Jour : 28 novembre 2015

Deux filles en vedette au festival de jazz

— Par Selim Lander —

Yilian CanizaresOn ne dira pas  « celle qui croyait au ciel et celle qui n’y croyait pas », ignorant les penchants métaphysiques de ces jeunes dames ou demoiselles du jazz, toutes deux charmantes et pourvues d’une voix agréable à défaut d’être transcendante. Deux métisses au teint de sapotille, la mince et la ronde, deux filles des îles, l’une de Cuba à la crinière rousse, l’autre du Cap-Vert à la crinière brune, celle qui nous attendrissait avec son français imparfait ; celle qui nous impressionnait avec sa maîtrise parfaite de notre langue prononcée de surcroît avec l’accent des élites parisiennes ; celle qui avait convoqué un « vrai » pianiste et un « vrai » bassiste jouant sur des instruments acoustiques et elle-même au violon (tous amplifiés, évidemment, nul n’est parfait) et celle qui préférait être accompagnée par des instruments électriques (orgue, guitare, basse) ; celle qui la jouait sexy, hauts talons, mini short, jambes et dos nus, et celle qui dissimulait ses formes sous un costume de scène d’inspiration ethnique (talons plus sages, jupe longue et des épaulettes pour agrémenter le haut ; celle qui aimait le jazz classique et celle restait plus accrochée à ses racines insulaires.

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« Les Jeunes De Banlieue Mangent-ils Les Enfants ? » de Thomas Guénolé

Le « jeune-de-banlieue » est devenu l’ogre des temps modernes. Arabe mal rasé de 15-35 ans vêtu d’un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et une kalachnikov dans l’autre. Il fume du shit dans les cages d’ascenseur, il brûle des voitures ; il gagne sa vie grâce à des trafics de toutes sortes et en fraudant les allocations sociales. Sa sexualité consiste à violer les filles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches djihadistes de l’« islam-des-banlieues », dans des caves également. Il hait la France, l’ordre, le drapeau, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : « les Blancs »). Il aime le jihad et l’islamisme. Son rêve : partir en Syrie se battre aux côtés d’Al Qaïda, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. Il ne serait donc pas étonnant que bientôt les parents disent à leurs enfants : « Si tu n’es pas sage, le jeune-de-banlieue viendra te chercher. »

La réalité est moins spectaculaire… L’ascenseur social étant à l’arrêt depuis longtemps, seule une toute petite minorité de jeunes de banlieue arrive à s’en sortir.

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Un « devoir d’histoire et d’information »

— Par Serge Harpin —

« Ce sont des indépendantistes hargneux et revanchards » (dixit la Vice Présidente de Région, « Décryptage » du 15/10/15, Martinique Première Radio). L’expression, très en vogue parmi ceux de l’axe, se veut être, dans le bréviaire du parfait EPMN, un constat, une indication neutre et surtout pas un anathème. Aucun argument d’ailleurs ne suit généralement cet énoncé. Il se suffirait, pense t-on, par lui-même. Et, à vrai dire, les prédicats ou qualificatifs qui s’agglomèrent pour ainsi dire à la formule, tels « hargneux » et « revanchards» ne sont que redondances, répétitions car déjà contenus de fait dans l’acception du mot « indépendantiste » ; ceci par l’incidence du contexte d’utilisation. Un contexte historiquement et politiquement marqué puisque le mot n’apparaît habituellement, avec il faut le souligner une fréquence élevée, qu’en situation de campagne électorale où il fonctionne de manière exclusivement polémique, et ce, sous le mode d’arguties politiciennes. Certains ont pensé, sans doute sous la pression de l’opportune injonction du « no cancan », qu’il ne faudrait pas relever ce qui pourtant de toute évidence est constitutif d’une stratégie de communication de campagne.

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MJF2015 : entre Jazz et Variété, deux trentenaires sur scène

— Par Roland Sabra —

D’Ylian Cañizares, la critique dans son ensemble vante les qualités. Helvético-cubaine, née à la Havane elle réside en Suisse, violoniste de l’école russe, elle construit sa formation de Caracas à Fribourg où elle découvre le jazz de Stéphane Grapelli qu’elle va mêler à ses ascendances afro-cubaines pour fonder Ochulare Quintet avec David Brito (contrebasse), Daniel Stawinski (piano) et Cyril Regamey (batterie). C’est avec cette formation qu’elle s’est produite à Fort-de-France dans le cadre du MJF2015. Sa musique se situe au confluent des sonates de Bach, des chants yoruba d’Afrique de l’ouest, du jazz latino. Du souvenir de Chopin à celui de Chucho Valdès en avalant les mémoires new-yorkaises du jazz américain mâtiné façon bossanova elle se ballade avec la tranquille certitude que l’avenir est à elle. Ce en quoi elle n’a pas tout à fait tort. Entre hybridation et éclectisme son répertoire témoigne d’une recherche, d’un chemin qui se défriche à l’avancée du pas. Elle chante en espagnol, en yoruba, en français. Et si l’éclectisme verse par moments dans un syncrétisme brouillon, si elle s’aventure, parfois avec facilité, sur le registre de la variété, c’est qu’elle est le reflet d’un temps ou les repères s’effacent, ou les genres se défont.

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