Jour : 21 juillet 2018

Au Festival de Almada, avec ou sans paroles : Dr Nest 

— par Janine Bailly —

Dr Nest : par le collectif Familie Flöz (Berlim/Alemanha), sous la direction de Hajo Schüler

En 1995, un petit collectif d’acteurs et de mimes se constitue en Allemagne, à l’initiative de Hajo Schüler. Il deviendra la troupe aujourd’hui dénommée « Familie Flöz », et qui très vite, dès la création de sa troisième pièce, abandonnera l’utilisation du langage pour ne garder que le jeu des corps, les tableaux visuels, les sons et la musique. Redonnant vie à l’art du masque, et maîtrisant l’art de tout dire et tout faire entendre sans paroles, Familie Flöz s’est approprié un langage universel qui résonne avec force, que l’on peut décrypter sans peine, et qui sait trouver le chemin de notre cœur, que nous soyons petits ou grands.

Conçus pour chaque pièce par Hajo Schüler lui-même, dans l’atelier berlinois du collectif, les masques, loin de cacher démasquent, chacun ayant une individualité bien marquée, chacun suffisant à camper un personnage rapidement identifiable. Car le masque, s’il est adéquat, en figeant les traits dévoile un caractère. Le comédien au visage caché devient, selon l’actrice Anne Kistel, « beaucoup plus vulnérable, et plus nu », en ce sens qu’il lui faut par le corps, par les gestes, par les postures et les déplacements en scène, faire comprendre ce qu’il ne saurait dire.

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Avignon 2018 : « Les femmes se font baiser »

— Par Carole Thibaut —

Carole Thibaut, directrice du centre national dramatique de Montluçon (Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon), vient de refuser un #Molière au #FestivalAvignon2018, dans un discours contre le sexisme, et la domination masculine !
Voici le texte écrit et lu par Carole Thibault à Avignon :
« Je vous remercie pour ce Molière.
Probablement le seul Molière que je recevrai jamais.
Ce n’est pas une question de talent, il n’est pas question ici de talent.
Je suis désolée. J’avais commencé à écrire un truc rigolo.
Un de ces trucs pour lesquels on fait appel à moi de temps en temps.
Oh tiens si on invitait Thibaut. Elle est rigolote Thibaut. C’est une excitée rigolote. Elle nous casse bien un peu les coucougnettes avec ses histoires d’égalité femmes-hommes, mais elle est rigolote. Elle pique des gueulantes rigolotes, bien brossées. Et puis elle met des jolies robes. Elle porte bien. Elle fait désordre policé.
On devient vite le clown de service. Le bouffon du roi.
Et ici le roi, comme ailleurs, c’est la domination masculine.
Il a beau faire GENRE, le roi, il est et reste la domination masculine.

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Avignon 2018 : « Cyclone » de Michèle Césaire, m.e.s. de William Mesguich (Off)

Un couple domino. Elle antillaise. Lui métro. Ils vivent à Paris.Ils se sont aimés il y a vingt ans de cela. Lui était photographe, elle comédienne. Artistes sur le retour ils sont aujourd’hui dans une indifférence parfois polie, parfois pleine d’aigreurs, dans une quotidienneté qui tue toute velléité de différenciation. Il ne la désire plus vraiment. Il végète dans un petit journal avec un boulot qu’il exècre et qui lui renvoie l’image dévalorisée de ce qu’il st devenu. Il peut rester des heures et des jours à ne rien faire. Il picole un peu. Elle, elle a encore des rêves d’accomplissement théâtral, sans trop y croire. Le lien qui les tient est celui d’une complicité passée. Ils cherchent leur bien dans l’ombre de leurs souvenirs. Morts à leurs désirs ils semblent survivre. Relation en miroirs dans sa dimension mortifère que viendra sauvée l’irruption d’un tiers. Michèle Césaire ne recompose pas pour autant un «Théorème» pasolinien, ni même la sempiternelle triangulation amoureuse. Elle fait de l’irruption d’un troisième artiste, peintre celui-là, le vecteur d’une recomposition, d’une renaissance dans le domaine des arts.

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Avignon 2018 Vandalem – Couperus/van Hove – IN

— Par Selim Lander —

Arctique

Anne-Cécile Vandalem avait marqué le festival, il y a deux ans avec Tristesses, déjà une sombre histoire de corruption mettant en scène une politicienne danoise, à ceci près que l’action se déroule non sur une île mais sur un paquebot désaffecté remorqué vers le Groenland (possession danoise) où il servira d’hôtel. La raison pour laquelle quelques passagers clandestins se retrouvent à bord demeure longtemps obscure. Par contre on comprend assez vite que le bateau a heurté une plate-forme pétrolière lors de sa première croisière, que des écologistes ont été déclarés responsables, jugés, que le mouvement écologiste danois a été de ce fait décapité et que son chef, Mariane Thuring, est morte pendant cette traversée. La suite est une série de coups de théâtre pour nous apprendre ce qu’il fut réellement et à quelle fin les passagers ont été attirés sur le bateau.

La mise en scène d’A.-C. Vandalem ne déçoit pas. L’usage de la vidéo se justifie ici pleinement car il permet de sortir du salon où sont réunis les comédiens face au public pour visiter divers lieux du paquebot (le pont, une coursive, une cabine de passager, la cabine du radio, la cale) construits dans un second décor derrière le premier.

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Parutions : nouveautés du 21 juillet 2018

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Adolescebat autem obstinatum propositum erga haec et similia multa scrutanda, stimulos admovente regina, quae abrupte mariti fortunas trudebat in exitium praeceps, cum eum potius lenitate feminea ad veritatis humanitatisque viam reducere utilia suadendo deberet, ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris rettulimus coniugem.

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas.

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Avignon 2018 – Feydeau, Vian – OFF

— Par Selim Lander —

Feu le père de Monsieur

Aller voir un Feydeau de nos jours, n’est-ce pas trop ringard ? Les lecteurs de cette chronique se demandent peut-être ce qui nous a pris. En fait, confessons-le, l’acte ne fut pas prémédité. Souvent, en Avignon, lorsqu’on veut meubler le temps entre deux pièces que l’on a dûment programmées, on se retrouve à voir une pièce simplement parce qu’elle est jouée dans le quartier où l’on se trouve à l’heure qui convient. Et, curieusement, très souvent ces pièces à peine choisies se révèlent très bonnes, voire meilleures que celles qu’on ne voulait pas rater. Ce fut le cas, lors de ce festival, pour Zorba et, encore plus fort, pour Nous voir nous. Cette fois-ci, ce fut donc un Feydeau. Avouons que nous sommes entré dans la salle presque à reculons, sans avoir d’ailleurs percé le pourquoi de ce titre bizarre, avec « la mère » et « Madame » surchargées d’un « père » et d’un « Monsieur ». Féminisme quand tu nous tiens ! Les mots rayés sont ceux du titre originel choisi par Feydeau. Un certain Lucien revient du bal des Quat’ Z’arts fort tard dans la nuit ; il réveille sa femme et s’ensuit une scène de ménage inévitable ponctuée par les interventions maladroites d’un valet plus qu’à moitié endormi.

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