Aléas climatiques : plus d’un an après l’ouragan Maria, les oubliés de la Dominique

— Par Rémi Barroux —

[…]Entre océan Atlantique et mer des Caraïbes, la petite île de la Dominique est en première ligne des offensives des ouragans et des tempêtes tropicales. Alors que 196 États étaient réunis jusqu’au 15 décembre à Katowice (Pologne) pour la conférence mondiale sur le climat (COP24) afin de tenter de juguler le réchauffement planétaire qui démultiplie les aléas climatiques, la voix des populations victimes peine à se faire entendre.

Régulièrement, les 73 500 habitants de l’île voient pourtant leurs habitats et leur patrimoine naturel détruits, des dizaines de vies emportées. Le paysage reste marqué par le passage de l’ouragan Maria qui avait soufflé dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017, ses vents soufflant à plus de 320 km/h dévastant la Dominique à plus de 70 %, et faisant 67 morts ou disparus. En 2015 déjà, la tempête Erika avait fait 31 morts et des dizaines de disparus ; en 1979, le passage de David avait causé la mort de 56 personnes.

Sur l’île, qui peine à se reconstruire plus encore que ses voisines des Antilles françaises ou néerlandaises, tous les habitants ne sont pas égaux devant le malheur : au nord-est de la Dominique, la plupart des Kalinagos, le dernier peuple amérindien de la région caribéenne, vivent dans un dénuement qui confine à la grande pauvreté.
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« Nous sommes une population très pauvre, les plus pauvres parmi les pauvres, la grande majorité vit avec des aides sociales. » Assis sur la terrasse de sa maison en parpaing, située au bas du vallon Willi Gouti, au-dessus de l’océan Atlantique, non loin de Salybia, le principal bourg kalinago, Charles Williams, le chef de cette communauté d’environ 3 000 à 4 000 personnes, énonce imperturbablement les difficultés rencontrées : chômage, habitat précaire, activité économique en berne…
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Alors que les rafales frappent la côte occidentale de la Dominique, l’homme, 67 ans, jean, tee-shirt blanc et chapeau de cuir sur la tête, explique que le passage régulier des ouragans ne fait que renforcer la précarité de ce peuple, qui habitait les îles de la région, jusqu’aux Antilles françaises, lors des siècles derniers. En septembre 2017, gommiers, bananiers, manguiers, arbres à pain, ont tous été durement secoués. Les cocotiers du littoral ont perdu leurs couronnes. Et la canopée des forêts, qui occupent la majeure partie du territoire, a disparu. Les plages restent jonchées de troncs rejetés par les flots….

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Photo : Charles Williams, le chef de la communauté kalinago, sur l’île de la Dominique, exploite une terre en polyculture : bananes, papayes, gingembre et oranges. Laurent Bayly pour Le Monde