Jour : 30 avril 2016

Femmes en terre d’islam : « Dégradé » et « Fatima »

— Par Selim Lander —

Dégradé

Dégradé d’Arab et Tarzan Nasser

Un film palestinien : rien que cela justifie de se précipiter pour voir à quoi cela peut bien ressembler. Et cela vaut effectivement le déplacement. Réunir une petite dizaine de femmes dans un salon de coiffure n’est pas absolument original mais quand il s’agit, pour ces femmes, d’à peu près le seul endroit où elles peuvent se retrouver entre elles, donc sans voiles, loin des hommes, cela devient très intéressant. A-t-on remarqué que le cinéma est devenu aujourd’hui, pour qui n’est pas « grand reporteur »,  l’un des rares moyens, le seul peut-être de découvrir des sociétés qui nous sont en général inaccessibles. Parmi ces sociétés, les terres d’islam nous intéressent particulièrement, compte tenu de la propension à l’expansionnisme de cette religion, sans parler de la violence qui se déchaîne en son nom, jusque chez nous.

A Gaza, la violence est omniprésente, et constante, s’il faut en croire le film, et elle ne vient pas seulement d’Israël, elle semble ancrée chez les hommes comme un chancre dont ils n’ont aucun moyen de se défaire.

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« Amphitryon » de Molière

— Par Selim Lander —

amphitryonMolière a eu une carrière compliquée. Aussi talentueux qu’audacieux, il se heurtait fatalement aux jaloux et à tout ce que la France – en fait Paris – connaissait de conservateurs en tout genre. C’est miracle qu’il ait, bon an mal an, bénéficié de la faveur d’un monarque absolu comme Louis XIV. Néanmoins, quand il avait lancé dans le public une pièce sujette à controverse, comme ce fut le cas du Tartuffe, il était opportun de calmer le jeu avec une comédie qui ne pouvait choquer personne.

Tel fut le cas d’Amphitryon, conte mythologique qui raconte les amours de Jupiter avec une humaine, Alcmène, fort éprise de son mari Amphitryon. Jupiter profite du départ d’Amphitryon à la guerre pour prendre son apparence et se faire aimer d’Alcmène. Il est accompagné de Mercure qui prend, quant à lui, l’apparence de Sosie, le valet d’Amphitryon, et qui est chargé d’empêcher que les amours du dieu des dieux ne soient perturbées par le retour intempestif du guerrier ou de son véritable serviteur.

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Une Antigone plurielle et collective

— Par Marina Da Silva —
Lucie Berelowitsch fait résonner la révolte d’Antigone dans l’Ukraine contemporaine avec des acteurs ukrainiens et français. Un chant de soulèvement et d’amour parfaitement composé.

antigone_lucie_berelowitschLa pièce s’ouvre par l’affrontement jusqu’à ce que mort s’ensuive entre Polynice et Etéocle dans une piscine désaffectée. Gladiateurs des temps modernes, leurs râles virils nous apitoient et nous irritent. A jardin, le chœur « cabaret-punk » des Dakh Daughters, accompagne cette lutte fratricide de chants qui étreignent l’âme. Ce collectif de comédiennes, chanteuses et musiciennes ukrainiennes engagées, est l’axe-pivot de l’Antigone que signe Lucie Berelowitsch. La metteure en scène de culture russe et française était invitée à créer à Kiev en avril 2015. Devant les traces des barricades de la place Maïdan, signes-témoins d’une guerre sans nom, elle s’interroge : « Que faire avec sa mémoire, comment honorer les morts, comment reconstruire à partir des cendres, comment réapprendre à vivre ?» Un questionnement à l’œuvre depuis l’infini du temps dans l’Antigone de Sophocle qu’elle va croiser avec celle de Brecht, inspirée de la traduction d’Hölderlin, pour éclairer la tragédie ukrainienne contemporaine.

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