Carburants : quand l’exigence de transparence rime avec défiance.

— Tribune de l’Association Force Ouvrière Consommateurs (AFOC) —

raffinerieLe gouvernement a élaboré un projet de décret sur la fixation des prix des carburants qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2014.

Ce projet va diminuer la marge des compagnies pétrolières.

Ces dernières s’arrogent le droit régalien de s’opposer au décret du ministre jugé « politique » et sur l’air « NE TOUCHE pas à mes marges » ont engagé un bras de fer avec le ministre LUREL « qui ne les écoute pas » et en appellent au Premier ministre.

L’objectif inavoué est de préserver leur bénéfice et de répercuter la baisse autoritaire sur les marges des gérants des stations-service, véritables amortisseurs de crise et alliés contre nature avec les pétroliers.

Qui se rappelle de l’arrêt cuve pétrolière, une sanction très lourde prononcée en son temps par le conseil de la Concurrence à l’encontre des pétroliers et de leurs pratiques sur les gérants « dits libres », d’être asservis. Une première, qualifiée par ces derniers, d’odieuse atteinte à la liberté contractuelle.

Par répercussion , les gérants, « dits libres » disent être obligés de licencier les pompistes en vue de passer à l’automatisation pour maintenir leurs marges.
Chantage à l’emploi, entente cordiale entre pétroliers et gérants qui ont décidé de mettre en lock -out les stations services des Antilles-Guyane pour une durée illimitée. Initiative conjointe qui ressemble à s’y méprendre à une entente concertée restreignant la diffusion du progrès économique et social

Les gérants Antillo-Guyanais protestent contre les menaces sur l’emploi des pompistes.

Les pétroliers ont le pouvoir de fixer elles mêmes le niveau des marges des gérants des stations…!!!

Pourquoi encore évoquer des « gérants libres » ?

L’ AFOC exige que l’Observatoire des Prix, des marges et des Revenus, se penche sur les prix, les marges et les revenus des acteurs de la filière

Ce sont sur les marges en amont que se trouvent d’importantes variables d’ajustement.

Des marges de 9% contre 15 à 20% actuellement .

Fixation autoritaire du prix du jet fuel ( Kérozène) pour orienter à la baisse le prix des billets d’avion, suite aux condamnations du conseil de la concurrence.

L’autorité de la concurrence, autorité indépendante a rendu, en novembre 2013, un avis favorable sur le décret.

Baisse des prix, c’est l’objectif attendu par l’autorité de la concurrence depuis son avis de 2009.
Terrible constat les prix hors taxes réglementés sont de 30% plus chers qu’en France hexagonale malgré une fiscalité plus favorable.

Les mesures injustes ont déjà provoqué plusieurs grèves à La Réunion aux Antilles et en Guyane.

Après 2009, les pétroliers ont saisi les tribunaux et ont obtenu gain de cause, les contribuables ont donc indemnisé les pétroliers dont certains et pas des moindres ne paient que peu d’impôts,… c’était hier.

Il faut demander aux automobilistes et aux représentants des consommateurs ce qu’ils en pensent ?

Pas une once de temps de concertation ne leur a été offerte.

L’AFOC demande au ministre Benoît Hamon d’inscrire de toute urgence à l’ordre du prochain CNC ( Conseil National de la Consommation) les projets de décrets et les études menées sur les modalités de fixation des prix pétroliers dans les DOM.

A l’alliance contre nature des pétroliers et des gérants « libres » l’AFOC dénonce une manipulation grossière qui a pour effet immédiat de bloquer l’économie insulaire, une atteinte inqualifiable à la liberté d’aller et venir et un ukase digne de la standard oil.

Quand l’exigence de transparence rime avec défiance.

Les pétroliers derrière leur façade de verre poli ne veulent pas de la transparence sur les profits dégagés par les différents intermédiaires depuis l’extraction du pétrole jusqu’à son arrivée dans les départements.

A La Réunion, le projet de décret fait peser les mêmes menaces et la SPP (équivalent de la SARA) est sur les dents. Elle n’a toujours pas digéré la condamnation du conseil de la concurrence, qui avait sanctionné les pratiques et enjoint de décartéliser. Les compagnies pétrolières en situation dominante ne peuvent exploiter directement les stations. Toutes les stations-service sauf 6 sont la propriété des compagnies pétrolières

Considérant la situation de monopoles et/ou de duopoles, les prix doivent être règlementés et les marges fixées en valeur absolue.

Au titre de la transition énergétique, la mise en circulation des véhicules hybrides et électriques constituent l’enjeu majeur alternatif à la toute puissance des pétroliers. Egalement la mise en autorisation de commerce de carburants en dérogation aux normes euro-oil permettant de s’approvisionner dans la zone caraïbes

L’AFOC saisira tous les niveaux utiles sur cette question et notamment le Conseil Economique Social et Environnemental Régional (CESER).

A Mayotte, Total emploie 150 salariés répartis dans les unités d’importation de stockage et de distribution.

La concentration verticale et l’absence de concurrence rien de mieux pour conforter la rente, en 2012 : 6,2 millions de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 52 millions et pour l’autre sociétés 4,5millions de bénéfices pour 36,5 millions de résultats.

5000 flyers reprenant la lettre de l’intersyndicale des gérants des stations-services de l’outre-mer contre le décret sont distribués par de superbes créatures dans les stations mahoraise, chez TOTAL On n’y vient plus par hasard.

La marge des pétroliers entre 14 et 21% sera compressée , celle des gérants ne sera pas touchée.

Mais alors pourquoi ce tintamarre ?

Qui carbure pour le consommateur ?