territoriale, si elle ne s’accompagne pas en même temps d’une décolonisation des esprits et d’une rupture avec l’héritage culturel colonial. Ce- faisant, il rejette à la fois l’attitude de certains Noirs consistant à vouloir imiter les colons en intériorisant le racisme colonial et en méprisant leurs frères pour s’identifier aux Blancs ; que le «   retournement du stigmate   » et la valorisation d’une culture ou d’une race « Noire  », qui ne constitue qu’une autre façon de perpétuer la séparation binaire héritée de la colonisation.

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Aliénation et dépossession, actualité de Frantz Fanon

— Par André Lucrèce —

Frantz Fanon est décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda, près de Washington, mais chemine aujourd’hui encore son œuvre capitale. Aliénation et dépossession, le Grand Objet ici, pour reprendre une expression de Merleau-Ponty qui a été le professeur de Fanon, est l’aliénation. Pour analyser le phénomène d’aliénation, Fanon part du principe que l’aliénation est un objet qui relève de l’historique et du social. Il faut donc le considérer dans sa structure globale.

Fanon procède alors à une rupture paradigmatique. (Je rappelle, pour faire simple, que le paradigme est une conception théorique qui repose sur une vision du monde). Ici, je voudrais citer le philosophe Michel Foucault dont la démarche en son intentionnalité me paraît très proche de celle de Fanon. « La sociologie traditionnelle, dit Foucault, se posait plutôt le problème en ces termes : comment la société peut-elle faire cohabiter des individus (…) j’étais intéressé par le problème inverse, ou si vous voulez, par la réponse inverse à ce problème : à travers quel système d’exclusion, en éliminant qui, en créant quelle division, à travers quel jeu de négation et de rejet, la société peut-elle fonctionner ?

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Frantz Fanon – Écrits sur l’aliénation et la liberté

Frantz FANON, Œuvres. N° 2, Écrits sur l’aliénation et la liberté , La Découverte, 2018, éditeurs: Jean Khalfa et Robert JC Young

—Un compte rendu par Thomas C. Mercier —

Écrits sur l’aliénation et la liberté est un recueil de matériaux d’archive et de textes rares dont l’ambition est de conclure la publication des œuvres complètes de Frantz Fanon, correspondance mise à part. Le recueil compile des textes pour la plupart inédits, auxquels s’ajoutent des articles ou des essais déjà publiés mais quasiment introuvables. C’est un livre épais, donc, qui se présente comme le deuxième volume des œuvres complètes de Fanon. Cette ambition — qui consiste à vouloir épuiser le matériau bibliographique de Fanon, excepté sa correspondance — est plusieurs fois affichée par les deux éditeurs, Jean Khalfa et Robert Young, dans l’appareil critique qui accompagne le volume. Le livre se présente explicitement comme le couronnement d’une entreprise de compilation des écrits de Fanon, une entreprise qui aura commencé il y a des années de cela. L’ambition conclusive du volume s’explique pour une raison assez simple : Frantz Fanon est mort très jeune, à 36 ans, victime d’une leucémie.

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« Frantz Fanon, une pensée et une pratique de la désaliénation », conférence de Felwine Sarr

★ Mercredi 7 décembre – 18h30 – Tropiques-Atrium (Salle La Terrasse)
Modérateur : Adams Kwateh

Dans le cadre de sa venue en Martinique pour présenter et jouer « Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir »,  la pièce de théâtre, dont il est l’auteur, Felwine Sarr, l’homme aux multiples facettes propose une conférence sur le thème « Frantz Fanon, une pensée et une pratique de la désaliénation ». À ne pas manquer!

Felwine Sarr, né en 1972 à Niodior dans le Sine Saloum, est un écrivain, économiste, universitaire et musicien sénégalais.

Biographie
Il est le fils d’une mère sérère et d’un militaire qui participe à l’opération Fodé Kaba en Gambie en 1980. La famille compte 8 enfants dont plusieurs artistes comme la musicienne et poète Ngnima Sarr. Il grandit à Strasbourg, Kaolack, Tambacounda et Dakar. Après des études primaires et secondaires au Sénégal, il poursuit ses études supérieures à l’université d’Orléans, où il obtient un doctorat en économie en 2006.

Il est père d’un garçon de 21 ans et d’une fille de 16 ans (en 2018).

Lire aussi : la belle présentation de Felwine Sarr sur Étonnants Voyageurs

Enseignements
Agrégé des universités et professeur titulaire du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, il enseigne pendant 3 ans, de 2007 à 2020, à l’université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis au Sénégal.

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« L’oeil se noie », une pièce de théâtre de Frantz Fanon

Mardi 14 Décembre 2021 à 18H15 à la Bibliothèque Universitaire

Nous connaissons le médecin, nous connaissons l’homme engagé, nous connaissons l’essayiste mais connaissons nous le dramaturge ?
Ce mardi 14 Décembre 2021 à 18H15 à la Bibliothèque Universitaire
Venez découvrir ou redécouvrir « L’oeil se noie » de Frantz Fanon
Avec Anne Alex Psyché ; Virgil Venance; Charly Lerandy
Lecture dirigée par José Exelis
Entrée libre ; passe sanitaire obligatoire

Réservation obligatoire https://my.weezevent.com/loeil-se-noie-de-frantz-fanon-1

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Une salle. Une fenêtre. Une porte.
La porte donne sur un couloir obscur. La fenêtre sur jardin où s’amusent des fleurs en robe courte. Un épais rideau de velours. Un canapé. Un fauteuil. Une table. Dans un coin, un tableau de Wifredo Lam.
Sur un coussin, un chat noir aveugle.
François est assis aux pieds de Ginette. Au lever du rideau, il la regarde intensément.
François : amant de Ginette.
Ginette
Lucien : frère aîné de François.
Un serviteur aveugle.
L’éclairage doit être métallique. Si possible, un jeu intelligent de lumières doit rendre :
Lucien visant (on ne sait jamais quoi, Ginette peut-être) : couleur étain ;
Ginette absorbée (son visage doit perdre toute lourdeur humaine) : couleur goutte de pluie ;
François absorbant : couleur papier buvard neuf.

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Le forum Frantz Fanon

— Par Manuel Norvat —

Les lieux culturels : hôtels de passe, sénats de bord de mer ou les œuvres de création et de réflexion — même quand ils sont rasés par les bulldozers ou victimes d’autodafés — migrent dans nos consciences, en soleils guerriers.

Frantz Fanon (sa vie son œuvre) nous éclaire ainsi aujourd’hui dans le monde. Édouard Glissant disait de lui qu’il avait « une pensée multiforme et complexe » nous prévenant par là des caricatures à son endroit : Théories frelatées de la violence ou militantisme de façade. Celui qu’Aimé Césaire avait baptisé de « Guerrier-silex » n’aurait fait aucune concession à l’action contreproductive et à l’analyse simpliste de la situation antillaise. Car il avait le souci des Antillais comme son frère d’armes Marcel Manville, mais également Édouard Glissant et Albert Beville (Paul Niger en littérature). C’est à partir de leur lieu antillais qu’ils ont eu vocation à comprendre l’Autre. L’Algérie, et le monde infinissable des histoires, des luttes et migrations chantées par Gérard Lavigny, François Béranger ou Robert Charlebois. Oui, à partir de Fanon — la sensibilité auprès du concept (loin du mysticisme ambiant) — nous voilà promis à trouver notre mesure de nous-mêmes et du monde, comme un groupe de musiciens entament un morceau en même temps sans chef d’orchestre pour dire un-deux-trois.

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Frantz Fanon et la Civilisation

Par André Lucrèce

Il y a aujourd’hui 60 ans, par un matin glacial, notre compatriote Frantz Fanon mourait à Bethesda, près de Washington. C’était le 6 décembre 1961. Au moment où une partie de la France, aujourd’hui séduite par la théorie du « grand remplacement », s’apprête à célébrer l’extrême droite ou droite identitaire, laquelle s’oppose à l’émigration des nègres et des arabes sur le territoire français, nous voudrions rappeler l’apport de Fanon à l’épineuse et ardente question de la Civilisation.

Le soi-disant danger, qui est signifié par l’extrême droite, est qu’on assiste aujourd’hui à une remise en question de la civilisation française à cause de la substitution de la population française par une autre, ce qui pourrait aboutir à un processus de décivilisation, thèse inspirée de l’écrivain antisémite Maurice Barrès. Dans ce cercle aux élucubrations douteuses, il faut évoquer également l’écrivain Jean Raspail qui a notamment sévi en Martinique par des déclarations exprimant un profond mépris vis-à-vis des Martiniquais.

Les théories racialistes s’expriment donc aujourd’hui sous la forme d’affirmation telle que « la France est un pays de race blanche », laquelle résulte d’une théorie des races bien éloignée des conceptions modernes de la « race ».

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Frantz Fanon, l’héritage d’un penseur de la décolonisation

France Culture jusqu’au vendredi 21 –  9 h 05 Série documentaire

— Par Mouna El Mokhtari —

Dans les « Grandes traversées », Anaïs Kien se penche avec rigueur sur l’oeuvre très actuelle du psychiatre martiniquais Lorsque Frantz Fanon meurt, victime d’une leucémie, à l’âge de 36 ans en 1961, sa courte existence est une suite de grandes traversées. Né à Fort-de-France en 1925, Frantz Fanon quitte à 18 ans sa Martinique natale. Engagé volontaire lors de la seconde guerre mondiale, blessé au combat dans les Vosges, puis étudiant en médecine à Lyon, il prend, en 1953, un poste de psychiatre à l’hôpital de Blida, en Algérie, qu’il quittera quelques années plus tard pour rejoindre le Front de libération national algérien (FLN). , écrit dans (Seuil, 1952) celui qui expérimente douloureusement le racisme et la société coloniale. Fanon y pourfend les théories raciales et décrit les mécanismes et la violence du colonialisme : l’aliénation, l’humiliation et l’exploitation des peuples et des cultures indigènes. Analysant les blessures et les stigmates psychologiques de la colonisation, il théorise le renversement radical de ce régime et la désaliénation des colonisés dans (Maspero, 1961).

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Penser les Antilles, hier et aujourd’hui

Hier, Frantz Fanon 

Une date anniversaire :

Le 20 juillet 1925 naissait à Fort-de-France à la Martinique, Frantz Fanon. On ne dira jamais assez l’importance de ses essais sur la colonisation, et sur les catastrophes engendrées par la psychiatrie. Un auteur qu’on aime citer, mais qui serait aujourd’hui assez peu lu, si l’on en croit certains critiques. Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952),  L’an V de la révolution algérienne (Maspero, 1959), Les Damnés de la Terre (Maspero, 1961), son livre le plus connu préfacé par Sartre, ou son ouvrage posthume Pour la révolution africaine (Maspero, 1964) : son œuvre en a influencé plus d’un, des indépendantistes africains aux leaders du Black Panther Party notamment. (Extrait du Journal Jeune Afrique)

Très jeune homme, Frantz Fanon décide de quitter son milieu natal. Engagé volontaire pendant la Seconde Guerre Mondiale, blessé au combat, puis étudiant en médecine à Lyon, il subit pendant ces années de formation l’expérience mortifère du racisme, cette « déviation existentielle ». Dans Peau noire masques blancs , il écrit  « le Noir n’est pas un homme » ; il refuse l’assimilation, se révolte contre le déni des cultures dites indigènes, l’oppression économique et identitaire des colonisés, la violence faite aux peuples dominés.

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Frantz Fanon a-il été déchu de sa nationalité française ?

— Par Sarah Boumghar —
Médecin et militant, l’homme avait rejoint les rangs des indépendantistes pendant la guerre d’Algérie.
Frantz Fanon, né à Fort-de-France le 20 juillet 1925 et mort le 6 décembre 1961 à Washington, aux Etats-Unis, était psychiatre, essayiste et militant anti-colonialiste. Il est connu pour ses œuvres traitant du racisme et du colonialisme, notamment Peau noire, masques blancs (1954) et Les damnés de la terre (1961).

Raoul Peck, réalisateur haïtien, prépare actuellement un long métrage sur cette figure de l’anticolonialisme. Un casting a d’ailleurs été lancé.

Le site Une autre histoire écrivait, dans sa page consacrée au psychiatre : «Frantz Fanon, déchu de la nationalité française, est enterré en Algérie.» Après avoir été contacté cette semaine par CheckNews, le site a modifié la page.

Selon son fils, Olivier Fanon, Frantz Fanon n’a jamais été déchu de sa nationalité par l’Etat français. «Il s’est auto-déchu de facto de manière symbolique en rejoignant le camp du FLN. Ce n’est pas une déchéance au sens juridique du terme», explique-t-il à CheckNews.

Sa lettre de démission de l’hôpital de Blida, où il exerçait comme psychiatre, adressée en 1956 à Robert Lacoste, alors gouverneur de l’Algérie, lui vaut par ailleurs un arrêté d’expulsion du territoire algérien, daté de 1957.

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« Héritages de Frantz Fanon dans les arts et la littérature des Amériques »

Journées d’étude : 15 décembre 2017 (Tours) et 6 avril 2018 (Dijon)

Interactions culturelles et discursives (ICD) – EA 6297 – Université François-Rabelais de Tours

Centre Interlangues – Texte, image, langage – EA 4182 – Université de Bourgogne-Franche-Comté

« Encore un livre sur Fanon ? », s’interrogeait il y a quelques années Lylian Kesteloot dans sa préface à l’ouvrage Frantz Fanon, l’homme de rupture, d’Abdelkader Benarab (2010 : 9). On pourrait en dire autant des présentes journées d’étude autour de la figure emblématique de Frantz Fanon, à la « pensée métamorphique » (Mbembé 2012 : 9), dont l’œuvre « a permis la constitution d’un champ d’études foisonnant, rhizomatique et, aujourd’hui, de portée planétaire. » (Mbembé 2011 : 12) L’universalité et l’actualité de Fanon ne font en effet aucun doute, comme en témoigne l’abondance, en ce début de millénaire, de littérature critique et d’événements qui lui sont consacrés, tant en France qu’en Europe, en Afrique ou dans les Amériques[1]. Cependant, le champ des études fanoniennes présente deux lacunes : d’une part, il ne s’est que minoritairement intéressé à l’impact de la pensée de Fanon dans les arts et la littérature, les lectures sociologiques, historiques ou psychologiques étant largement dominantes.

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Frèw Frantz…

— Par Daniel M. Berté —

Frèw Frantz…
Wou nonm lavayantiz ki disidans alé
Wou épi Mèt Manville ki pati pou lité
Wou ki sé chaltouné ba pèp kolonizé

Frèw Frantz…
Wou flanbo ki kléré konsians lé Felaga
Wou psikiat ki pansé lé nanm an délala
Wou ki pou la Libèté mennen an gran konba

Frèw Frantz…
Wou ki té ni vizion ka touché lorizon
Wou nonm ki travay red ek angagé’w a fon
Wou nonm ki wè lézòt kon nonm an pozision

Frèw Frantz…
Wou ki djérié silex misié Emé Sézè
Wou ki té gid-flanbo lé mas ki an malè
Wou lotè tex fondok gran mapipi matjè

Frèw Frantz…
Baw frèw Frantz Fanon, nonm ka entérojé
Baw frèw Frantz Fanon, bien ba man ka salié
Baw frèw Frantz Fanon lonnè épi respé

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« Sous la dictée de Fanon » de Marie-Jeanne Manuellan

Propos du livre

En même temps qu’il nous introduit à un Fanon proche, familier, ce récit à la première personne nous fait revivre les enthousiasmes et les désillusions d’une femme engagée au service des indépendances.
Marie-Jeanne Manuellan est de cette génération qui a vu dans les luttes de la décolonisation l’héritage de la résistance contre le nazisme et l’espoir d’un monde nouveau. En 1957, elle part en Tunisie avec Gilbert, son mari, pour apporter son concours à la construction de la jeune nation indépendante. Il est ingénieur. Elle est assistante sociale. Elle est nommée au Centre neuro-psychiatrique de jour de l’hôpital de Tunis que dirige un certain docteur Frantz Fanon. Elle ne sait rien de lui. Et les premiers contacts sont rudes. Mais Fanon comprend vite ce que cette femme peut lui apporter. “Je vais avoir besoin de vous” lui dit-il un jour. “Pour écrire un livre”. Et c’est ainsi que Fanon va successivement lui dicter L’An V de la révolution algérienne et Les Damnés de la terre. Une grande amitié naîtra alors entre les Fanon et les Manuellan.

Le dessin de la page de couverture est une œuvre d’Ernest Pignon-Ernest.

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« Frantz Fanon. Traces d’une vie exemplaire » de Daniel Boukman

Lundi 16 janvier à 17 h à la BU Schoelcher

Rencontre avec Daniel Boukman

C’est à l’occasion du 55e anniversaire du décès de Frantz Fanon que le 6 décembre 2016, à l’instigation de l’Association d’Ecrivains Martiniquais en Langue Créole (Krey Matjè Kréyol Matinik), pris en charge par la Collectivité Territoriale de Martinique, un hommage solennel a été rendu à ce digne fils de Martinique. Divers et nombreux ouvrages concernant la vie et l’œuvre de Frantz Fanon, de par le monde ont été publiés…

Frantz Fanon, traces d’une vie exemplaire ne se veut pas un écrit d’un rapport supplémentaire mais vise en une compilation non exhaustive à retracer le cheminement d’un homme dont les actes furent en ligne droite de ses paroles, de ses écrits, semailles confiées aux sillons du Vent.

Daniel Boukman est un écrivain créolo-francophone martiniquais. Il a publié des recueils de poésie en langue créole, des pièces de théâtre en créole, en français, a traduit du français au créole des contes de Perrault et Anders en. Militant culturel, il anime des ateliers d’étude du créole martiniquais et assure sur Martinique 1 ère radio une émission en créole.

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Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

— Par Sonya Faure —

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé. Des textes inédits publiés par La Découverte.

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

Frantz Fanon naît il y a quatre-vingt-dix ans en Martinique, et meurt trente-six années plus tard d’une leucémie, à Washington. Trente-six ans seulement, et Fanon a eu le temps de s’engager contre le nazisme au sein d’un bataillon de la France libre, pour l’humanisation des hôpitaux psychiatriques ou pour l’indépendance de l’Algérie – il rejoint le FLN en 1954. Trente-six ans et beaucoup de textes devenus cultes pour ce psychiatre, figure de la décolonisation. Paru en 1961, les Damnés de la terre devient vite la bible révolutionnaire des luttes anticoloniales et du mouvement pour les droits civiques. Dans les années 80, c’est Peau noire, masques blancs (1952) qui alimente les cultural studies qui questionnent les identités et les représentations raciales. Fanon était, avant tout, lu et célébré dans les pays anglo-saxons.

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Les inédits de Frantz Fanon

— Par Michel Herland —

Fanon Inédits« Nous sommes les uns et les autres trop éloignés de soi-même, trop à la dérive dans les choses… c’est au sein des choses, de l’objet que nous nous retrouverons. »[1]

Frantz Fanon, Écrits sur l’aliénation et la liberté. Textes inédits réunis, introduits et présentés par Jean Khalfa et Robert Young, Paris, La Découverte, 2015, 678 p., 26 €.

Tous les Fanoniens, et au-delà tous ceux qui souhaitent mieux connaître le militant exemplaire de la lutte anticoloniale, le « guerrier-silex » de Césaire[2], vont devoir se précipiter sur un ouvrage désormais indispensable. Ce gros recueil présente les diverses facettes de l’œuvre de Fanon, à l’exclusion de l’homme intime : la médecine psychiatrique, la politique et – plus inattendue – la littérature, puisque il fut aussi, pendant ses années d’étudiant, l’auteur de deux pièces de théâtre (L’œil se noie et Les Mains parallèles). Les textes rassemblés dans ces Écrits ne constituent pas toujours des « inédits » au sens strict : une thèse de médecine est « publiée » et a fortiori les actes d’un congrès médical ou des articles d’El Moudjahid.

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Livraisons : René Maran, Frantz Fanon

rene_maranPar Michel Herland – Les hasards du courrier font atterrir dans notre boite aux lettres deux ouvrages composites, atypiques en tout cas, arborant respectivement sur leurs couvertures les noms de René Maran (1887-1960) et de Frantz Fanon (1925-1961). Deux Antillais, ressortissants de ce qui était encore à l’heure de leur naissance l’Empire français, attirés par la mère Afrique où ils trouvèrent chacun un destin contrasté : les désillusions du colonialisme pour le premier et les illusions de la Révolution pour le second.

René Hénane fut médecin avant d’être césairologue. C’est à ce titre, sans doute, qu’il a voulu sortir de l’oubli un curieux ouvrage de Maran intitulé Asepsie noire ! (1). Le prix Goncourt attribué à Maran pour son roman Batouala (1921) ne lui apporta pas toutes les satisfactions qui vont de pair, ordinairement, avec cette récompense.

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Maryse Condé se livre et se délivre

Maryse Condé : La vie sans fards, Paris, J.C. Lattès, 2012, 334 p., 19 €.

maryse-conde-Par Michel Herland – En plaçant d’entrée ce livre de mémoires sous l’invocation de Jean-Jacques Rousseau et de ses Confessions, Maryse Condé (née en 1937) annonce la couleur. Loin de vouloir dresser pour la postérité une statue à sa gloire, elle livrera aux lecteurs le récit « sans fards » de ses années de jeunesse. Ce livre devrait passionner, au-delà des admirateurs de l’auteure de Ségou (publié en 1984), les Africains, sans parler de tous les Européens ou Antillais qui, comme elle, ont laissé une part d’eux-mêmes sur « le continent ». C’est pourtant en Haïti que ces nouvelles confessions ont fait le plus de bruit (1) quand il est apparu que le père de Denis, le fils aîné de M. Condé, né en 1956, n’était autre que Jean Dominique (1930-2000), une figure de la résistance contre les Duvalier, coupable d’avoir abandonné Paris et sa jeune maîtresse passionnée lorsqu’il apprit qu’elle était enceinte de ses œuvres.

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«Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée»

André Lucrèce publie et répond à e-Karbé

Source: e-Karbé

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Le cinquantième anniversaire de la mort de Frantz Fanon donne aujourd’hui lieu à nombre de rencontres autour de son œuvre et de ses idées. André Lucrèce, sociologue et écrivain martiniquais, publie un essai, Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée, afin de dénoncer «l’oubli inconcevable qui frappe la pensée de Frantz Fanon». Parmi les objectifs de cet ouvrage, la nécessité affirmée de l’auteur de ramener la philosophie de Fanon au centre des débats et ainsi de les nourrir au moyen d’arguments tirés de l’analyse de ses écrits. S’intéresser de près aux discours, à la pensée et aux récits de Frantz Fanon en vue, principalement, de mieux appréhender «la réalité antillaise». André Lucrèce, dont les recherches portent principalement sur les phénomènes liés à la modernité dans les sociétés antillaises, propose, avec Frantz Fanon et les Antilles – L’empreinte d’une pensée, une nouvelle réflexion sur l’œuvre du penseur engagé. Il répond aux questions d’e-Karbé.

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