Jour : 26 juin 2016

« Buffet à vif » : une chorégraphie de la démolition

—Par Michèle Bigot —

buffet_a_vifBuffet à vif

Marguerite Bordat, Raphaël Cottin, Pierre Meunier

Théâtre de la Bastille, 15/ 06-1/07 2016

Pierre Meunier est un habitué du Théâtre de la Bastille. On a pu y voir dans les années passées Le Tas (2002) Sexamor (2010) Du fond des gorges (2011), et La Bobine de Ruhmkorff (2013). On connaît son univers si poétique dans son obsession de matérialité. Pierre Meunier se heurte à la matière, ou plutôt il s’y confronte. Il récidivera la saison prochaine (toujours en collaboration avec Marguerite Bordat) pour présenter Forbidden di sporgersi (d’après Algorithme éponyme de Babouillec).

Déjà en 2003 avec Le Tas, la confrontation tournait à l’acharnement : P. Meunier fait sa fête (dans tous les sens du mot) au « tas ». Il n’a pas trop d’une masse pour s’attaquer à un tas. Un tas de quoi ? peu importe : un tas ! qu’il s’agit d’entamer, voire de pulvériser si c’est possible. On verra bien ce que peut l’homme seul face aux lois de la matière. En tout cas détruire le tas, c’est le mettre à mal, mais c’est aussi l’explorer.

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La Loi de la jungle : dans les neiges de Guyane

A Madiana : Antonin Peretjatko moque les normes européennes dans une comédie baroque à la fois potache, mordante et tropicale.

la_loi_de_la_jungle— Par Alexis Campion —

La Loi de la jungle

D’Antonin Peretjatko, avec Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus. 1 h 39.

Synopsis:

Stagiaire au ministère de la Norme, Marc Châtaigne est envoyé en Guyane pour examiner la construction d’une station de ski. Avec sa guide drôlement sexy (Vimala Pons), il affronte de multiples dangers parmi lesquels un huissier plus zélé que Terminator (Fred Tousch), un bureaucrate dans les choux (Mathieu Amalric), un fleuve furieux, des bestioles bizarres… Si l’on voit peu d’Amérindiens dans ce voyage inopiné, c’est que l’itinéraire choisi par Antonin Peretjatko explore avant tout les ténèbres d’une administration grotesque, plaçant ses intérêts à court terme loin devant toute cohérence. Le résultat est une comédie baroque et satirique, parfois frénétique et absurde, pourquoi pas romantique. Sa fantaisie échevelée apparaît en décalage avec la vogue actuelle des comédies pas drôles qui réexpliquent sans fin le racisme ou les inégalités. Ici plongés dans les méandres du tourisme, du fait colonial et de l’hypocrisie administrative, on rit d’un sujet pas moins délicat ni ambitieux – celui des normes et de leurs instigateurs – mais aussi de pures vétilles et sans se prendre au sérieux.

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