Mois : juillet 2016

Madinin’Art et le Festival d’Avignon 2016

avignon-2016Deux contributrices, Michèle Bigot et Dominique Daeschler, un contributeur, Selim Lander ont couvert pour Madinin’Art le Festival d’Avignon 2016. Près d’une soixantaine de spectacles ont fait l’objet de comptes-rendus. A chacun(e) son goût et sa manière. Si les constats sont souvent convergents, les interprétations proposées divergent et c’est tant mieux. Madinin’Art est très attaché à la diversité des regards et des analyses. LE THEÂTRE en majuscules n’existe pas mais des théâtres ancrés dans des pratiques, des cultures, des questionnements différents sont bien vivants. L’ensemble des critiques publiées dans ces pages est un éloge, une ode à la diversité. S’il est aussi un bon reflet de l’état du théâtre actuel, il est dans le même mouvement une confirmation qu’il n’existe pas de théâtre sans une exigence de qualité et que celle-ci est toujours le résultat d’un ouvrage sans cesse remis sur le métier et qui fuit comme la peste la suffisance, la complaisance, la facilité, la désinvolture…

L’excellence est fille de la confrontation à l’altérité, à la diversité. Le plus grand festival de théâtre(s) du monde est, comme le souligne son directeur, un acte de résistance qui « préfère applaudir les forces de la vie plutôt que se résigner à une minute de silence ».

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Laissez-nous vieillir!

— Par Lucien Cidalise Montaise —
identiteLes déchirants et sanguinaires événements de ces derniers temps en Europe et surtout en France, nous ont abasourdis par leur cruauté. Existe-il d’autres termes pour qualifier pour l’Histoire, ces dramatiques moments ? Même les présentateurs télé pourtant habitués à présenter les laideurs qui ensanglantent quotidiennement le monde étaient désemparés. Ne sachant que dire, mais surtout comment dire! L’on assiste accablé, confondu de questionnement à un drame qui rapidement s’avérera monstrueux.
On tue, on assassine! La terreur s’empare de tout! Et se met en marche, la technologie de l’information, esclave de l’audimat. Français le chauffeur ? Non! Étranger ? Oui! Enfin un peu. Franco-Tunisien!!! NON Tunisien… ON souffle! Les terroristes ne sont jamais des Français à part entière type FN. La salissure communautariste étouffe tout.
Malgré leur immense douleur, les Français interrogés se sont montrés dignes. Ni allusion tendancieuse à l’origine du tueur, ni condamnation d’une quelconque appartenance à une communauté qui souvent a donné la preuve qu’elle appartenait à la France. Même coloniale. Même colonialiste!
Les parents de ces personnes ont bien souvent donné à la France, attaquée, occupée, vilipendée, la preuve qu’ils la respectaient et l’aimaient.

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L’addiction aux drogues moins répandue en outre-mer qu’en métropole

ofdtOn fume moins, on boit moins, on se drogue moins dans les collectivités d’outre-mer qu’en métropole. Ces affirmations, si elles vont à l’encontre des idées reçues, ne sont pas tout à fait nouvelles. Mais pour la première fois, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dispose d’une photographie complète et détaillée des usages de « drogues » (tabac, alcool, cannabis et autres) en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion et en Guyane, et ce, pour les personnes âgées de 17 à 75 ans. Les résultats, recueillis en 2014 par l’OFDT et l’agence Santé publique France et comparés aux données de la métropole, ont été rendus publics jeudi 28 juillet.

Lire aussi : En France, l’alcool et le tabac sont les drogues les plus meurtrières

Plusieurs facteurs expliqueraient cet usage plus limité de produits addictifs en outre-mer. Tout d’abord, il ne faut pas négliger le « contexte familial, social et religieux, qui favorise un contrôle parental et sociétal plus fort auprès des jeunes », avancent François Beck, Jean-Baptiste Richard, Thibault Gauduchon et Stanislas Spilka, les auteurs de l’étude. « Beaucoup de jeunes Antillais ne recherchent pas les effets procurés par ces produits, et n’ont peut-être pas envie de mettre en péril leur performance sportive », complète M.

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Fin de grève au crédit agricole : Les tenants et aboutissants d’un effroyable gâchis à venir !

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —

credit_agricole_gwada_40%L’art n’est donc pas seulement, comme on dit, celui de terminer une grève ; il consiste aussi dans la façon de la faire !

La grève au crédit agricole de Guadeloupe s’est achevée hier soir avec la signature d’un protocole d’accord finalisé de façon laborieuse et qui voit la direction du crédit agricole sortir de ce conflit totalement discréditée et affaiblie tant les concessions à l’intersyndicale ont été nombreuses . La direction du crédit agricole s’est littéralement couchée sur tous les points de la négociation . Mais est -ce à dire que les salariés du crédit agricole sortiront renforcés de ce bras de fer sur les 40% de vie chère . Rien n’est moins sûr, car le modèle économique et coopératif du crédit agricole est à bout de souffle , et des bouleversements importants sur l’emploi ne sont pas à exclure dans les 2 ou 3 années qui viennent .

Les salariés du crédit agricole ne vont -t-ils pas devoir eux mêmes se consumer sur le feu allumé par leur propre grève ? La direction a clairement signifié aux grévistes qu’elle allait taper fort, en gelant toutes les embauches au sein de l’entreprise et en redéfinissant une nouvelle feuille de route qui s’apparenterait fort, selon nous , à une prochaine restructuration de l’organisation du crédit agricole de Guadeloupe .

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Avignon 2016 (17) : « Quel petit vélo… ? »

 

Perec un extremis

— Par Selim Lander —

Perec Georges était un drôle de Quel petit vélozozo même qu’il aurait eu octante ans cette année, ou huitante, c’est selon, si des fois qu’il avait pas tiré sa révérence bien trop tôt, même qu’il est pas arrivé jusqu’au demi-siècle, lui qu’avait tant le talent pour faire immortel. Paraît qu’il était pas trop joyeux au fond de lui mais ça l’a pas empêché d’écrire pour faire marrer ses lecteurs. Et je suis pas « un psychanalyse », comme qu’il disait, mais je sais bien, moi, qu’il devait bien rigoler, lui aussi, quand il écrivait des choses comme les Choses dont je vous ai causé dans une précédente chronique. Juste en face des Hauts-Plateaux, dans ce théâtre consacré à la belgitude où ce qu’on joue Ils tentèrent de fuir, ce qui ne signifie rien mais comme je vous l’ai eu expliqué dans ladite chronique, c’est d’une modernisation des Choses qu’il s’agissait.

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« On vient à Avignon remonter l’horloge de la conscience »

— Par Marie-José Sirach —
avignon-2016Conférence de presse bilan sous les micocouliers. En présence de la ministre de la Culture Audrey Azoulay. Olivier Py avait les cernes des grands jours mais affichait un bilan globalement très positif.

Le rituel des chiffres auquel nous n’échapperons pas : 167 000 entrées (120 000 payantes, 47 000 gratuites), un taux de fréquentation de 95 %. Deux succès dans la cour d’Honneur (les Damnés et Babel). Bref, Olivier Py est un directeur heureux, parle d’« un moment de grâce », rend un hommage appuyé et mérité aux Cemea (mouvement national d’éducation populaire) dont l’action auprès des jeunes en fait depuis la création du festival une des plus belles écoles du spectateur… On ne retiendra rien de la ministre de la Culture, venue en représentation. Elle aurait pu annoncer une rallonge budgétaire pour la prochaine édition. Elle s’est contentée de dire que tout était formidable. Quant à Olivier Py, il a rendu hommage au public, à sa ferveur, à sa passion, à son engagement militant pour le théâtre et le festival. Aux équipes et aux artistes « tous soucieux de parler du monde, forts d’une conscience politique aiguë qui jamais ne cède au désespoir ».

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Loi-Travail : 61 députés de gauche et écologistes ont déposé un recours au conseil constitutionnel.

conseil_constitutionnelIls ont joint à la saisine un mémoire détaillant tous les motifs de ce recours. Les élus martiniquais et guadeloupéens toujours aux abonnés absents exception faite de Jean-Philippe Nilor.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil constitutionnel,
2 rue Montpensier,
75001 Paris

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil constitutionnel, nous avons l’honneur de vous déférer, en application du second alinéa de l’article 61 de la Constitution, la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels.
A l’appui de cette saisine, nous développons les griefs suivants.
* * *
Nous vous déférons aujourd’hui pour contrôle une loi dont la confection et l’adoption rapides ont révélé de graves négligences en matière de dialogue social et de respect du rôle du Parlement. Ce paradoxe entre l’importance des dispositions d’une loi concernant les millions de salariés de France, tant par leur contenu et leur étendue, et la procédure d’adoption de cette loi est inédit.
De prime abord, plusieurs éléments sont de nature à démontrer que le gouvernement n’a pas respecté les dispositions de la loi Larcher du 31 janvier 2007 sur la modernisation du dialogue social codifiées à l’article 1 du Code du travail qui prévoit que : “Tout projet de réforme envisagé par le Gouvernement qui porte sur les relations individuelles et collectives du travail, l’emploi et la formation professionnelle et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle fait l’objet d’une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel en vue de l’ouverture éventuelle d’une telle négociation.”

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Avignon 2016 (16) : « L’Illusion comique », « Oncle Vania », « La Main de Leïla »

— Par Selim Lander —

Illusion_comique_couv 1639Trois œuvres écrites pour le théâtre, par des auteurs dont il n’est pas nécessaire de vanter les mérites comme Corneille et Tchekhov, et celle d’une jeune auteure contemporaine, Aïda Asgharzadeh, qui s’est déjà fait remarquer pour sa pièce Les Vibrants.[i]

L’Illusion comique

Corneille écrivit cette pièce en 1635, un an avant le Cid. Il n’écrira plus ensuite que des tragédies (à l’exception du Menteur qui date de 1643). Cette tragi-comédie en cinq actes peut être considérée comme le type même de la pièce « baroque » à la française, avec en particulier un personnage, Matamore, directement inspiré de la Comedia dell’arte.

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Avignon 2016 (15) : « Place des Héros »

— Par Selim Lander —

place_des_heros-1Une pièce de Thomas Bernhard mise en scène par le prestigieux Krystian Lupa, on pouvait imaginer une moins bonne façon de clôturer le IN (qui a fermé ses portes le 24 juillet). Un vieux professeur de mathématiques, juif autrichien, s’est exilé en Angleterre pendant la Deuxième guerre mondiale ; de retour à Vienne après la guerre, il a constaté que rien n’avait changé, que les anciens nazis étaient toujours là sous l’étiquette de catholique ou de nationaliste ; il a, ce qui n’arrange rien, pris un appartement en plein centre, place des Héros, l’endroit même où les Autrichiens ont acclamé Hitler lors de son entrée dans la ville, en 1938. Ecœuré par l’atmosphère délétère qui règne en Autriche, il s’est résolu à regagner Oxford. Les malles sont déjà bouclées lorsqu’il se suicide. La pièce commence le jour de son enterrement.

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Avignon 2016 (14) : Het Land Nod, Rumeurs et petits jours

Par Selim Lander

Het Land NodHet Land Nod

Ce spectacle du collectif FC Bergman qui nous vient de Flandre n’est pas sans parenté avec celui d’Aurélien Bory puisque le décor joue un rôle important, avec des acteurs qui, pour certains, ont des dispositions pour la danse ou pour l’acrobatie. Et il s’agit à nouveau d’un spectacle captivant bien que sans parole. Il y a néanmoins des différences importantes. Le décor, d’abord, n’est pas mobile ; par contre il subira plusieurs dégradations au cours de la représentation. Ce décor reconstitue la grande salle d’exposition des tableaux de Rubens au musée d’Anvers. Musée en réfection, ce qui impose de décrocher les œuvres. Problème : le tableau Le Coup de lance est trop grand pour passer par la porte, comment le sortir de cette salle ? Plusieurs réponses possibles seront envisagées et expérimentées par l’un des employés du musée…

C’est le point de départ du spectacle mais il se passe bien d’autres choses dans cette salle ; bien que quasiment vide de tableaux, elle attire des visiteurs plus ou moins farfelus, sans compter le personnel du musée lui-même atypique.

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Medina Merika

— Par Michèle Bigot —

medina_merikaMise en scène, texte et musique de Abdelwaheb Sefsaf
Festival d’Avignon off 2016, Théâtre du Gilgamesh

Ceux qui ont manqué ce spectacle en janvier à la Maison des Métallos à Paris seront heureux de le retrouver à Avignon. On dira même que cette programmation s’imposait ! Merci au Théâtre du Gilgamesh, qui nous a gâtés, cette année ! Car le monde arabo-musulman et plus généralement oriental est à l’honneur au Festival d’Avignon : le In nous a gratifié d’un spectacle théâtral iranien (Hearing) sur Damas (Alors que j’attendais), d’un spectacle de danse libanais ( Fatmeh) . Le off n’est pas en reste. Dans sa chorégraphie intitulée We love Arabs, Hillel Kogan nous propose une rencontre inédite entre Juifs israéliens et Arabes israéliens. On a pu écouter également Place Tahrir, conçu par le conteur Jihad Darwihe à partir du témoignage de femmes égyptiennes. C’est un orient imaginaire que nous propose Abdelwaheb Sefsaf ; il n’en est pas moins une synthèse actuelle des aspirations du monde arabo-musulman telles que les ont exprimées les printemps arabes. Cette fable tragi-comique évoque successivement Beyrouth, Alger, Bagdad.

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La tête des porcs contre l’enclos

— Par Michèle Bigot —

la_tete_des_porcsPièce chorégraphique et texte de Marine Mane
Festival d’Avignon off 2016, Caserne des Pompiers, 9-26/07

Depuis plusieurs années, à la tête de la compagnie In Vitro, Marine Mane explore dans ses mises en scène les traces intimes qui dessinent les parcours individuels et collectifs. Son théâtre est un théâtre du corps, où la danse occupe une place prépondérante, accompagnée par des dispositifs sensoriels, visuels autant que sonores. La tête des porcs contre l’enclos est le fruit d’une écriture personnelle. Sa création date de 2015. Il s’agit d’une œuvre scénique où se mêlent plusieurs genres artistiques : le plasticien, le musicien, les danseurs-acrobates, les acteurs ont conjugué leur effort pour produire un spectacle total. Il s’agit de cartographier la mémoire d’une enfant blessée. Non pas de raconter un traumatisme mais d’en parcourir les traces : mémoire du corps, empreinte sensorielle, la mémoire effectue son travail en direct sur le plateau, restituant des impressions, des images, des émotions.
Une voix off surgit, qui nous dit à quel point les mots peinent à exprimer les affects liés au traumatisme.

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A travers cinq expositions, la Collection Lambert apporte sa pierre au Festival d’Avignon

— Par Dominique Daeschler —

La prestigieuse collection Lambert, qui pourrait avoir son pendant ici en Martinique avec la Fondation Clément, s’est elle aussi agrandie, croquant l’hôtel de Caumont qui abritait l’école des beaux arts en le jouxtant à l’hôtel de Montfaucon. Elle expose simultanément et jusqu’en novembre, Andres Serrano accompagné de Goya, Amos Gitaï, Christophe Gin, le collectif autour de Thierry Thieû Niang.
Torture – Andres Serrano.
Andres Serrano, newyorkais aux origines afro-cubaine et hondurienne, dans une exposition dénommée Tortures, dans l’esprit de son travail sur le corps, l’éros et le thanatos, son intérêt pour les aliénations sociales et politiques, donne à voir en série des corps photographiés en noir et blanc dans des situations diverses, de torture (en référence aux camps nazis, à la Stasi, à l’Orient et l’axe du Mal, Guantanamo et le Bloody Sunday irlandais). Comme toujours son travail est provocateur (on se souvient du vandalisme de son Piss Christ ici même en 2006). Les corps et les visages torturés sont beaux, rappelant à la fois le chemin de croix du Christ (Serrano est très influencé par son éducation catholique) et, entre autre, car symboliques de sociétés nanties et racistes, les violences américaines du KKK.

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Avignon 2016 (13) : « Artaud-Mômo », « Jaz », « Hearing »

— Par Selim Lander —

artaud momoArtaud-Mômo

Ce spectacle proprement extraordinaire ne cesse de tourner et de revenir au théâtre du Chêne Noir où il a été créé en 2000 dans une mise en scène de Gérard Gelas avec Damien Rémy. Doublement extraordinaire à vrai dire et d’abord en raison du texte, celui de la fameuse Conférence du Vieux Colombier, là-même où Artaud s’était illustré comme comédien, sa dernière apparition publique. Une conférence que, à vrai dire, trop atteint par sa folie, il fut incapable de donner véritablement, tentant d’improviser quelque temps, accusant l’aliéniste de Rodez d’être responsable de son état à cause des électrochocs, avant de s’interrompre prématurément, non sans avoir plongé dans le malaise l’assistance nombreuse et choisie venue l’écouter.

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Le Festival dans la rue

— Par José Alpha —

festival_de_rue_j_alpha-1Le lancement du 45 eme Festival culturel de la ville de Fort de France, attendu par les Martiniquais et les nombreux juillettistes visiteurs du pays, a clairement affiché une orientation de plus en plus développée par les grands rassemblements internationaux des Arts de la rue : le Carnaval des Arts.

L’important public massé tout le long de la rue de la Liberté, a découvert avec ravissement , pour cette 6eme édition, la grande parade des artistes invités à surprendre, émerveiller et à questionner. Un peu comme durant ces jours gras du Carnaval caribéen avec ses explosions de couleurs, de musique et d’émotions créées par ses extraordinaires mises en scène, la soirée féérique du dimanche 3 juillet dernier a illuminé la savane de Fort de France jusque tard dans la nuit malgré les averses de fin de carême.

Les talentueux jongleurs de lumière, les cracheurs de feu, les masques et tous ces personnages insolites, fantômes, satires politiques, échassiers lumineux, marionnettes géantes, portés par les « vidés » des groupes musicaux et danseurs de rue, ont surpris les spectateurs ; ici par la magnificence du geste poétique , là par des imaginaires doucement détachables de l’être social comme ces étonnantes bulles et personnages lumineux qui mettent en lévitation des univers « extraterrestres » hantises des enfants et de « tous ceux qui le sont encore ».

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Avignon 2016 (12) : « ESPÆCE », « Looking for Alceste », « Sous la  glace »

Par Selim Lander

EspaeceESPÆCE

Le décor fait son théâtre

Le IN est un lieu d’expériences, ce qui ménage de bonnes comme de moins bonnes surprises. ESPÆCE d’Aurélien Bory fait partie des très bonnes. Son titre combine les deux termes du texte de Perec, Espèce d’Espace, dont A. Bory dit s’être inspiré, particulièrement de sa dernière phrase :

« Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes au vide qui se creuse, laisser quelque part un sillon, une trace, une marque ou quelques signes »

La proposition est très générale et l’on pourrait l’illustrer de multiples façons. Dans ESPÆCE les traces sont non-verbales et quand des chants se font entendre on n’en comprend pas les paroles. Si ce spectacle est à classer dans le théâtre d’objets, l’expression n’est pas à prendre au pied de la lettre, de la lettre « S » précisément, puisqu’il n’y a ici – en dehors du prologue, un ballet de trois barres de fer suspendues horizontalement, aussi longues que la scène de l’Opéra d’Avignon est large – qu’un seul objet, mais géant : le décor, soit au départ  un simple mur gris qui ferme toute la scène (on imagine donc son ampleur).

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Iliade

— Par Michèle Bigot —

iliadeD’après Homère

Mise en scène : Pauline Bayle

Festival d’Avignon, off 2016, La Manufacture, 6-24/07

Le spectacle commence dans la cour de la Manufacture ; les spectateurs sont en train d’attendre l’entrée quand débarquent parmi eux d’abord Achille, puis Agamemenon.

Déroute dans la foule ; étonnement, incrédulité ! Le rôle d’Achille est interprété par une jeune femme d’une rare énergie. Soudain, confondu dans les rangs des spectateurs, surgit Diomède, qui tente d’apaiser les conflits. Achille est en colère parce qu’Agamemnon lui a volé sa prisonnière, la belle Briséis. Il a ainsi porté atteinte à son honneur devant toute l’armée grecque. Le conflit est inévitable. Achille se retire dans sa tente ; il jure de ne plus participer aux combats qui opposent les Grecs aux Troyens.

Comment faire revivre cette légende épique aujourd’hui , ce poème plein de bruit et de fureur et de sang ? On a bien réussi avec le Mahabharata, pourquoi pas avec l’Iliade ? telle est la gageure.

Pauline Bayle relève le défi, en compagnie des remarquables comédiens de sa compagnie, « A Tire d’Aile ».

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Impasse de la grève au crédit agricole : l’issue du conflit commence à inquiéter…!

— Par Jean-Marie Nol, Économiste financier —
credit_agricole_gwada_40%Charge de travail plus importante, pression accrue pour améliorer la productivité et précarité exacerbée du marché du travail sont autant de facteurs qui contribuent à augmenter le stress du personnel des banques .L’exemple du crédit agricole est édifiant avec la technique de management dite du boulon pour serrer au maximum les coûts notamment salariaux de l’entreprise et augmenter la productivité des salariés qui doivent remplir des objectifs de performance précis, mais n’ont souvent que peu d’autonomie pour y parvenir. Sans surprise, ces conditions de travail sont source de tension et parfois même de souffrance psychologique (Burn Out ). De nos jours, l’environnement économique est marqué par un contexte de mondialisation appuyée par une liberté de commerce et d’industrie. Cette mondialisation a permis de lever les frontières et d’agrandir le marché économique ce qui a conduit à une rude concurrence entre opérateur économique notamment dans le milieu bancaire .
La rigoureuse concurrence instaurée par la mondialisation conduit les entreprises à procéder à des restructurations pour leurs survies. « Les salaires sont trop élevés, nous ne pouvons plus payer ce que nous avons payé ces dernières années.

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T-shirts et engagement

— Par Culture Egalité —

culture_egal_tee_shirt-1Des tables, de la peinture, des pinceaux des pochoirs et des, tee-shirt, samedi 16 juillet, place de l’Enregistrement… L’association CULTURE EGALITE avait installé un atelier de création de tee-shirt pour que chacun-e puisse afficher son engagement à défendre les droits humains donc les droits des femmes. Des slogans, des mots étaient proposés : « Je m’engage », « Je suis debout », « libre, autonome, solidaire », « Comme Lumina je résiste », « An féminis sé mwin, sé wou, sé li… » Toute la matinée des femmes, des hommes ont réalisé leur tee-shirt dans une ambiance conviviale.
Plus d’une trentaine de tee-shirt a ainsi été réalisée. Les militantes de l’association ont distribué de nombreux journaux et tracts sur les droits des femmes, la vie des femmes Martiniquaises qui ont marqué l’histoire de l’île, les violences faites aux femmes, le respect des droits humains.
Une façon originale, dynamique et joyeuse pour CULTURE EGALITE d’amener les participant-e-s à s’interroger, à prendre la parole, à agir. Une façon pour que chacune, chacun soit sensibilisé-e à la nécessité d’être acteur et actrice d’une société nouvelle avec plus de justice, d’équité, d’égalité : une véritable démocratie.

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Avignon 2016 (11) : « Les Créanciers », « Après la pluie », « 24 heures de la vie d’une femme », « Fight Night »

— Par Selim Lander —

affiche OFFEh non, le théâtre n’est pas encore complètement mort en Avignon ! Il existe encore des metteurs en scène et des comédiens qui bravent la mode de l’adaptation d’un roman ou autre « écriture de plateau » pour se saisir d’un bon vieux texte de théâtre, i.e. écrit pour être joué sur une scène, et essayer de le traduire fidèlement (ce qui n’interdit évidemment pas de faire preuve de modernité : la matière théâtrale n’est pas figée, le même texte peut donner lieu à bien des interprétations, et chaque époque a sa propre lecture du passé).

Même dans le IN, il peut arriver de tomber sur une (vraie) pièce de théâtre (voir notre billet n° 10 consacré au Radeau de la Méduse). C’est plus fréquent dans le OFF, sans que l’on puisse dire pour autant que ces pièces y soient les plus nombreuses, car il laisse de plus en plus de place aux adaptations d’œuvres littéraires, aux seuls en scène (comiques ou non), à la danse, au (nouveau) cirque, etc.

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USA : Le vieux racisme tue toujours

— Par Gilbert Pago, (président du Comité martiniquais « Sauvons Abu Jamal ») , Max Rustal, Jacqueline Tally
lesha_evansAutant il est bien établi que le concept de « races humaines » est disqualifié par les progrès de la génétique, autant on peut observer que sur le terrain, les impalpables chromosomes s’effacent devant les couleurs de la peau, les cultures et les mœurs, et invariablement les intérêts.
Loin d’être le seul théâtre des drames découlant de la racialisation des rapports humains, les USA en constituent cependant un terrain d’observation aussi immense que particulier : génocide amérindien, traite des Noirs et esclavage, guerre d’indépendance, guerre de sécession, abolition suivie d’un siècle de ségrégation raciale dûment codifiée, dur combat inachevé pour l’égalité formelle. Et puis tout récemment, le grand paradoxe de l’accession d’un Afro-étasunien à la magistrature suprême de ce pays toujours majoritairement blanc ; événement impensable dans bien d’autres républiques présumées au-dessus de tout soupçon, et qui fit naître bien des espoirs.

Un président afro-descendant, et pourtant…
Pourtant, l’élection de Barack Hussein Obama à la présidence de la république du pays actuellement le plus puissant et le plus riche (en termes de PIB) de la planète, n’a pas généré longtemps des illusions.

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Loi-Travail : la bataille ne fait que commencer

— Par collectif ( dont Alfred Marie-Jeanne & Jean-Philippe Nilor )—

loi_travail_non_merci-2« Ce mercredi 20 juillet, la loi Travail a donc été définitivement adoptée. Au cœur de l’été, il ne faut pas lâcher,mais continuer à dire pourquoi ce fut le moment le plus insupportable de ce quinquennat pour qui ne se résigne pas à la dégradation des droits des salariés français et au déni de démocratie.

Avec cette loi, le code du Travail sera plus complexe, et moins favorable aux salariés. Cette loi ne modernise pas, elle réduit les protections. Et derrière le motif légitime de favoriser la négociation sociale, en réalité elle fragilise les travailleurs et affaiblit la démocratie dans l’entreprise. Elle est adoptée sans dialogue et négociations apaisés avec les partenaires sociaux.

Sans le soutien des citoyennes et des citoyens, qui continuent très majoritairement à rejeter un texte aux antipodes des engagements pris par la majorité pour laquelle ils ont voté en 2012. Sans un débat parlementaire à la hauteur des cinquante-deux articles et des nombreux thèmes abordés dans ce projet de loi, visant à terme la réécriture de l’ensemble de la partie législative du Code du Travail.

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Laissez nous vieillir !

— Lucien Cidalise Montaise —

equilibre« Nos sincères condoléances aux familles martiniquaises endeuillées ».
Les déchirants et sanguinaires événements de ces derniers temps en Europe et surtout en France, nous ont abasourdis par leur cruauté. Existe-il d’autres termes pour qualifier pour l’Histoire, ces dramatiques moments ? Même les présentateurs télé pourtant habitués à présenter les laideurs qui ensanglantent quotidiennement le monde étaient désemparés. Ne sachant que dire, mais surtout comment dire ! L’on assiste accablé, confondu de questionnement à un drame qui rapidement s’avérera monstrueux.
On tue, on assassine ! La terreur s’empare de tout ! Et se met en marche, la technologie de l’information, esclave de l’audimat. Français le chauffeur ? Non ! Étranger ? Oui ! Enfin un peu. Franco-Tunisien !!! NON Tunisien… ON souffle ! Les terroristes ne sont jamais des Français à part entière type F.N. La salissure communautariste étouffe tout.
Malgré leur immense douleur, les Français interrogés se sont montrés dignes. Ni allusion tendancieuse à l’origine du tueur, ni condamnation d’une quelconque appartenance à une communauté qui souvent a donné la preuve qu’elle appartenait à la France.

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Etat d’urgence : no limit

— Le Syndicat de la Magistrature —
etat_d_urgence-4Nuit houleuse à l’Assemblée. Pourtant, de l’inefficacité manifeste de l’état d’urgence pour lutter contre les actes terroristes et les prévenir, relevée par les divers rapports parlementaires dont le plus récent rappelait que « les mesures prises pendant l’état d’urgence n’ont pas été évoquées par les spécialistes de la lutte contre le terrorisme comme jouant un rôle particulier dans celle-ci », il n’a été que très peu question. Encore moins, évidemment, des dérives que ce régime d’exception contient et produit.

Les débats autour de la quatrième prorogation de l’état d’urgence ont été saturés de postures politiques et de surenchère sécuritaire. Au-delà des discours insoutenables assumant une rupture avec l’Etat de droit, c’est le texte même de la loi adoptée hier qui appelle un sursaut démocratique.

Après huit mois d’état d’urgence, chaque prorogation de ce régime – qui n’est plus temporaire que dans les arguties de ses défenseurs – devrait être âprement débattue et soumise à un débat démocratique plus intense. L’élan parlementaire est absolument inverse : fixation à six mois au lieu de trois de la durée de prorogation, contrôles et fouilles sans limites et sans réel motif, retenue des personnes pour la durée de la perquisition administrative, abandon des exigences formelles minimales pour les perquisitions dites « par ricochet ».

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Quand le régime d’exception devient la règle

— Par Grégory Marin et Lionel Venturini —

benjamin_franklinLa droite a mené hier l’offensive sécuritaire à l’Assemblée nationale, réclamant la prolongation pour « au moins » six mois de l’état d’urgence. Le gouvernement cède : droits de rassemblement et de manifester, libertés individuelles… au-delà de la lutte contre le terrorisme, c’est l’État de droit qui est menacé.

Après une campagne présidentielle 2007 placée sous le signe de l’identité, un scrutin 2012 dominé par l’insécurité, 2017 sera-t-elle placée sous celui de la lutte contre le terrorisme ? Le gouvernement, pressé par une même urgence que la droite et l’extrême droite, semble diriger le débat politique vers cette impasse. La prolongation de l’état d’urgence, au-delà des trois mois présentés initialement par le gouvernement, devait atteindre six mois – une condition préalable posée par la droite – pour englober les 13 novembre et 7 janvier.

« Ça va être difficile de sortir de l’état d’urgence avant la présidentielle », déplorait hier le député Sébastien Pietrasanta, coauteur du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre. Le gouvernement aborderait cette séquence politique inhabituelle pour partie sous la contrainte, entraînant avec lui un PS en panne d’initiative.

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