Arte érige un pont salutaire entre les peuples

— Par Claude Baudry —

arteLa chaîne franco-allemande continue, et c’est heureux, de se démarquer de la production des autres chaînes. Elle poursuit une politique de programmes exigeants et inventifs.

Au moment où les peuples européens se replient sur eux-mêmes, la chaîne culturelle franco-allemande Arte cultive sa spécificité d’ouverture au monde et entend se donner « les moyens de faire vivre cette Europe de la culture dont nous avons tant besoin », selon les mots de Peter Boudgoust, président d’Arte GEIE. Véronique Cayla, la présidente d’Arte, a souhaité, hier, en présentant la rentrée 2016 au Grand Palais à Paris, qu’Arte « soit moins docte et plus accueillante », « plus en prise avec le monde contemporain et plus en phase avec l’actualité ». Essentiel à ses yeux au moment où « en cette période troublée la barbarie frappe nos deux pays ».

Véronique Cayla a réaffirmé les engagements d’Arte « face à la banalisation mondiale de la production ». Arte s’inscrit dans le cadre d’une « Europe des peuples et des valeurs », citant les mots intégration, métissage et mixité. Elle a jugé que « la culture est encore trop souvent un outil de reproduction sociale ». Et les programmes dévoilés attestent de cette volonté pour les mois à venir. « Ne laissons pas le foot être le seul vecteur de lien social », a-t-elle lancé, dénonçant au passage la montée en puissance des géants de l’Internet « à l’appétit féroce » qui fabriquent « des individus algorythmés ».

Côté fiction et série, la diversité s’affiche avec une saga dans l’Inde des années 1930, des séries policières comme Cannabis ou Norskov, des séries fantastiques comme Au-delà des murs. Et des unitaires (le vendredi soir) qui augurent du meilleur. Ainsi, après la Journée de la jupe, où elle incarnait une prof, Isabelle Adjani devient Carole Matthieu, médecin du travail confrontée aux méthodes managériales brutales d’une entreprise dont les employés sont en pleine souffrance. On suivra aussi le plus léger Damoclès avec Manu Payet et le Passe-Muraille (présenté au Fipa en janvier dernier) avec Denis Podalydès et Marie Dompnier (les Témoins).

Sans entrer dans le détail d’une offre alléchante, citons une série documentaire de 4 heures, les Années Obama, un film d’Yves Jeuland sur Michel Piccoli ou des cycles Visconti et Lelouch. Et on ne vous dit pas tout.
Claude Baudry
Journaliste
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