Jour : 3 janvier 2017

L’esprit et la mentalité

— Par Roland Tell —

Les uns à côté des autres, tous assis en silence, dans la grande salle de conférence, prenaient progressivement conscience de la maladie de l’esclavage. Et ceux, dont ils avaient reçu semblable révélation, entre passé et avenir, retrouvaient, avec la vérité servie, tout l’héritage doctrinal, permettant d’en guérir. L’esprit collectif martiniquais est-il vraiment une émanation du monde invisible des esclaves africains ? Reste-t-il victime de ce dualisme fondateur entre l’origine et l’histoire, entre sa substance de peuple et les maux de l’esclavage? Où est la perfection ? Où est la dégradation ? L’intelligence moderne appelle-t-elle cette fascination de l’originaire ? Certes, n’est-il pas dépassé, inutile, ce positivisme affiché, qui s’attache à fixer pour toujours un état historique, datant de plusieurs siècles, à illustrer, comme causes originelles de maladie, les faits d’exploitation d’un racisme systématisé et légitimé, en provenance des pires théories de la dégénérescence, durant la période coloniale ? Tout l’avenir du peuple martiniquais serait-il contenu là, à l’origine des sacrifices humains de l’esclavage ? N’est-ce pas philosophie pessimiste que ce renvoi continuel à tous les sens cachés de cette période ?

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John Berger est mort

L’écrivain londonien, savoyard d’adoption est décédé hier lundi 2 janvier.

John Berger était écrivain, essayiste politique engagé à gauche, auteur de fiction, poète, peintre, critique d’art et scénariste. Né à Londres en 1926, il vivait en France à Quincy en Haute-Savoie.

John Berger fit sensation en partageant avec les Black Panthers la dotation du Man Booker Prize qu’il reçut en 1972. L’écrivain britannique est mort à l’âge de 90 ans près de Paris, à Antony. « Il est mort à la maison entouré par les siens (…) de manière très sereine », réconte son fils Jacob Berger, précisant que son père avait été hospitalisé quelques jours avant pour une insuffisance rénale.
Cet artiste prolifique, auteur de nombreux livres et pièces de théâtre, mais aussi poète, peintre et scénariste, publie en 1958 son premier roman « Un Peintre de notre temps ». En 1972, il est lauréat du Man Booker Prize, le plus prestigieux des prix littéraires de langue anglaise, pour son roman « G. », l’histoire du fils bâtard d’une aristocrate anglaise et d’un négociant italien. Il fait alors sensation en offrant la moitié de la dotation de ce prix au mouvement des Black Panthers, fidèle à ses convictions d’intellectuel engagé, pourfendeur du libéralisme et défenseur des « sous-classes ».

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