Jour : 2 mai 2018

Fanny Glissant « Nous donnons à voir les infrastructures de l’esclavage »

« Les Routes de l’esclavage » Série documentaire les mercredis 2 et 9 mai, 20 h 55, France Ô

— Entretien réalisé par Laurent Etre —
Arte et France Ô diffusent une grande fresque historique en quatre épisodes présentant, comme jamais auparavant, les continuités entre traites négrières, capitalisme et colonialisme. Entretien.

Dès ses premières minutes, votre documentaire revendique une démarche inédite. Laquelle ?

Fanny Glissant Beaucoup d’initiatives ont déjà été prises en matière de connaissance de l’histoire des traites négrières. En France, mais aussi aux États-Unis, dans tous les pays post-esclavagistes, on peut identifier deux voies principales : d’un côté, des œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui s’appesantissent sur la violence, de façon un peu victimaire ; de l’autre, une position centrée sur la culpabilisation des sociétés esclavagistes. Et je pense que, dans la temporalité de la prise en compte du sujet des traites négrières, ces positions étaient importantes. Mais, aujourd’hui, il me semble qu’il devient possible de s’en départir au profit d’une investigation historique se basant sur les faits, et rien que les faits. En France, après la loi Taubira de 2001, une nouvelle génération d’historiens ont décidé de sortir de leur histoire nationale et de commencer à échanger leurs travaux avec d’autres historiens de par le monde, pour tenter d’établir une histoire globale de l’esclavage.

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Le jazz français discrimine-t-il les musiciens antillais ?

— Par Eric Delhaye —

En situation financière alarmante, le trompettiste Franck Nicolas a entamé une grève de la faim pour dénoncer la discrimination dont souffrent, selon lui, les musiciens d’origine antillaise. D’autres jazzmen de premier plan, comme Jacques Schwarz-Bart ou Magic Malik, témoignent des mêmes difficultés. Mardi 24 avril, le jazzman Franck Nicolas a publié sur Facebook une photo où il pose assis par terre, dans une rue, en tenant sa trompette comme on agrippe une bouée. Alors que son regard fixe le sol, une inscription le surplombe : « En grève de la faim. » Partagée en cascade sur les réseaux sociaux, l’image éclaire sur la détresse d’un musicien qui souffre de vivre péniblement de son art, alors que sa discographie compte une douzaine de références et qu’il enseigne la trompette depuis trente ans dans une école montpelliéraine.

Le Guadeloupéen est doublement abattu. Financièrement accablé par un redressement lié au renforcement des contrôles régissant son statut, il dénonce également la « discrimination » dont souffrent les musiciens antillais : « D’un côté, l’administration invalide mes cachets parce que je joue dans des restos, des troquets ou des fêtes privées.

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Biennale de Danse 2018 : « Entropic now », « Salut mon frère » & « I’m a bruja »

Vendredi 4 mai 2018 à 18h Gare Maritime puis à 20h Tropiques-Atrium

Entropic now

Quais de Tourelles – Terminal Inter-Isles – 18h

Entropic Now est un projet audiovisuel et chorégraphique, une écriture plurielle qui se construit depuis 2017 sur un mode de coopération artistique entre les villes de La Havane, de Marseille et de Fort-de-France, en collaboration avec des groupes de jeunes et d’adolescents qui nous invitent, à travers des films et une performance, à questionner leurs physicalités, leurs modes de vie et leurs usages des lieux.
Quelle est la place de la jeunesse dans l’espace public ? Qu’est-ce que ça fait d’être jeune aujourd’hui ? Entropic Now ouvre un espace d’immersion qui déploie un archipel d’images et de sons, de corps et de co-présences, de villes et de mouvement, de rêves et d’amitiés.

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La biennale : danser, disent-elles !

Rhizomes, & je danse parce que je me méfie des mots

— par Janine Bailly —

Rhizomes, chorégraphie de Jean-Félix Zaïre

Elles seront quatre, ou deux, ou trois, parfois une seule sur le plateau, et paradoxalement c’est cette présence unique qui pour moi fera naître un lien avec la salle, parce que dans sa solitude soudaine la danseuse saura de son corps et de ses gestes exprimer ce qu’elle est, ou ce qu’elle n’est pas, ce qu’elle cherche et qu’elle voudrait saisir. Quatre jeunes femmes diverses, de couleurs, de costumes et de postures, mais toutes le visage tragique, comme muré dans son intérieur, le regard fixé là-bas sur l’horizon, et jamais ne se regardant vraiment. Quatre aux mouvements démultipliés, et qui cependant ne comblent pas le vide installé entre elles, quatre bonnes volontés qui ne font vibrer ni l’air autour d’elles ni mes émotions, ces dernières comme absorbées dans ce trou blanc d’une scène soudain devenue trop vaste. Ni les corps rapprochés pour soutenir celui qui tombe, ni la chute commune plusieurs fois jouée, ni le duo joliment amoureux et sensuel, interprété avec conviction par deux des danseuses dans un double mouvement d’attraction-répulsion, ne parviendront à nouer ces individualités en un corps que l’on sentirait unique et porté vers le même idéal.

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