Jour : 19 juin 2018

Raymond Médélice : « De formidables machines à rêver »

Dimanche 24 juin 2018 à 10h : visite commentée par Cécile Bertin-Élisabeth(*)

— Présentation par Dominique Brebion —
Nous éprouvons quelquefois de l’étonnement devant le travail d’un peintre. C’est que nous y découvrons une réalité que nous n’avions pas su voir faute d’y prêter une attention soutenue. C’est par là que la peinture nous apprend parfois à voir le monde.
Les peintures de Raymond Médélice, souvent énigmatiques, recèlent toujours une histoire. Bien plus qu’une histoire, une réflexion sur la vie. Car ses tableaux fonctionnent comme les pages d’un journal intime où se livrent ses préoccupations et ses pensées, sa vision du monde. Il persiste toutefois quelque chose d’insaisissable car l’artiste élabore des connexions souvent inattendues. Les décrypter devient l’un des plaisirs de la visite d’exposition.
« Ce n’est, après tout, qu’un peu de peinture sur de la toile mais ce sont des rêves pétrifiés qui sont à regarder comme de formidables machines à rêver » dit Raymond Médélice.
Au charme de la rêverie s’ajoute la considération d’une technique picturale originale, toute personnelle.

Commissariat : Dominique Brebion

(*)Cécile Bertin-Elisabeth
Professeur de littérature hispanique à l’Université des Antilles, elle est également Doyenne de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines.

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Tchernobyl aux Antilles

— Par Jean-Baptiste Fressoz, chercheur au CNRS et au Centre Alexandre-Koyré, de l’EHESS —

La contamination des Antilles françaises pour sept cents ans par le chlordécone n’est pas une « crise » sanitaire de plus après le sang contaminé, la vache folle ou même l’amiante. C’est la conséquence presque logique de l’économie de plantation.

La banane est le produit agro-industriel parfait : les plantations sont composées de clones à l’infini. Les bananes que l’on mange sont toutes génétiquement identiques, et c’est d’ailleurs pour cela qu’elles ont toujours le même goût. S’il existe près d’un millier d’espèces de bananes, une espèce particulière, la cavendish, parce qu’elle se conserve bien au transport, a été choisie dans les années 1950 par les grandes firmes comme United Fruit.

Elle représente actuellement 97 % des exportations de bananes. L’homogénéité génétique des plantations fournit un terrain d’expérimentation extraordinaire pour l’évolution… et un festin formidable pour les maladies des plantes et leurs vecteurs, les pathogènes.

L’historien américain John Soluri (Banana Cultures, University of Texas Press, 2005) décrit très bien la course sans fin, et perdue d’avance, entre les traitements chimiques et les pathogènes qu’ils sont censés éliminer (charançon du bananier, nématodes et autres champignons).

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La politique et l’injure…

— Par Roland Tell —

Parler d’injure à propos de la politique est courant à la Martinique, même hors périodes électorales. En effet, sans l’injure qu’adviendrait-il du politicien ? Qu’adviendrait-il de la politique ? En effet, n’est-ce pas le goût de l’insulte qui met en ordre aujourd’hui le monde politique martiniquais ? C’est du fait du président de la Collectivité Territoriale que les offenses graves et délibérées font désormais irruption au sein même de la gouvernance de la Martinique. Récemment, en effet, c’est contre ses alliés de droite, redevenus en un jour ses meilleurs ennemis, que la hache de guerre est déterrée, toujours, comme ailleurs, selon la théorie du complot permanent. Quelle cause à venir pour cette nouvelle guerre ?
En vue de baliser le tracé des ambitions, menant aux lointaines élections régionales, le Président se rapporte volontiers à cette doctrine, qu’en adepte éminent de l’invective -ce qui fait sa distinction, sa plus « digne » attitude politique, telles que maintes fois révélées et formulées, au cours de sa carrière, sur les tréteaux de bataille électorale. « Les querelles de bas étage », voilà ce qui, étant entendu, plaît au peuple !

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