Calypso Rose, joyeuse insoumise

L’auguste et frondeuse gouailleuse de Trinidad bientôt à Bourges et à l’Olympia

— Par Fara C. —

Chapeau bas à Banlieues bleues d’avoir braqué les feux sur Calypso Rose en 2016, lors de deux concerts exclusifs. Et bravo au label Because Music d’avoir sorti le CD Far From Home, avec la complicité de Manu Chao, coproducteur et interprète sur trois morceaux. À 76 ans, la chanteuse trinidadienne vient de remporter la victoire de l’album du monde. En 1972, elle était la première artiste femme à être couronnée reine du calypso au carnaval de Trinidad. Cette distinction lui sera décernée à diverses reprises. Ce qui lui vaudra le surnom de Calypso Queen. Avec huit cents chansons et trente albums à son actif, elle a imposé au monde son art de conjuguer sujets sociaux et appels à la danse. Calypso Rose incarne une femme libre, qui synthétise en elle la fronde d’une Miriam Makeba et la sensuelle irrévérence d’une Cesaria Evora. Le CD a le mérite d’inclure un livret avec détails éditoriaux et paroles (en anglais). No Madame dénonce, sur un rythme entraînant, la dure condition imposée au personnel de maison. Quant au titre Abatina, il fustige les violences faites aux femmes. Sa version originale figure par ailleurs dans le CD-DVD Pan ! The Steeldrum Odyssey (Because-World Village/Pias), captivante anthologie recelant un livret des plus instructifs. Le film du DVD, dont le CD est la bande-son, narre l’odyssée du steeldrum, ou steelpan, rejeton trinidadien du tambour transmis par les esclaves et né dans les quartiers pauvres de Port-d’Espagne. Sa facture, recourant au bidon de 200 litres de pétrole, remonte à 1947. Ses inventeurs ont su étirer, buriner le métal, sculpter chaque note avec une précision d’orfèvre, au point de pouvoir tout jouer, même du Bach. Quelle splendide revanche du génie populaire !

Fa. C.
Le 21 avril, au Printemps de Bourges ; le 12 mai, à l’Olympia.

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