Jour : 16 juillet 2018

Avignon 2018 : Racine, Koohestani, Shaheman – (In)

— Par Selim Lander —

Iphigénie m.e.s. Chloé Dabert

Le « tendre Racine » n’apparaît guère dans cette pièce où la jeune Iphigénie est promise au trépas par un caprice des dieux. La tendresse n’apparaît à vrai dire que dans la scène 2 de l’acte II, entre Iphignénie et son père Agamemnon. Ce dernier ne sait comment se comporter envers celle qu’il doit immoler et qu’il aime pourtant. Elle ne comprend pas son inhabituelle froideur :

« N’osez-vous sans rougir être père un moment ? »

Comment ne pas se réjouir a priori de voir Racine honoré dans le IN qui n’accable pas ses spectateurs avec les classiques ? Malheureusement, la mise en scène de Chloé Dabert déçoit quelque peu nos espérances. Le décor, même s’il n’emporte pas tous les suffrages, ne nous a quant à lui pas déçu : cette grande tour d’échafaudages, à jardin, qui pourrait aussi bien figurer la proue d’un navire de guerre (puisque la flotte des Grecs en guerre est bloquée dans le port, en attendant que le vent, délivré par les dieux, veuille bien se lever et conduire les vaisseaux jusqu’à Troie) permet des déplacements intéressants.

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Wouéééééé ! « Les Bleus » ont gagné !

Les fans étaient déchainés dans les centres commerciaux  qui, certainement par amour des clients, avaient installé chaises et grand écran. Ce même amour qui avait conduit des chefs d’entreprises, tellement peu conciliants le reste du temps, à assurer que leurs salariés puissent suivre les matchs sur le lieu de travail.

Source Illustration : Courrier International

« Les Bleus » ont gagné ! On a pu voir nos compatriotes- supporters, bardés de « bleu-blanc-rouge », sillonner les rues en klaxonnant et en brandissant des pancartes « vive la France ! » Certainement, se comptaient parmi eux, beaucoup qui, chaque jour que fait la vie, protestent contre l’escroquerie aux prix pratiquée par la grande distribution, accusent les lois françaises inadaptées et les impôts injustes d’écraser leurs petites entreprises et d’entrainer le vol de leurs terrains, se plaignent que les banques et les logeurs discriminent leurs enfants étudiants en France, s’opposent à leur affectation arbitraire en France et à la nomination d’européens sur des postes dont devraient bénéficier leurs fils et filles plus méritants au pays.

Ceux d’en haut ont, sans nul doute, marqué des points grâce à leur tapageuse offensive assimilationniste.

Mais, qu’est-ce qui a vraiment motivé les fans, l’amour de la France, l’amour du football ou le chant des sirènes ?

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Lapenn vo! (ça vaut la peine)

— Par Frantz Succab —

Je n’ai pas le colonialisme français et les faiseurs de pwofitasyon au bout du fusil. De fusil je n’en ai pas.
Je n’ai aucun talent d’artificier. De bombes je n’ai que quelque bomba de Boriquén du temps-longtemps d’avant le zouk, parmi mes vieux disques remisés.
Je voudrais bien marcher, marcher, des kilomètres et des années, jusqu’au Grand Soir. De jambes, je n’en ai plus de bien vaillantes, j’ai gaspillé mon pas dans des courses fanfaronnes.

Il me reste l’écriture. J’assume cet art sans culpabilité, sans contournement ni retournement sur ma pauvre figure des mauvaises consciences de l’ordre musculaire. L’écriture ne me fait montre que d’un seul besoin : que je la pratique sans vergogne, en toute liberté, sans aucune retenue sensuelle, sans aucune censure intellectuelle, sans le moindre sens du devoir (ni politique, ni idéologique, ni moral – surtout pas!), sans concession à l’égard de l’infinité des possibles sur laquelle ouvre l’aventure des mots; leur beauté et leur puissance renversante, pourvu que je n’en perde pas la clé.

Trop souvent égaré dans des querelles volatiles de pit-a-kòk, j’ai perdu assez de plumes.

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Roger Bellemare : progressiste, syndicaliste, féministe….

Après la mort de Roger Bellemare, beaucoup de ses élèves, ses collègues, ses camarades syndicaux et politiques lui ont rendu hommage.

Je voudrais les remercier tous et toutes et ajouter à leurs témoignages que Roger était soucieux avant tout de l’émancipation des peuples opprimés et des classes exploitées. S’il a fait du syndicalisme, c’était, bien sûr, parce qu’indigné par la situation des Maîtres Auxiliaires, taillables, corvéables et déplaçables à merci, mais c’est surtout aussi avec l’espoir d’entraîner les enseignants martiniquais dans la solidarité avec les autres travailleurs de leur pays.

Par ailleurs, un aspect de sa pensée et de son action a été souvent passé sous silence, même par lui, ce sont ses profondes convictions pro-féministes. Élevé, avec ses cinq frères, par une femme deux fois veuve, extrêmement courageuse et dynamique, il a toujours eu un grand respect des femmes. Plus tard, même quand il a commencé à douter un peu de ses contemporains, à se dire, comme beaucoup d’entre nous, que la révolution ne serait peut-être pas pour tout de suite, il a toujours exprimé beaucoup d’admiration pour cette éclosion dans notre pays de jeunes femmes universitaires, artistes… et c’est d’elles surtout qu’il espérait un renouveau pour la Martinique !

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