Jour : 19 octobre 2016

Aquarius, ou les cancers de Clara

—par Janine Bailly & Paul Chéneau—

aquariusA l’heure où le Brésil, victime de bouleversements tragiques, rongé par la corruption, la spéculation et les luttes de pouvoir, s’achemine peut-être vers ce qui ressemblerait à une nouvelle dictature, il est bon de voir ou de revoir le film Aquarius. Deuxième long métrage de Kleber Mendonça Filho après Les bruits de Recife, injustement boudé par le jury du festival de Cannes, mais plébiscité par le public et encensé par une bonne partie de la critique, Aquarius connaît sur les écrans de Madiana, dans le cadre de la séance VO, un tel succès que Steve, notre Monsieur Cinéma de Tropiques-Atrium, nous en promet pour bientôt une nouvelle projection.

Un film qui peut se lire à plusieurs niveaux, et qui de ce fait s’avère riche et captivant, inquiétant aussi lorsqu’il distribue dans la narration des scènes oniriques, à la limite parfois du cauchemar ou du fantastique. Un film qui dessine pas à pas, lentement mais sûrement, en deux heures vingt-cinq, le portrait d’une sexagénaire maîtresse de sa vie, et qui s’est forgé un destin de femme libre.

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Grégory Privat Trio. Family Tree ACT 9834-2

gregory_privat_family_treeLe CD est arrivé en Martinique!

01 Le Bonheur 4:13
02 Riddim 6:25
03 Family Tree 6:19
04 Zig Zagriyen 5:00
05 Le Parfum 5:39
06 Sizé 5:26
07 Filao 7:04
08 Ladja 5:27
09 Seducing The Sun 6:19
10 Happy Invasion 7:54
11 La Maga 4:29
12 Galactica 8:27
Total time: 72:46
Music composed by Grégory Privat
Produced by Grégory Privat
Recording, mixing & mastering on January 24 – 26th, 2016
at Recall Studio (30), France
Sound Engineer: Philippe Gaillot.
Assistant: Renaud Van Welden
Cover art by Gerwald Rockenschaub
Distribution:
Harmonia Mundi (FR) / Challenge Records Int. (BeNeLux)

Grégory apporte toujours un supplément d’âme à la musique. C’est un véritable artiste. Dès que j’ai commencé à écouter l’album, j’ai été transporté et ne voulais plus qu’il s’arrête !» (Lars Danielsson)
L’arbre généalogique du jazz a de multiples racines. L’une d’elles doit se trouver dans les Caraïbes, plus exactement dans les 2 départements d’Outre Mer français (Martinique et Guadeloupe) où est apparue la biguine dans les années 1920. A l’origine danse
swing, généralement assez lente, qui s’est inspirée des rythmes Afro-Caribéens du Bèlè et du Gwoka, de la musette et d’éléments
de jazz créole américain.

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L’histoire de l’esclavage et de la France : un grand marché

—Par Myriam Cottias (directrice de recherche au CNRS, ancienne présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage) —

esclavage__marche-2En adoptant en catimini le 5 octobre un amendement à la Loi Taubira, l’Assemblée nationale a créé une deuxième journée de commémoration autour de l’esclavage, consacrée aux « victimes de l’esclavage colonial » et entériné ainsi une vision racialiste de la nation française

« L’histoire semble être comme un grand marché où certains politiques, essayistes et autres leaders d’opinion viennent attraper un événement, un fait, une séquence, pour les cuisiner à leur façon. Ces derniers mois, cette privatisation idéologique s’est manifestée au travers de plusieurs déclarations : Laurence Rossignol, « les nègres américains qui étaient pour l’esclavage » ; l’affirmation d’Alain Mabanckou sur le fait que « Nous autres, Noirs de France, ne pouvons revendiquer ce passé (d’esclave) » ; nos ancêtres les Gaulois de Nicolas Sarkozy ; « le partage de la culture française avec les populations colonisées au XIXe siècle » de François Fillon ; le Code Noir édicté en 1685 présenté par L’Express comme un moyen de « ménager cette main-d’œuvre au fort taux de mortalité ».

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Mumia Abu-Jamal. Souscription pour le défendre et le soigner

mumia_abu-jamal_financePour se défendre et se soigner Mumia Abu-Jamal a toujours besoin de votre soutien financier. Téléchargez le bulletion de souscription
Appel à la solidarité finacière en faveur de Munia
Pour mémoire, le jugement rendu récemment a rejeté la requête sollicitant l’accès au traitement contre l’hépatite C dont Mumia souffre terriblement depuis près de deux ans, et ce au prétexte que ses avocats s’étaient contentés de mettre en cause l’administration pénitentiaire sans désigner les personnes responsables de ce refus. Maître Robert Boyle, son avocat, vient donc de déposer un recours sous la forme d’une plainte les désignant personnellement. Il s’agit du Secrétaire des prisons de Pennsylvanie, de cinq autres hauts responsables de l’administration du service de santé pour les prisonniers et du docteur en charge du suivi médical de Mumia.

Rappelons également que les avocates qui ont assuré la défense de Mumia et obtenu sa sortie du couloir de la mort en 2011 ont saisi la justice pour demander la révision de son procès au regard d’une nouvelle jurisprudence de la Cour Suprême des Etats-Unis. Cette dernière vient en effet de juger inconstitutionnel la possibilité pour un magistrat d’être partie prenante d’une décision en première instance puis de l’être à nouveau en procédure d’appel, ce qui fut le cas lors du procès de Mumia.

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La Mort de Danton

— Par Michèle Bigot —
la_mort_de_dantonG. Büchner, m.e.s. François Orsoni
Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, 10>23/10 2016

F. Orsoni n’a pas choisi la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis par hasard. La pièce se joue dans la salle Pablo Neruda, à l’intérieur du bâtiment de la mairie. C’est ce lieu politique par excellence qui lui paraît le plus propice pour faire entendre ce drame romantique aux accents shakespeariens, qui entremêle dans un désordre calculé la problématique du pouvoir, de la violence révolutionnaire et les déchirements de l’intime. Le metteur en scène privilégie ce théâtre de la parole, où s’énonce l’Histoire dans le verbe le plus cru, mettant au jour les failles des héros. Danton, Robespierre, Saint Just, Camille Desmoulins, tous avocats et brillants orateurs, certains plus tribuns, d’autres plus dialecticiens. Ils s’enivrent dans leur verbe. Ils sont emportés par la fièvre révolutionnaire. Ce qui se joue c’est la vie et la mort, dans une urgence fébrile.
Buchner, qui a une prédilection pour ces héros à demi déchus, broyés par la tourmente, comme Lenz ou Danton, a choisi une forme dramatique résolument moderne, qui fait fi des critères dramatiques traditionnels : une structure par fragments rend compte du télescopage entre les aspects les plus opposés de la vie.

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Avec Steve Gadet, à la découverte de cultures en devenir

— par Janine Bailly —

stevegadetCe 17 octobre, dans le cadre des rendez-vous du lundi à la Bibliothèque Universitaire, Steve Gadet, rejoint en dernière partie de son intervention par Corinne Plantin, nous présentait un ouvrage au titre prometteur, réalisé sous sa direction et publié en 2016 chez L’Harmattan, Les cultures urbaines dans la Caraïbe. Et cette double communication fut si riche, si enthousiaste et motivante que l’on peut sans doute regretter son caractère par trop confidentiel.

L’ouvrage collectif, riche d’une douzaine de contributions proposées par des chercheurs et enseignants de toutes disciplines, hommes et femmes de formation universitaire mais ne rechignant pas à être sur le terrain, certains étant même acteurs de l’une ou l’autre de ces formes d’expression qu’ils analysent, l’ouvrage donc veut montrer comment les cultures urbaines se sont déployées dans la Caraïbe, ces cultures étant une fenêtre, ou une porte d’entrée, pour comprendre les sociétés caribéennes et observer les mutations qui s’y opèrent au fil du temps.

Que faut-il entendre par cultures urbaines ? Art visuel, art pictural, danse, sport, musique, langage et vocabulaire différents, façon de s’habiller également, toutes choses qui mettent en relation la jeunesse du monde entier.

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« Déporté Disparu »?! Solo danse Jean Claude Bardu

Samedi 22 octobre 2016 à 20h00 Artchipel Basse-Terre

jean-claude_barduIl arrive un moment où il est nécessaire d’évacuer et d’affirmer ce qui se trouve au fond de nous… Avec ce spectacle au titre très évocateur, le chorégraphe-interprète Jean-Claude Bardu se lance le défi de dépeindre la société dans laquelle il vit. « Déporté disparu » est l’histoire d’un homme guadeloupéen, déporté, qui traverse le temps. Pour survivre, ce déporté doit s’adapter, s’assimiler…
Mais dans cette forme de survie n’y a-t-il pas obligatoirement une perte de personnalité? A qui la faute? Nous? Vous? Moi?…
Dans ce présent où les outils de communication envahissent les ménages, les sources d’information sont illimitées, manquer de connaissance et de personnalité est paradoxale…
Alors, s’il est dans l’imitation, qui est-il? Où va-t-il? Peut-être qu’il n’a pas pris le bon chemin ? Etre ou ne pas être ??…Là est la question…
Alors, nous guadeloupéens qu’avons-nous fait? Que faisons-nous ? Que ferons-nous ? Passé les brûlures de l’esclavage, passé les interminables débats sur l’identité, passés négritude et créolité, comment devons-nous aborder le XXIème siècle dans une perspective qui soit la nôtre… Peu à peu, le corps fait corps, du mouvement originel surgit la modernité incontestablement inévitablement.

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