Catégorie : Arts de la scène

Raoul Peck : « Connaissez votre histoire, organisez-vous et battez-vous ! »

— Entretien réalisé par Laurent Etre —

Raoul Peck, né le 9 septembre 19531 à Port-au-Prince, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma haïtien.

Nominé en janvier 2017 pour l’Oscar du meilleur documentaire pour I Am Not Your Negro, il a notamment réalisé Lumumba, un film inspiré de l’histoire de Patrice Lumumba et son rôle dans l’indépendance du Congo. En 2014 Arte a diffusé Meurtre à Pacot, un huis clos époustouffant sur fond de lutte de classes dans Port-au-Prince ravagé par le séisme de 2010.  Il a également été Ministre de la Culture de la République d’Haïti de 1995 à 1997. Le cinéaste est l’actuel président de la Fémis depuis janvier 2010.

 

Avec le Jeune Karl Marx, le cinéaste engagé nous montre une pensée émancipatrice se forgeant au cœur de l’action politique pour changer le monde. Son film sera projeté en avant-première dimanche matin.

Comment est née l’idée de ce film, le Jeune Karl Marx  ?

Raoul Peck Au départ, c’est Pierrette Ominetti, d’Arte, qui m’a sollicité. Je n’aurais jamais osé proposer moi-même à une télévision française de faire un film sur Marx.

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La cicatrice dorée du vase japonais

— Par Alain Nicolas —

La fiction réparatrice d’Émilie Notéris. S’appuyant sur une démarche venue des « queer studies », Émilie Notéris travaille sur le matériau des séries et films de science-fiction pour proposer une autre approche de l’imaginaire social.

Il est une confusion à éviter sur le titre de cet essai : le mot « réparatrice » ne doit pas faire croire qu’il s’agit d’une nouvelle reprise du thème de la fiction comme pratique de consolation d’une identité aliénée, où, pour employer un mot à la mode, de « reconstruction » d’une personnalité traumatisée. La fiction comme pansement n’est pas le sujet d’Émilie Notéris(*), qui situe son propos, à partir des « Cultural Studies », plus précisément des études queer qui visent à « déjouer les genres de nos imaginaires ».

S’inspirant de la théoricienne queer américaine Eve Kosofski Sedgwick, elle propose de passer de la fiction paranoïaque à la fiction réparatrice. La première construit un bunker où se mettre à l’abri du pire, toujours certain. Pour la seconde ce qui est fragile peut casser, et l’on peut vivre avec.

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« Black Panther », un film de Ryan Coogler

À Madiana le 11 septembre 2020. Voir les horaires sur le site.

Avec Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o

Dans le cadre de l’hommage rendu à Chadwick Boseman.

Synopsis :
Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

La presse en parle :

Le Parisien par Renaud Baronian
Les producteurs de ce nouveau film Marvel avaient promis de l’inédit : pari tenu. On a en effet jamais vu un superhéros si original, si africain, à la fois ancré dans les traditions de son continent et évoluant dans un univers hyperfuturiste.

20 Minutes par Caroline Vié
Chadwick Boseman peut être fier de sa prestation.

aVoir-aLire.com par Frédéric Mignard
Audacieux dans ses différences, Black Panther traite avant tout de l’humain et donc de l’universel et se fait logiquement une place de choix au panthéon des meilleurs films Marvel sur grand écran.

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Le monde de la haute taille en deuil

Mardi soir alors que la Martinique attendait les premiers effets de l’ouragan Irma, un des tenants de la tradition musicale de la Haute-Taille s’en allait.

Dumanette Alcindor, Lacol pour les intimes ou encore Papa Dèdè pour ses enfants et petits enfants, est décédé à l’âge de 90 ans laissant à ses enfants, particulièrement ses fils la filiation musicale.
 
Accordéoniste du groupe de haute-taille du quartier Morne-Pitault au François, il était réputé pour son jeu particulier qui signait une couleur rythmique et musicale qui lui était propre. Son apport dans la tradition musicale de la haute taille lui valut d’être très souvent sollicité pour animer des bals, des mariages et autres fêtes qui ponctuaient alors la vie des familles ou des quartiers.
 
Il contribua à la valorisation et à la préservation de ce patrimoine culturel en contribuant à la formation de nombreux jeunes et surtout de ses enfants.
 
Il reçut un brillant hommage de la ville du François qui lui remit un trophée en guise de remerciement pour son engagement et son implication dans la culture et la tradition musicale de la Martinique et particulièrement de la ville.

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Le théâtre aux Antilles – un numéro d’« Africultures »

— Par Selim Lander —

Il n’est pas trop tard pour signaler un numéro d’Africultures (trimestriel), numéro double, qui fournit un panorama très complet de la création théâtrale aux Antilles françaises, même s’il ne rend pas compte, par la force des choses, des développements les plus récents puisqu’il fut publié au début de cette décennie. Cette réserve n’empêche pas qu’il constitue encore un instrument extrêmement précieux pour connaître les acteurs du théâtre antillais, toutes les personnes interrogées étant encore en activité. En effet, les entretiens avec ces personnalités du monde théâtral ne sont pas les morceaux les moins intéressants de cette publication qui, davantage qu’un numéro de revue, a toutes les apparences d’un ouvrage collectif (dirigé par Sylvie Chalaye et Stéphanie Bérard).

Sous la signature de la seconde, ce numéro d’Africultures s’ouvre sur une brève histoire du théâtre aux Antilles françaises depuis le XVIIIe siècle (la construction d’un « vrai » théâtre remonte à 1780 à Pointe-à-Pitre, en 1786 à Saint-Pierre de la Martinique) jusqu’à nos jours, avec les péripéties liées à la Révolution française, les tournées des troupes métropolitaines, les premières écritures insulaires, la division entre théâtre populaire et théâtre bourgeois, l’évolution des thématiques de la comédie vers les pièces engagées à partir de l’impulsion donnée par Césaire dans les années 1950 et 1960 : traductions en créole de pièces du répertoire, pièces ressuscitant des figures héroïques de la geste antillaise célèbres ou anonymes, pièces plus intimistes mettant en scène sous une forme ou sous une autre ce qu’il convient d’appeler le « malaise antillais ».

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L’atelier des amateurs de L’Autre Bord Compagnie recrute !

Adulte ou ado, vous souhaitez découvrir ou approfondir la pratique du théâtre, venez nous rencontrer à Fort-de-France pour cette séance d’essai. Après « des exercices de reprise », on échangera autour des attentes de chacun et des objectifs de la compagnie pour cette nouvelle saison…

Rendez-vous mardi 3 octobre 2017 à 18h30.

Les ateliers sont encadrés par Guillaume Malasné et Caroline Savard.

Merci de nous contacter directement par mail ou téléphone pour vous inscrire.

0696 92 47 75 / 0696 81 78 09 / lautrebordcompagnie@gmail.com

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« arts du cirque / pratiques acrobatiques » au gymnase de St François

Après un 1er travail auprès de jeunes danseurs en formation pré professionnelle*, en mars dernier, Métis’Gwa poursuit son action de sensibilisation aux pratiques de cirque.
Avec le soutien de la Ville de Saint-François, l’association Métis’Gwa a pu mettre en place une nouvelle session de formation du 17 au 30 août à destination de 8 danseurs dont 3 artistes de la compagnie Métis’Gwa et 5 jeunes de l’association Correspon’danse . C’est dans un rythme soutenu qu’ils se perfectionnent aussi bien aux techniques acrobatiques au sol qu’aux agrès de cirque comme le trampoline et le mât chinois.
Dans sa réflexion sur la place du cirque dans les territoires d’Outremer et dans le cadre de sa recherche artistique basée sur de nouveaux croisements artistiques avec les arts du cirque, Métis’Gwa invite les élèves de l’association ZIZAK (twirling bâton) à 2 ateliers d’initiation les samedis 19 et 26 août : des techniques de base au sol au portés, en passant par les exercices de confiance, ce sont avant tout des moments de partage et de découverte de soi.
Danse, twirling bâton, pratiques acrobatiques, autant de disciplines qui doivent s’inscrire dans une impulsion vers le cirque contemporain.

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Mort du comédien américain Dick Gregory

Le comédien noir américain et militant des droits civiques Dick Gregory, qui n’hésitait pas à manier l’humour pour dénoncer le racisme y compris devant des publics blancs au temps de la ségrégation, est mort samedi soir à l’âge de 84 ans, a annoncé sa famille.

Dans un message posté sur Facebook, son fils Christian Gregory n’a pas précisé la cause du décès, expliquant simplement que son père, tombé malade le 9 août et hospitalisé le 12, était mort à Washington. Dick Gregory, qui a ouvert la voie aux comiques noirs comme Bill Cosby et Richard Pryor, se produisait dans les grands clubs du pays au début des années 1960 et n’avait pas peur de mettre son public blanc face aux réalités du racisme.

«Un Sudiste tolérant? C’est un type qui va vous lyncher sur un petit arbre», avait-il ainsi lancé, rapporte le Washington Post. Il racontait aussi sur scène, selon le New York Times, avoir tenté de commander dans un restaurant du Sud ségrégationniste. A la serveuse lui disant «nous ne servons pas les personnes de couleur ici», il répondait: «tout va bien, je ne mange pas de personne de couleur.

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Bernard Lagier : héraut du théâtre caribéen francophone contemporain

— Par Axel Artheron —
Lorsque l’on se penche sur les dramaturgies caribéennes francophones contemporaines, force est de constater la vitalité ainsi que la richesse d’un champ qui se définit désormais en parfaite autonomie du champ littéraire. En effet, contrairement aux dramaturgies caribéennes dites « classiques » – il faut entendre par là les œuvres fondatrice du théâtre caribéen francophone qui de Césaire à Placoly, Condé ou Schartz-Bart ont participé à la mise en place d’un répertoire théâtrale en langue française de 1950 à 1990 – qui étaient le fait d’écrivains d’abord consacrés par la littérature avant d’aborder les côtes de l’écriture dramatique[1], ces dramaturgies contemporaines dessinent un archipel de textes et de formes dont la particularité est de circonscrire un champ artistique spécifique. En d’autres termes, l’écriture théâtrale contemporaine relèverait d’une aventure scripturale, esthétique, socio-artistique spécifique et indépendante des schèmes, structures et réseaux de la littérature. Les figures et œuvres de Gael Octavia, Gerty Dambury, Alfred Alexandre, Faubert Bolivar, Guy Régis Junior, Jean Durosier Desrivières, Pascale Anin etc… structurent un système d’écriture répondant à des codes esthétiques propres et des stratégies d’édition, de réception, et de programmation.

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La légende du country Glen Campbell est décédée

La légende de la musique country Glen Campbell, interprète notamment de « Rhinestone Cowboy » et qui a vendu des millions d’albums au cours de sa longue carrière, est décédé à 81 ans, a annoncé sa famille mardi.

« C’est avec le coeur très lourd que nous annonçons le décès de notre cher mari, père, grand-père et légendaire chanteur et guitariste », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Campbell souffrait de la maladie d’Alzheimer.

Le chanteur, habitué à figurer dans les classements des meilleures ventes aux Etats-Unis et au Royaume-Uni dans les années 1960, avait publié en juin son dernier album, intitulé « Adios ».

La grande dame de la country, Dolly Parton a rendu hommage à « l’une des plus grandes voix de tous les temps » sur Twitter. « Je t’aimerai toujours Glen ! ».

A ses débuts Glen Campbell, avait joué pour les stars Elvis Presley et Frank Sinatra et avait accompagné en tournée les Beach Boys lorsque le chanteur Brian Wilson avait pris ses distances avec le groupe pour quelques temps.

Il a également eu sa propre émission à la télévision, « The Glen Campbell Good Time hour », entre 1969 et 1972.

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Fête patronale du Lamentin : « Dynamique plurielle »

Du 8 au 13 août 2017

Le Maire de la Ville du Lamentin vous invite à participer nombreux aux différentes manifestations de la fête patronale du mardi 8 au dimanche 13 août 2017 sur le thème « DYNAMIQUE PLURIELLE ». Attention !!! Ce programme est à titre indicatif et est susceptible d’être modifié.

Au programme :

Mardi 8 Août

+ Place André Aliker

17h : 10ème Relais dévidoir proposé par l’Amicale des sapeurs-pompiers du Lamentin

+ Hôtel de ville

20h30 : Remise des récompenses du relais dévidoir

 

Mercredi 9 Août

+ Morne Cabri

– 8h à 13h : Challenge Big Daddy – Défis sur paddles géants proposé par l’Office de Tourisme. Inscriptions sur place

+ Jardin Maison Pierre Zobda-Quitman

9h à 13h : « Initiation aux arts » proposée par l’Office de la Culture. Atelier arts plastiques, danse modern’jazz, danse urbaine, percussions et fabrication jeux d’antan

+ Place André Aliker

18h30 : Conférence sur le thème « pluies et vents sur la famille martiniquaise – entre clichés du passé et notre réalité d’aujourd’hui » animée par Daniel Milard assisté de Cédric Adrassé. « De nombreux constats de spécialistes sont convergents : La famille martiniquaise a du mal à résister au délitement, au « détricotement » du lien social auquel on assiste aujourd’hui.

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« La Planète des singes : suprématie » de Matt Reeves

A Madiana. Voir les horaires.

de Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn
Genres Science fiction, Action, Aventure
Nationalité américain

Synopsis : Protégés par la jungle, César et les singes sont confrontés à l’armée d’un colonel humain sanguinaire qui cherche à tout prix à retrouver César pour installer la domination des hommes sur les primates. Défaits lors d’un assaut violent, le colonel se déplace en personne dans le refuge de César pour le tuer alors que ce dernier venait de prendre la décision de faire avancer la colonie vers un désert repéré par son fils et son ami Rocket, où les humains ne pourraient plus leur causer d’ennuis. Le Colonel tue le fils de César ainsi que sa femme, épargnant sans le savoir un autre nouveau-né du singe. César tente de le tuer pour cet acte mais n’y parvient pas. Il se lance alors à sa poursuite, aidé par Maurice, Rocket et Luca tandis que la colonie avance vers le désert promis…

La presse en parle :

CinemaTeaser par Emmanuelle Spadacenta
La trilogie préquelle de « La Planète des singes » se conclut en apothéose, avec violence, passion et une faim de cinéma folle.

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Bourgogne : entre résidences et festival, l’expérience réussie de la Bergerie, espace culturel en milieu rural

— Par Dominique Daeschler —

Photos de Christophe Casimir : Alfred et Lucie les coorganisateurs, Mustafa, public et Bergerie, Danse au lavoir

Insolite et roots, le festival de danse contemporaine conduit par les chorégraphes et danseurs Alfred Alerte et Lucie Anceau, à Soffin (Bourgogne, 38 habitants l’hiver) draine de jeunes équipes venues des quatre coins du monde. La Bergerie, bien connue du milieu professionnel, adoptée par la population locale et les vacanciers, est le lieu de résidence (création, ateliers) et de diffusion qui accueille cette 13ième mouture.
La Bergerie ? Au départ la ruine d’un bâtiment d’accueil des pèlerins de Compostelle que le martiniquais Alfred Alerte achète en l’état. Avec la complicité et l’aide des villageois, il se transforme en menuisier, charpentier, maçon, construit une vraie salle de spectacles dans le bâtiment avec régie et grill technique, des chambres, des espaces de repos, une scène en plein air, un espace camping avec douches …La dijonnaise Lucie n’est pas en reste, elle assure l’intendance, l’administration, le relationnel, décore. Ce travail, c’est leurs petites mains et leurs salaires avec la débrouille, les coups de main.

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Les déchirements du spectacle vivant

— Par Valérie de Saint-Do —

Pour la première fois depuis des décennies, la France voit des théâtres fermer et des festivals jeter l’éponge, victimes des restrictions budgétaires et de l’indifférence politique de nouveaux élus pour qui spectacle vivant ne rime plus qu’avec divertissement. Face à cela, la plupart des acteurs installés du spectacle vivant font le dos rond et naviguent entre clientélisme et renoncement. Une enquête parue dans le dernier numéro de la Revue du Crieur disponible en librairie et Relay.

Si l’on ne devait se fier qu’au foisonnement de créations ( théâtrale, musicale, chorégraphique ), la France pourrait passer pour un pays où le spectacle vivant a le vent en poupe. Rien que dans la capitale, la liste des spectacles à l’affiche donne le tournis. Et, dans tout l’Hexagone, rares sont les lieux où l’on se trouve vraiment éloigné d’une scène proposant une programmation de qualité. Une jungle inextricable, où les productions théâtrales coûteuses côtoient les expériences aussi fauchées que passionnées, où le moindre village propose son festival… À première vue, donc, le spectacle est bien vivant en France.

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Un OVNI théâtral : « Mur Mur » de Nicolas Dewynter.

— Par Dégé —
Compagnie Du Oui. Avignon 2017

On sort de là assommé. On a besoin d’en parler. Par petits groupes sur le trottoir… Les gens échangent volontiers à Avignon. Dans les files d’attente trop longues, chacun interroge ou conseille sur ses coups de cœur. Mais pour Mur Mur, il faut prendre une pause avant de courir vers un autre spectacle. Se remettre, essayer de comprendre.
C’est une pièce particulière, à part. D’une violence inouïe. Sur le fond comme sur la forme. C’est bien du théâtre mais sans dialogue, sans monologue. Des phrases de temps en temps. échappées des coulisses ou d’un discours simulé.Ce n’est pas du mime non plus car il n’y a pas de silences. Beaucoup de bruits, d’onomatopées,de musiques hurlantes. Les gestes, les déplacements sans élégance ni souplesse sont saccadésheurtés, mécaniques.Ce n’est ni une comédie ni un drame ni une tragi-comédie et en même temps c’est tout cela.Nicolas Dewynter, l’auteur, « le compositeur de la pièce », la qualifie de «tragédie clownesque ». Il y a des rires, des larmes, des caresses, un jeu, des jeux, de la maltraitance, un mariage, de la peur, de l’amour, des cris de toutes sortes, de la danse…la mort.

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Jeanne Moreau au théâtre, l’essence d’une comédienne exigeante

Par Fabienne Darge

Si le parcours de nne Moreau au cinéma est impressionnant, c’est au théâtre que l’on pouvait sans doute le mieux sentir l’essence d’une comédienne insoumise et exigeante.

Une reine, impériale et libre. Abîmée, blessée et somptueuse tout ensemble… Si le parcours de Jeanne Moreau au cinéma est impressionnant, c’est au théâtre, où elle a débuté et où elle n’a cessé de revenir, que l’on pouvait sans doute le mieux sentir l’essence d’une comédienne insoumise et exigeante. C’est au théâtre que l’on avait sa présence réelle, son corps, son être tout entier et sa voix, cette voix à la fois grave et caressante, ensorcelante, troublante, qui condensait ce qu’elle était.

Une femme absolument libre, seule en scène et qui, par la magie d’une voix, tient le spectateur captif, ensorcelé, c’est ce qu’elle fut dans un spectacle d’anthologie, Le Récit de la servante Zerline, d’après Hermann Broch, par le regretté Klaus Michael Grüber.

Lire aussi : Mort de Jeanne Moreau, grande comédienne et personnalité insoumise

La Moreau y fit sentir comme aucune autre le poids d’une vie de femme et celui du temps.

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« Les assoiffés » de Wajdi Mouawad.

— par Dégé —
Cie québécoise Le bruit de la rouille. OFF Avignon 2017.

Au Canada. Un anthropologue judiciaire, chargé d’identifier un couple d’inconnus repêché quinze ans après sa disparition, découvre qu’il s’agit de proches. Mais son enquête le mène à la découverte de lui-même. Loin d’être morbide, cette pièce qui analyse les causes du désespoir des jeunes propose des antidotes au suicide qui menace tant nos adolescents. « Les Assoiffés » s’adresse aux parents, aux éducateurs, aux enseignants… aux jeunes révoltés également ! En finir avec la vie n’est pas la solution.
L’auteur, Wajdi Mouawad , attire l’attention sur un suicide moins spectaculaire qu’une pendaison, une noyade ou une ouverture des veines : un suicide intérieur. Invisible. Celui qui fait que l’on continue à vivre normalement en apparence. On rit, on chante, on reste bon élève, on devient quelqu’un, respecté, bien inséré dans la société. Par exemple, anthropologue judiciaire. Mais à l’intérieur, au fond de soi, on est mort.Combien parmi nos adolescents, nos très jeunes enfants mêmes, combien parmi nous, adultes, combien de zombies ? Sages, dociles, sans histoires parce que sans vie.

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Bilan du festival d’Avignon : attention fragile !

— par Marie-José Sirach —

C’est dans les jardins du musée Calvet qu’Olivier Py a convié la presse pour le bilan de la 71e édition. Une fréquentation qui accuse un léger fléchissement. Mais l’engouement du public est toujours là.

Que retenir de cette 71e édition ? Des sentiments contradictoires, des moments de joie et de déception, beaucoup d’intensité et de fragilité. Mais c’est beau la fragilité. C’est important. Réhabilitons la fragilité ! Dans un monde « start-upisé », ubérisé, la fragilité crée de l’empathie, du dialogue. Elle nous oblige tous à rester humble, d’où que l’on parle.

Ainsi Robin Renucci. Tous les soirs, il a sillonné les routes du département, avec son complice pianistique Nicolas Stavy. Ils ont joué dans des salles des fêtes, une cimenterie, un centre de formation professionnelle, un collège en zone sensible ou dans la prison du Pontet. Ils ont porté cette « Enfance à l’œuvre » sur des tréteaux, simplement ; donné à entendre les mots de Paul Valéry, Romain Gary, Rimbaud et Proust à des gens qui peut-être ne les avaient jamais lus. Avant chaque représentation, Renucci est allé à la rencontre des spectateurs pour les accueillir, leur souhaiter la bienvenue.

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« L’Avenir dure longtemps » d’après Louis Althusser, adaptation Michel Bernard, jeu Angelo Bison

— Par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017, Théâtre des Doms, 06 => 26/07

Le trio Michel Bernard (adaptation), Thomas Delord (mise en scène) et Angelo Bison (interprétation) fait merveille dans ce seul en scène proposé par Unités/nomade.
C’est d’abord un condensé du texte poignant de Louis Althusser.
Au petit matin du dimanche 16 novembre 1980, Louis Althusser, dans un état de totale confusion mentale, étrangle sa femme sans le vouloir. En fait il était en train de lui prodiguer un massage, selon leur commune habitude, quand il prend brusquement conscience que le regard d’Hélène est fixe et qu’un petit morceau de langue dépasse de ses dents. Crime pathologique, acte délirant. On a aussi parlé de suicide altruiste : emmener l’autre dans la mort, comme il semble bien que Hélène l’y invitait.
Le livre d’Althusser et son adaptation théâtrale représente des tentatives de réponse à la question : pourquoi ? Tout commence par ce passage à l’acte qui échappe à la conscience et reviendra sur cet acte pour terminer. Entre l’ouverture et le final se déroule le récit d’une vie, marquée par un profonde mélancolie.

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« Juste la fin du monde » de Jean-Luc Lagarce. Théâtre du Petit Louvre, Avignon 2017

— par Dégé —
C’est Jean-Charles Mouveaux, le metteur en scène, qui joue le rôle de Louis, le fils prodigue, mort au moment où il va nous raconter son histoire, celle de sa famille.C’est une performance pour les spectateurs d’affronter la langue de Lagarce. Une performance plus encore pour les acteurs de dire ce texte aux infinies répétitions du même mot, d’énumérations, de synonymes, de retour en arrière sur le même. On s’y noye, on perd le fil de l’histoire comme le reproche à Louis son frère Antoine, excellemment interprété par Philippe Calvaire. Jean-Charles Mouveaux s’est donc efforcé à chaque moment, à chaque mot, de donner du sens, de faire varier les intonations, d’enlever les ambiguïtés…Presque trop. L’écriture de Jean-Luc Lagarce est comme ces dessins dont le trait maintes fois repris semble hésiter alors que ses superpositions, maladroites en apparence, esquissent au contraire le mouvement. Les « non/si/peut-être , jamais/tout à l’heure/maintenant » qui se succèdent dans la bouche des personnages expriment moins leurs indécisions que leur désir de rendre compte de la dynamique et de la complexité de leurs pensées.C’est

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« Talents de l’outremer »: prolongation des inscriptions jusqu’au 14 août 2017

Initiée depuis 2005 par le CASODOM, l’opération “ Talents de l’Outremer” distingue, tous les deux ans, des jeunes Français originaires de tous les Outremer , ayant réussi des parcours d’excellence en métropole ou qui y ont enrichi leurs compétences par des formations sélectives.
Par cette initiative, le CASODOM poursuit trois objectifs: rendre visibles les Ultramarins qui se sont illustrés dans des parcours de haut niveau, les promouvoir en modèles susceptibles d’inciter les jeunes à tendre vers l’excellence quel s que soient les obstacles rencontrés, et donner à nos concitoyens une image plus positive de nos Outremer .
Ouverte aux filières manuelles et intellectuelles, la sélection accueille également les talents artistiques dans les domaines du chant, de la danse et de la musique classiques.
Deux catégories sont proposées aux candidats :
Celle des Jeunes talents ,pour les étudiants en fin de cursus, les jeunes diplômés ou les jeunes actifs ayant notablement amélioré leurs potentialités.
Et celle des Talents confirmés , pour les candidats déjà reconnus dans leur domaine professionnel .
Un Comité de sélection composé de personnalités reconnues pour leur expertise dans leurs domaines de compétences désigne les lauréats.

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« Tabula rasa » une création écrite et dirigée par Violette Pallaro

— Par Michèle Bigot —

Ils sont cinq à table. Ou plutôt quatre, car il y a toujours une place vide pour la mystérieuse narratrice. La table est le symbole du cercle familial ; en tout cas, elle représente le lieu de la relation : on y mange, on y parle, on s’y retrouve ou bien on s’y querelle. Au fond, c’est comme un nouveau lieu scénique imbriqué dans le premier, car chacun joue un rôle dans la configuration familiale. Les caractères s’y affirment, les conflits y naissent : la place qu’occupe chacun autour de la table fonde et symbolise son rôle. La mère est près de la cuisine, le père trône en bout de table, et les enfants mâles tentent de se rapprocher de la place du père ou à la lui usurper en cas d’absence. Et les filles, elles ont ce qui reste : variables d’ajustement. Les révoltes et les insurrections commencent à table, lorsqu’il y en a un qui veut changer de place. Pour tout changer ne dit-on pas « renverser la table » ? c’est ce que fera la mère quand elle sera venue au sommet de son exaspération.

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« Is there life on Mars ? » Héloïse Meire, Compagnie What’s up? Théâtre national Wallonie-Bruxelles

— par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017, Théâtre des Doms, 06 => 26/07

Bonne question ! Que sait-on de Mars, en dehors de ce que le nom véhicule de connotations viriles issues de la mythologie grecque ? Et des martiens, ou supposés tels ? Et de l’autisme, que sait-on ? C’est la question que posent les quatre comédiens aux spectateurs avant le spectacle. Munis d’un enregistreur, chacun d’eux choisit quelques spectateurs pour l’interviewer sur ce problème et la réponse des spectateurs fournira l’ouverture du spectacle, réinterprété par les comédiens, installés à une table d’enregistrement. On ne peut s’empêcher de penser qu’entre « autiste » à « artiste » les consonances sont riches. Mais voyons!
D’emblée nous sommes embarqués pour un autre univers : le voyage se fera en lumière, en sons et en images. Le texte ne sera autre que les paroles recueillies des personnes avec autisme, ou de leurs proches. Les acteurs écoutent les montages des interviews qu’ils retransmettent aux spectateurs. La dimension proprement créatrice et artistique est dans cette transposition qui se fait par la voix, le jeu des acteurs, mais aussi par toute une chorégraphie de leurs corps habités par une vitalité surprenante et une force mystérieuse.

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Ibsen Huis-Toneelgroep-In

— par Dominique Daeschler —
Le metteur en scène Simon Stone, pour la première fois à Avignon nous offre une lecture très fouillée de l’univers d’Ibsen sur lequel il a longuement travaillé avec ses acteurs. Ce n’est pas une adaptation mais une transposition du sujet où se mêlent réflexion autobiographique et apport spécifique des acteurs dans la création des personnages. Nous entrons dans la vie ordinaire d’une famille qui se réunit dans une maison de vacances, réalisée sur scène sur un plateau tournant (très beau travail de scénographie de Lizzie Clachan). Par les larges baies vitrées nous avons accès à toutes les pièces : nous voilà voyeurs-violeurs de l’intime, entrant de plein pied dans la pathologie d’une famille du non dit. « Le temps ne fait rien à l’affaire », les générations se succèdent et on continue à se mentir, à se parler s’en s’entendre : inceste, homosexualité, drogue, rapports professionnels pipés où l’on se pique les projets, brouilles, arnaque immobilière….Le spectateur est mis en situation de travailler avec sa mémoire, il est sans cesse en train de refaire la généalogie car le récit n’est pas linéaire.

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« Livret de famille » au théâtre Essaïon

— par Dégé —

C’est parfait, une pièce parfaite, comme on les attend pour se distraire.

Un décor parfait de Olivier Hébert : une mansarde à deux fenêtres donnant sur un toit en zinc où l’on aimerait méditer. Un texte parfait de Eric Rouquette qui signe aussi la mise en scène, tout aussi irréprochable…Des acteurs parfaits : Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem, dans une vraie complicité fraternelle et professionnelle. Un thème innovant celui d’Oedipe mais inversé : Qui à un moment ou un autre ne souhaite, n’a souhaité ou ne souhaitera tuer sa mère ?

Marc est un écrivain raté, un homme à la vie ratée non parce qu’elle lui aurait échappé car il prétend la diriger. Avec cet objectif : réussir ses échecs. Quoi alors de supérieur à un matricide ? A moins que sous son aspect bourru…?

Son plus jeune frère, lui, à toutes les apparences de la réussite sociale : cadre compétitif, père de famille modèle, mari aimant toujours sa femme qui l’a préféré à son aîné…serait-ce l’origine de la tension entre les deux frères ? Les ambiguïtés sont nombreuses dans leur relation et objet de nombreux rebondissements dans la pièce.

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