Jour : 26 juin 2018

« Mektoub my love » : Kechiche se laisse aller

— Par Selim Lander —

Un film qui s’étale sur près de trois heures, sans aucune intrigue véritable, avec des séquences qui durent jusqu’à plus soif : tout au plaisir de montrer son petit monde de Maghrébins installés sur la rive de la Méditerranée, côté français, Abdellatif Kechiche n’a pas cru devoir se retenir, quitte à user les nerfs des spectateurs… qui ont néanmoins, lors de la séance à laquelle nous avons assisté, tous (et nous donc) bu le calice jusqu’à la lie.

Il est vrai que le film commence très fort par une scène de lit entre la star du film, Ophélie (Ophélie Bau) et Tony (Salim Kechiouche), le coq de la bande de jeunes gars et filles qui sont les principaux personnages du film, séquence qui manquerait de piment – encore que : on sait depuis la Vie d’Adèle ce que Kechiche est capable de tirer de ce genre de scènes (ou de ces scènes de genre) – si elle n’était observée par Amin (Shaïn Boumedine), l’(anti)héros du film. En effet, contrairement à tous les autres mâles de Mektoub…, dragueurs impénitents, Amin a un problème avec les filles, n’osant même pas « s’attaquer » à celles qui le draguent ostensiblement (car il est plutôt beau gosse).

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« Quand j’ai entendu l’expression “délit d’hospitalité”… »

— Par Jacques Derrida —

L’an dernier [en 1995], je me rappelle un mauvais jour : j’avais eu comme le souffle coupé, un haut-le-cœur envérité, quand j’ai entendu pour la première fois, la comprenant à peine, l’expression ­ « délit d’hospitalité ». En fait, je ne suis pas sûr de l’avoir entendue, car je me demande si quelqu’un a jamais pu la prononcer et la prendre dans sa bouche, cette expression venimeuse, non, je ne l’ai pas entendue, et je peux à peine la répéter, je l’ai lue sans voix, dans un texte officiel.

Il s’agissait d’une loi permettant de poursuivre, voire d’emprisonner, ceux qui hébergent et aident des étrangers en situation jugée illégale. Ce « délit d’hospitalité » (je me demande encore qui a pu oser associer ces mots) est passible d’emprisonnement. Que devient un pays, on se le demande, que devient une culture, que devient une langue quand on peut y parler de « délit d’hospitalité », quand l’hospitalité peut devenir, aux yeux de la loi et de ses représentants, un crime ?

(…) Les frontières ne sont plus des lieux de passage, ce sont des lieux d’interdiction, des seuils qu’on regrette d’avoir ouverts, des limites vers lesquelles on se presse de reconduire, des figures menaçantes de l’ostracisme, de l’expulsion, du bannissement, de la persécution.

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« Illectronisme »: près d’un quart des Français ne sont pas à l’aise avec le numérique

Environ 23% des Français ne sont « pas à l’aise avec le numérique », déclarant ne jamais naviguer sur internet ou bien difficilement, selon une étude CSA sur l' »illectronisme », l’illettrisme numérique.

Ce taux s’élève à 58% chez les personnes de 70 ans et plus. Il s’agit d' »une nouvelle forme de fracture sociale », selon Philippe Marchal, président du syndicat de la presse sociale, qui a souhaité en commandant cette étude « sensibiliser » et « permettre une prise de conscience de l’opinion et des pouvoirs publics ».

Si quasiment 9 personnes sur 10 possèdent une connexion internet et un équipement leur permettant de s’y rendre (téléphone, ordinateur, tablette), utilisés majoritairement pour rechercher une information ou envoyer un mail, 16% ne vont jamais ou moins d’une fois par semaine sur internet, et 7% trouvent la navigation difficile.

Parmi ceux qui n’utilisent jamais internet, 42% trouvent cela trop compliqué, 34% n’ont pas confiance dans la protection de leurs données personnelles, mais la grande majorité (70%) invoque, possiblement conjointement, un manque d’intérêt.

Par ailleurs, près d’un tiers des Français (32%), que l’étude nomme « abandonnistes », déclarent avoir déjà renoncé, dans les douze derniers mois, à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser internet.

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