— Par Roland Tell —
La mutation de la politique que vit actuellement le peuple martiniquais comporte une triple crise, dont les conséquences pèsent lourd sur les institutions régionales, et sur les doctrines des partis en cause : crise la moralité, crise des idées, crise de la démocratie, étroitement imbriquées, agent et effet l’une de l’autre.
Par crise de la moralité, il faut entendre la rupture du lien rationnel, se rapportant aux principes et aux solutions politiques, sur lesquels se fonde l’engagement militant de toujours, dont on se veut garant de la validité, pour chercher à les élever jusqu’à l’exercice du pouvoir. La gestion politique n’est-elle pas avant tout affaire de fidélité à son corps de doctrine, au parti qui s’y rapporte, à la parole donnée aux électeurs, à travers la longue et large route du militantisme ? N’est-il pas nécessaire d’éviter de se compromettre, de se dévaloriser, de chercher à porter atteinte à sa capacité de distinction idéologique, à sa dignité humaine, pour ne pas se trouver à subir toutes les conséquences d’une hideuse trahison ? Comment donc, en l’espèce, à travers un contrat d’alliance, accepte-t-on de porter en bandoulière le butin de chasse électorale d’un parti adverse, aux antipodes de son école doctrinaire ?