« Aimé Césaire (1913-2008) : l’écrivain et l’homme politique »

Colloque le 17 avril 2018 à la C.T.M.

La pierraille sommeilleuse
Ne dépare pas le pur visage de l’avenir
Bâtisseur d’un insolite demain
Que ton fil ne se noue
Que ta voix ne s’éraille
Que ne se confinent tes voies
Avance
Aimé Césaire, Parole due.

Ce colloque a pour objectif de nous permettre d’approfondir nos connaissances sur notre histoire et nos littératures contemporaines, l’écriture, la pensée, les choix et l’action d’Aimé Césaire, écrivain majeur du XXè siècle, député-maire de Fort-de-France, personnalité qui a marqué la vie politique et culturelle en Martinique dans la deuxième moitié du XXè siècle.

Etudier, expliquer, porter des éléments d’analyse et de compréhension, afin de continuer notre cheminement et rendre nos sociétés meilleures.

Programme du colloque

 .8h30 : Accueil

9h00 : Discours de bienvenue

9h15-9h35 : André LUCRECE, écrivain, docteur en sociologie : « La racine et l’arbre, aux origines de la pensée d’Aimé Césaire »

L’objectif de cette communication est d’appréhender la pensée d’Aimé Césaire à partir de deux éléments qui ont un statut conceptuel : la racine et l’arbre. C’est à partir de ces deux éléments que Césaire déploie sa conception de l’identité et sa critique de l’assimilation qu’il considère être responsable d’un déracinement. Toute la théorie, la symbolique et la poétique d’Aimé Césaire découlent de la végétalisation de l’Homme à laquelle il confère un statut de modèle. Il s’agira d’analyser également les critiques qui considèrent cette conception de l’identité comme une essentialité, voire comme un pathos tellurique et lui préfère l’identité rhizomatique, quand cette dernière repose, elle-même, sur une défaillance conceptuelle.

 9h35- 9h50 : Débat

9h50-10h10 : Romuald FONKOUA, professeur Paris IV – Sorbonne : «La poésie, la passion et l’action. Retour sur les rapports entre Césaire et le PCF.»

10h10- 10h30 : Débat

 10h30-10h45 : Pause

10h45-11h00 : Aliou CISSE, comédien

11h05-11h25 : Richard CHATEAU-DEGAT, professeur certifié au département d’Histoire, Campus de Schoelcher (Martinique), Université des Antilles : « Césaire, un moment de la construction identitaire antillaise »

C’est à Paris qu’en 1934, la revue «l’Etudiant noir», révèle la prose poétique du jeune et déjà talentueux Aimé Césaire. « Les jeunes Nègres d’aujourd’hui ne veulent ni asservissement ni assimilation, ils veulent émancipation… ». Notre propos sera, cependant, de montrer à quel point cette idéologie «césairienne» s’inscrit bien dans un processus de réhabilitation du Noir, largement engagé dans sa société martiniquaise d’origine.

11h25-11h45 : Jean-Pierre SAINTON, professeur d’histoire contemporaine, Université des Antilles : « L’émergence d’Aimé Césaire en politique (1943-1946), les contours d’une pensée de l’action politique ».

On étudie plus généralement l’homme de Lettres et assez peu la pensée de l’homme politique en dehors de quelques grands textes bien connus comme le « Discours sur le colonialisme ». Des interprétations contradictoires persistent quant à l’analyse de la pensée de Césaire, notamment au regard de ses positionnements successifs.

La contribution s’efforcera, en confrontant les textes disponibles, de proposer une lecture de la pensée politique propre d’Aimé Césaire au début de son engagement politique, à la Libération de la Martinique (1943-1946).

 11h 45-12h15 : Débat

 12h30-14h30 : Pause déjeuner

14h30-14h50 : Cécile BERTIN-ELISABETH, doyenne de la faculté des Lettres, Université des Antilles, et Christian BERTIN, plasticien : « Dialogue autour de l’oeuvre du plasticien Christian Bertin »

14h50-15h10 : Débat

15h10-15h30 : Lambert-Félix PRUDENT, professeur de Sciences du Langage, Université des Antilles : « Césaire dans son utilisation poétique et politique des langues »

« … Et c’est un noir qui manie la langue française comme il n’est pas aujourd’hui un blanc pour la manier … »

Complexité symbolique des langues chez Aimé Césaire

La déclaration d’André Breton sur le maniement de langue d’Aimé Césaire n’a pas manqué d’effet. Frantz Fanon, tout en déclarant qu’il n’y voit aucun paradoxe, en fait pourtant un point nodal de la mentalité clivée du colonisé : « Le Noir Antillais sera d’autant plus blanc (…) qu’il aura fait sienne la langue française ». Par la suite, Lilyan Kesteloot, Emile Yoyo et bien d’autres ont tenté, chacun à sa manière, d’établir une corrélation entre ce français exceptionnel et l’absence ou la faible présence du créole dans l’oeuvre.

Jusqu’où peut-on dire la poésie de la Martinique sans user du créole ? Reprenant le débat du bilinguisme en littérature, notre contribution pose que les Martiniquais pratiquent créole et français dans des stratégies beaucoup plus complexes que la simple alternance prédite par la diglossie canonique. Avant toute condamnation d’élitisme français dû à la créolophobie, il convient donc d’étudier le détail des textes et de s’attarder aux positions linguistiques défendues par l’auteur.

15h30-15h50 : Débat

15h50-16h15 : Corinne MENCE-CASTER, professeure des Universités, Paris IV-Sorbonne : « La généalogie de la Négritude, Aimé Césaire face aux « penseuses » de la « conscience noire »

Il s’agit dans cette communication de replacer l’idéologie de la Négritude dans la généalogie féminine qui a contribué à son émergence et à son expansion, en mettant en évidence l’effervescence intellectuelle de celles que nous avons choisi d’appeler les « penseuses de la conscience noire » et qui, des Antilles aux Etats-Unis, ont forgé des idées et ont défendu des valeurs qui ont façonné cette idéologie. Nous chercherons également à réfléchir aux mécanismes qui ont participé de l’invisibilisation de ces penseuses et aux entreprises menées pour leur redonner la place qu’elles méritent, au sein de cette histoire de la pensée de la Négritude.

 16h15-16h35 : Débat

 16h40-17h00 : Clôture

 Exposition « Aimé Césaire, Poésie et Politique » (Conçue par les Archives de Martinique en 2013, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Aimé Cesaire)

 

Du 16 au 21 avril 2018 : Agora Frantz-Fanon – CTM