Bethléem : la guerre sans fin

BethléemPar Selim Lander – « L’occupation (de la Palestine) ou la sécurité, vous n’aurez pas les deux à la fois ». Tel est le message envoyé aux Israéliens, via Al Jazeera, par le terroriste palestinien Ibrahim. Ce dernier a un jeune frère, Sanfur, qui a été retourné par un agent secret israélien, Razi. Entre ces deux-là se sont nouées des relations affectives – réciproques – très fortes (à en croire le cinéma, le film Omar par exemple, les services secrets israéliens seraient très doués pour ce jeu-là). On voit toute la richesse d’une situation dans laquelle les deux principaux protagonistes (Sanfur et Razi) se trouvent pris entre des fidélités contradictoires, chacun devant à la fois protéger son ami et demeurer loyal envers son camp. De tels dilemmes ne se tranchent jamais de manière satisfaisante (ou il y faut beaucoup d’artifice comme dans le Cid de Corneille).

Le film, israélien, n’est pas à proprement parler un film politique car il ne présente pas une analyse de la situation qui rendrait un côté responsable (ou plus responsable que l’autre). Il y a deux camps en guerre, des hommes qui se battent pour une cause qu’ils n’ont pas choisie mais qui s’est imposée à eux. On ne sait ni pourquoi, ni comment. En tout cas le film ne le dit pas. Les combattants du côté palestinien sont divisés entre partisans du Hamas et d’autres dont l’allégeance n’est pas bien claire (ils ne montrent aucun respect envers l’autorité palestinienne et le Fatah). Ils ne travaillent pas, sont souvent à court d’argent, les susceptibilités sont exacerbées. Les soldats israéliens sont des machines de guerre apparemment insensibles à l’hostilité déclarée de tout le peuple palestinien au milieu duquel ils montent des opérations comme si la frontière n’existait pas. Les agents du service secret, ne pensent, eux aussi (en dehors de Razi), qu’à se montrer efficaces. Il y a donc quand même un message dans ce film : la guerre est mauvaise, la guerre déshumanise. Un constat plutôt banal mais désespérant, dans ce cas, car aucune sortie du conflit ne semble possible.

Le film a été visiblement réalisé (par Yuval Adler) avec peu de moyens, sans que cela lui nuise, au contraire. Une poignée de comédiens (les autres personnages étant des comparses), une seule scène « d’action » (la capture d’Ibrahim) réduite à quelques combattants : c’est suffisant pour rendre crédible une histoire dans laquelle la psychologie tient la plus grande part.

Le CMAC à Madiana, les 7 et 15 avril 2014.

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