7 février : symbole du refus de la dictature

— Par  Danièle Magloire —
duvalier_pere_&_filsLe 7 février 1986, date de la chute de la dynastie Duvalier, est l’aboutissement de longues et terribles années de lutte qui ont emporté des milliers de compatriotes.
Après la brutale répression du 28 novembre 1980, qui a particulièrement ciblé la presse, les populations sont à nouveau mises hors jeu. La flamme de la résistance est ravivée en 1984 par les jeunes, en particulier ceux de la ville des Gonaïves, qui expriment leur rejet de la présidence héréditaire et du pouvoir absolu qu’elle implique: « A bas la misère à vie! A bas le chômage à vie! A bas la torture! A bas la dictature! » C’est l’indignation d’une jeunesse meurtrie qui porte les derniers coups de butoir à un régime qui ose encore transformer la seule bibliothèque d’une ville en caserne pour les tontons macoutes.
Le refus de l’impunité, pour l’assassinat de trois écoliers ─Jean-Robert Cius, Makenson Michel, Daniel Israël─ tués lors des manifestations du 28 novembre 1985 dans la ville des Gonaïves, est le fer de lance de la contestation qui embrase les jeunes à travers le pays.  « Qu’on arrête, juge et condamne, à la fois les criminels qui ont assassiné les trois jeunes et celui qui a donné l’ordre de tirer sur le peuple, même si c’est une des plus hautes autorités de l’État. »
Ces jeunes aspiraient à ce « qu’enfin le duvaliérisme soit à jamais déraciné.»
Vingt-huit ans après cette victoire sur la terreur et l’obscurantisme, il faut à nouveau faire front pour contrecarrer le retour officiel du duvaliérisme et la volonté de garantir l’impunité à ceux qui ont imposé le silence et fait régner la peur; Ceux là même qui ont sciemment organisé l’infernale machine à avilir, torturer, assassiner, violer, disparaître, exiler, déposséder, siphonner. On veut faire croire à la jeunesse d’aujourd’hui que la soit disant révolution duvaliériste était porteuse de liberté, d’épanouissement et de progrès. On tente de travestir l’histoire en prétendant que ce régime ─ancré dans l’arbitraire, la brutalité féroce, l’oppression, le culte de la personnalité, la domestication des institutions et la terreur─ n’avait rien de particulier.
Continuer à refuser l’inacceptable est un choix que le Collectif et bien d’autres, ici en Haïti et ailleurs, ont résolument fait. Au nom de la vérité et de la justice. En mémoire des innombrables victimes. En hommage à la résistance de tous ces jeunes qui, durant ces 29 ans de dictature, sont généreusement montés au front pour la liberté. Refuser l’inacceptable, c’est faire vivre l’esprit du 7 février.
Le duvaliérisme a été une tragédie pour Haïti! L’impunité ne peut-être le destin d’Haïti!

Port-au-Prince, le 7 février 2014

Danièle Magloire
Coordonnatrice