50e anniversaire du 1er Congrès International des Écrivains et Artistes Noirs

Biographies


Intervenants au Congrès de 2006 pour le 50e anniversaire du 1er Congrès International des Écrivains et Artistes Noirs (Programme de la matinée)

* M. René Depestre
* Mme Yandé Christiane Diop
* M. Henry Louis Gates, Jr.
* M. Edouard Glissant
* M. Jean-Robert Pitte
* M. Maurice Quénet
* M. Noureini Tidjani-Serpos
* M. Wole Soyinka

 

René Depestre

René Depestre est né en 1926 à Jacmel (Haïti). A dix-neuf ans, il publie ses premiers poèmes Etincelles. Opposant au régime du dictateur Lascot, il joue un rôle dans sa chute en 1946, mais est contraint à l’exil par la junte militaire qui prend le pouvoir.

Il séjourne plusieurs années à Paris où il entreprend des études de lettres à la Sorbonne et de sciences politiques. Après un périple agité en Europe et en Amérique du Sud (Chili, Argentine, Brésil), ballotté d’une rive à l’autre de la guerre froide, il passe près de vingt ans à Cuba. En 1978, il rompt avec la révolution de Fidel Castro et s’installe définitivement en France. Il obtient avec sa famille la nationalité française en 1991. En 1979, il entre au secrétariat de l’UNESCO, d’abord au cabinet du directeur général M. M’Bow, ensuite au secteur de la culture (programmes de création artistique). Il fait valoir son droit à la retraite en 1986 et se retire dans l’Aude pour se consacrer à la littérature.

René Depestre a écrit de nombreux recueils de poèmes (ses œuvres poétiques complètes paraissent chez Seghers à l’automne 2006). Sa dernière plaquette, Non-assistance à poètes en danger, a paru en 2005, avec un préface de Michel Onfray. Il est aussi l’auteur d’essais : Bonjour et adieu à la négritude (1980), Ainsi parle le fleuve noir (1998) et plus récemment Le métier à métisser (2004). Il a publié également de la prose narrative : Le mât de cocagne (roman, 1979) et Hadriana dans tous mes rêves (1988) pour lequel il a reçu le prix Renaudot, tandis que son recueil de récits, Alleluia pour une femme-jardin (1981) a été distingué par la bourse Goncourt de la nouvelle. Les textes solaires de Eros dans un train chinois ont été aussi bien accueillis dans les médias. Son Anthologie personnelle a reçu en 1993 le prix Apollinaire de la poésie. D’autres distinctions littéraires ont attiré l’attention des lecteurs sur l’écrivain franco-haïtien : prix du roman de la Société des Gens de Lettres, prix Antigone de la ville de Montpellier (1989), prix du roman de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, bourse de la fondation Guggenheim (1994) pour l’ensemble de ses travaux, ainsi que le Grand Prix de la Poésie de l’Académie française, et le prix Carbet de la Caraïbe.

Dans Encore une mer à traverser (2005), tous les genres littéraires (vers, prose, correspondance, récit, autobiographie) sont réunis pour livrer au lecteur l’expérience d’une vie riche, parfois tragique (Haïti, Cuba, l’exil et l’errance avant la paix existentielle à Lézignan-Corbières (Aude) où une sorte d’été indien de la création lui assure, dans l’écriture poétique et romanesque, le principal moyen de « salut ».

Yandé Christiane Diop

Elle est directrice des Editions Présence Africaine depuis que son mari est décédé et également Secrétaire générale de la Communauté Africaine de Culture. Son désir de poursuivre l’oeuvre de son mari lui donne la force et l’inspiration nécessaires.

Henry Louis Gates, Jr.

Le Professeur Gates est co-éditeur avec K. Anthony Appiah de Civil Rights : An A-to-Z Reference of the Movement that Changed America (2005) et de l’encyclopédie Encarta Africana, qui est publiée sur CD-ROM par Microsoft (1999) et sous forme livresque par Basic Civitas Books sous le titre Africana: The Encyclopedia of the African and African American Experience (1999). Il est l’auteur de America Behind the Color Line: Dialogues with African Americans (2004), In Search of Hannah Crafts: Critical Essays on the Bondwoman’s Narrative (2004), écrit en collaboration avec Hollis Robbins, et Wonders of the African World (1999), le livre qui accompagne la série télévisée BBC/PBS de six heures qui porte le même nom. Sa série la plus récente pour PBS, dont il est réalisateur délégué, African American Lives, a été diffusée pour la première fois en février 2006. Avec Cornel West, le Professeur Gates est le co-auteur de The African American Century: How Black Americans Have Shaped Our Century (2000).

Le Professeur Gates est l’auteur de plusieurs œuvres de critique littéraire, dont Figures in Black: Words, Signs and the ‘Racial’ Self (Oxford University Press, 1987) ; The Signifying Monkey: A Theory of Afro-American Literary Criticism (Oxford, 1989), qui a remporté le Prix du Livre américain en 1989 ; et Loose Canons: Notes on the Culture Wars (Oxford, 1992.) Il est également l’auteur de Colored People: A Memoir (Knopf, 1994), qui retrace ses mémoires d’enfance dans une petite ville de la Virginie occidentale pendant les années cinquante et soixante ; The Future of the Race (Knopf, 1996), écrit en collaboration avec Cornel West ; et Thirteen Ways of Looking at a Black Man (Random House, 1997). Le Professeur Gates a édité plusieurs anthologies, dont The Norton Anthology of African American Literature (W.W. Norton, 1996) ; et The Oxford-Schomburg Library of Nineteenth Century Black Women Writers (Oxford, 1991). En outre, le Professeur Gates est co-éditeur de Transition magazine. Les publications du Professeur Gates, un critique culturel influent, incluent un article à la une de Time magazine en 1994 sur la nouvelle renaissance noire dans les arts, ainsi que de nombreux articles pour le New Yorker.

Le Professeur Gates a obtenu sa Maîtrise et son Doctorat en littérature anglaise à Clare College, University of Cambridge. Il a reçu sa Licence avec mention très bien à Yale University en 1973 en langue et littérature anglaises. Avant de commencer à travailler à Harvard en 1991, il avait enseigné dans les universités de Yale, Cornell et Duke. Il a notamment reçu les distinctions et honneurs suivants : « genius grant » de la MacArthur Foundation (1981), George Polk Award for Social Commentary (1993), Chicago Tribune Heartland Award (1994), Golden Plate Achievement Award (1995), inclusion sur la liste des « 25 Américains les plus influents de Time magazine (1997), National Humanities Medal (1998) et élection à l’American Academy of Arts and Letters (1999).

Edouard Glissant

Docteur ès lettres, Edouard Glissant « l’un des plus grands écrivains contemporains de l’universel » (Jacques Cellard, Le Monde) est né à Sainte-Marie (Martinique). Formé au lycée Schoelcher de Fort-de-France, il poursuit des études de philosophie à la Sorbonne et d’ethnologie au Musée de l’Homme.

Ses premiers poèmes (Un champ d’îles, La terre inquiète et Les Indes) lui valent de figurer dans l’Anthologie de la poésie nouvelle de Jean Paris. Il joue un rôle de premier plan dans la renaissance culturelle négro-africaine (congrès des écrivains et des artistes noirs de Paris en 1956 et de Rome en 1959) et collabore à la revue Les Lettres nouvelles. Le prix Renaudot, remporté en 1958 pour son premier roman, La Lézarde, consacre sa renommée. Co-fondateur avec Paul Niger en 1959 du Front antillo-guyanais et proche des milieux intellectuels algériens, il est expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France. Il publie en 1961 une pièce de théâtre, Monsieur Toussaint, et en 1964, un second roman, Le Quatrième Siècle.

Rentré en Martinique en 1965, il fonde un établissement de recherche et d’enseignement, l’Institut martiniquais d’études, et une revue de sciences humaines, Acoma. Son oeuvre ne cesse de croître en ampleur et en diversité : une poursuite du cycle romanesque avec Malemort, La Case du commandeur et Mahagony ; un renouvellement de la poétique avec Boises, Pays rêvé, pays réel et Fastes ; et un épanouissement de la pensée avec trois essais majeurs, L’Intention poétique, Le Discours antillais et Poétique de la relation.

De 1982 à 1988, il est Directeur du Courrier de l’Unesco. En 1989, il est nommé « Distinguished University Professor » de l’Université d’Etat de Louisiane (LSU), où il dirige le Centre d’études françaises et francophones. Depuis 1995, il est « Distinguished Professor of French » à la City University of New York (CUNY).

Jean-Robert Pitte

Né le 12 août 1949 à Paris dans le 15e, Jean-Robert Pitte a grandi au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis). En 1966, il obtient de justesse son baccalauréat série philosophie. Bien qu’il visait une école de tourisme, il s’inscrira finalement en géographie à la Sorbonne. Il obtient en 1971 l’agrégation de géographie puis deux thèses, en 1975 (sur la Mauritanie, où il a vécu deux ans) et en 1986 (sur les châtaigneraies en Europe). En 1978, il épouse Mayumi, une journaliste japonaise, avec qui il a un enfant, Delphine, 24 ans. Son livre Histoire du paysage français reçoit en 1983 le prix de l’Académie française. De 1993 à 1995, il sera chef de mission au Ministère de l’Enseignement Supérieur. C’est en 2003 qu’il sera nommé Président de l’Université Paris Sorbonne – Paris 4. En 2005, Jean-Robert Pitte annonce la création d’un campus de la Sorbonne aux Émirats Arabes Unis. Il a publié en 2006 chez Fayard un essai sur l’université française Jeunes, on vous ment – Reconstruire l’Université. Jean-Robert Pitte est également Chevalier de la Légion d’Honneur.

Maurice Quénet

Né le 5 août 1942 à La Guérinière en Vendée, Maurice Quenet est professeur des Universités de classe exceptionnelle et recteur de l’Académie de Paris. Il fait des études de droit à Rennes et de lettres à Nantes, où il obtient son doctorat d’état en 1973. En 1974, il intègre le cycle préparatoire de l’E.N.A. et réussit l’agrégation des Facultés de droit. Il sera professeur près de l’université de Caen, de Rennes I et II et de Paris II. De 1983 à 1986, il assume les fonctions de directeur général de l’enseignement et de la recherche à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et des autres écoles de Coëtquidan. Avant d’être nommé recteur de l’académie de Paris en 2002, il sera recteur à Nantes, Créteil et Nice. De 1993 à 1995, il est chargé de mission au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de juin à décembre 2002, conseiller auprès du Ministre délégué à l’enseignement scolaire. Maurice Quenet est officier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.

Noureini Tidjani-Serpos

Wole Soyinka

Lauréat du Prix Nobel de littérature en 1986, Wole Soyinka a publié plus de trente ouvrages et continue d’être actif en collaboration avec diverses organisations internationales de défense des arts et des droits de l’homme. Yoruba né dans l’Ouest du Nigeria et éduqué à Ibadan, Wole Soyinka a continué ses études à l’Université de Leeds, Angleterre, où il a obtenu un diplôme d’anglais avec distinction, puis il est entré au Royal Court Theatre, Londres, avec un poste de lecteur de pièces de théâtre. En 1960, il a reçu une bourse de la Fondation Rockefeller et est retourné au Nigeria, où il a fait des recherches sur le théâtre et fondé deux troupes théâtrales. Plus récemment, au cours des deux dernières années, il a reçu une bourse d’étude et de recherche au W. E. B. Du Bois Institute for African and African American Research à Harvard University.

Les premières pièces de Soyinka, The Swamp Dwellers et The Lion and the Jewel, ont été écrites à Leeds et à Londres, et elles ont été représentées à Ibadan en 1959. La première de The Lion and the Jewel a eu lieu au Royal Court Theatre, à Londres pendant les années soixante. Soyinka a également écrit les pièces de théâtre suivantes : The Trials of Brother Jero, Jero’s Metamorphosis, A Dance of the Forests, Kongi’s Harvest, Madmen and Specialists, The Strong Breed, The Road, Death and the King’s Horseman, A Play of Giants, Requiem for a Futurologist. Il a adapté The Bacchae pour le British National Theatre, où cette œuvre a été représentée sous le titre The Bacchae of Euripedes, et il a également adapté Opera Wonyosi inspiré de The Beggar’s Opera, de John Gay, L’opéra de quat’sous de Bertolt Brecht, dans un contexte africain, et King Baabu, inspiré du Roi Ubu d’Alfred Jarry. Son adaptation a été décrite comme une satire sauvage d’Ubu à la limite du grotesque.

Soyinka a écrit deux romans, The Interpreters et Season of Anomy. Il a également rédigé plusieurs œuvres autobiographiques, dont The Man Died: Prison Notes, Aké: The Years of Childhood et IBADAN, The Penkelemes Years. Ses essais littéraires sont rassemblés dans, entre autres, Myth, Literature and the African World and Art, Dialogue and Outrage, tandis que ses écrits politiques et ses autres écrits thématiques sont contenus dans The Open Sore of a Continent et dans The Burden of Memory, Muse of Forgiveness. Ses poèmes sont rassemblés dans Idanre and Other Poems, Poems from Prison, A Shuttle in the Crypt, Ogun Abibiman, Mandela’s Earth and Other Poems, SAMARKAND and Other Markets I Have Known. Son œuvre la plus récente, You Must Set Forth at Dawn: A Memoir, a été publiée en avril de cette année.

Wole Soyinka a occupé plusieurs postes universitaires et il fait toujours de nombreuses tournées de conférences. Il est actuellement Professeur Emeritus en littérature comparée à Obafemi Awolowo University, Nigeria, et Non-Resident Fellow, W. E. B. Du Bois Institute.