—Par Roland Tell —
Pourquoi certains jeunes lycéens choisissent-ils la voie de la violence ? Est-ce un choix délibéré ? Le fait de braquer un revolver factice sur la tête d’un professeur femme, est-ce de la violence ludique, pour impressionner ses camarades, telle une « épiphanie » de l’égo, offerte à toute la classe ? Une certaine manière de crier son amour de soi : « Je ne suis comme aucun de vous, j’existe, et je vis libre, même au lycée ! »
A l’égard de la communauté éducative, la répudiation de la civilité, en pareil cas, n’est pas un accident de parcours, et, dans une large mesure, elle ne correspond qu’au choix implicite du jeune lycéen de rendre sa violence nécessaire et légitime, aussi bien tant à l’extérieur qu’au sein du lycée. C’est ainsi qu’avec une somme de force et de courage, il a choisi de mettre en œuvre sa liberté, même au prix de représailles, du type « œil pour oeil ». N’est-ce donc pas qu’à ses yeux il accomplit là une fonction héroïque, par rapport à soi – héroïsme frauduleux de son égo, centré sur lui-même, désormais regardé par tous, en classe, au lycée, dans la société, comme image d’un « barbare », plus soucieux de construire sa vie, dans les désordres de l’émotion brute, de l’émotionalisme.