Ahmad Jamal pianiste et marseillais de cœur

— Entretien réalisé par Fara C.—

L’humble et radieux maestro, Ahmad Jamal (au centre), entouré par le charismatique slameur poète Abd Al Malik, et la chanteuse Mina Agossi. Pour un acte de partage musical et humain inoubliable. Valéry Duflot.

En prélude au Festival Jazz des cinq continents, et bientôt à Jazz à Vienne, le pianiste de génie présente le radieux CD Marseille. Entretien avec ce géant du jazz et son invité Abd Al Malik.

En avant-première du fameux Festival Jazz des cinq continents de Marseille (FJ5C), le pianiste et compositeur culte américain Ahmad Jamal, bientôt 87 ans, d’une créativité sémillante, a présenté son nouvel album, Marseille, lors de deux concerts dans un Opéra de Marseille archicomble, où le festival avait convié 300 jeunes des quartiers dans le cadre d’actions culturelles. Aux côtés de l’humble et radieux maestro, son triangle d’or (le contrebassiste James Cammack, le batteur Herlin Riley et le percussionniste Manolo Badrena), le charismatique slameur poète Abd Al Malik, et, avec la grâce d’une princesse yoruba, la chanteuse Mina Agossi. Pour un acte de partage musical et humain inoubliable.

Quelle est la genèse de Marseille  ?

Ahmad Jamal À l’âge de 86 ans, j’avais pris la décision, en 2016, de me retirer. Je ne souhaitais plus me produire ailleurs qu’en mon lieu de concert favori : ma maison, en Nouvelle-Angleterre. Seydou et Catherine Barry, mes collaborateurs, m’ont rendu visite et convaincu d’enregistrer ce disque. La sortie de l’album Marseille ayant lieu le 9 juin, ils ont mis sur pied, avec le Festival Jazz des cinq continents de Marseille, ces deux récitals à l’Opéra. Pour moi qui n’aime pas user du mot jazz et préfère parler de musique classique américaine, jouer à l’Opéra de Marseille était une formidable idée et s’est avéré une magnifique expérience.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’inviter Mina Agossi et Abd Al Malik ?

Ahmad Jamal Abd Al Malik est venu chez moi en Nouvelle-Angleterre. J’ai aussitôt été frappé par sa présence, dense, positive. Quant à la lumineuse Mina Agossi, elle a été la première à lire mon poème et l’a traduit. Par la suite, quand l’idée du disque a fait son chemin, j’ai trouvé que, dans un monde marqué par les frontières et les barrières, c’était un beau symbole qu’un natif de Pittsburgh, comme moi, et deux Français d’origine africaine se rassemblent pour un acte de création. Je dis souvent que l’action parle plus fort que les mots…

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Trois versions de Marseille

Avec son album Marseille, Ahmad Jamal, une fois de plus, révèle son génie créateur en livrant notamment trois versions, chaque fois réinventées, du titre éponyme : l’une instrumentale, une deuxième slamée par Abd Al Malik et la troisième chantée par Mina Agossi. Chaque note recèle un sens profond. En témoigne aussi la reprise de deux standards. Ce minimalisme éminemment fécond fascinait Miles Davis. Comme éclairé de la lumière provençale, l’album irradie une paix qui rallume les étoiles. Ahmad Jamal, CD Marseille (Jazzbook Records – Jazz Village/Pias), http://www.ahmadjamal.com/.