Jour : 10 novembre 2015

La condamnation de Dieudonné était justifiée, affirme la CEDH

dieudo_senti_movaiLa condamnation en France du polémiste Dieudonné à 10 000 euros d’amende pour une mise en scène jugée antisémite, en décembre 2008 au Zénith de Paris, était entièrement justifiée, a estimé mardi 10 novembre la Cour européenne des droits de l’homme.

La juridiction du Conseil de l’Europe déclare irrecevable la plainte de Dieudonné M’Bala M’Bala, en estimant qu’il tente de « détourner » le droit à la liberté d’expression en l’invoquant « à des fins contraires au texte et à l’esprit de la Convention [européenne des droits de l’homme] qui, si elles étaient admises, contribueraient à la destruction des droits et libertés garantis par la Convention ».

La décision d’irrecevabilité est, par nature, définitive. La condamnation contestée concernait une mise en scène et des propos tenus lors d’un spectacle au cours duquel Dieudonné avait fait monter sur scène l’historien négationniste Robert Faurisson, auquel un individu déguisé en déporté juif avait remis le « prix de l’insolence et de l’infréquentabilité ».

Dieudonné à été condamné à sept reprises pour injure ou provocation antisémite. Il a notamment été condamné à deux mois de prison avec sursis le 18 mars 2015 pour apologie d’actes de terrorisme en raison d’un message posté sur internet après les attentats djihadistes qui ont fait 17 morts début janvier en France.

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Deux volumes pour marcher avec Foucault

michel_foucaultŒuvres (tomes I et II), de Michel Foucault. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 59,50 euros l’unité.Critique Maladie mentale, prison, sexualité… Ces publications nous rappellent combien les immersions de Foucault en territoires désertés continuent d’être déterminantes.

Frédéric Gros, auteur de Marcher, une philosophie (Carnets nord), a le goût des traversées. Cet universitaire rompu aux travaux personnels et collectifs sur Michel Foucault – attraction intellectuelle qui remonte à sa thèse – est aussi l’initiateur d’essais affûtés, dont États de violence et le Principe Sécurité parus chez Gallimard (« NRF Essais »). Il ne s’agit pas ici de l’exercice solitaire incarné par les promenades rituelles de Kant à Königsberg, mais du pèlerinage de plusieurs fidèles. Dans l’entreprise fastidieuse de « la Pléiade », l’action organisatrice du chef d’orchestre importe autant que le choix des musiciens. La partition est servie par des collaborateurs aguerris : François Delaporte, Jean-François Bert, Philippe Chevallier, Bernard Harcourt, Martin Rueff, Philippe Sabot et Michel Senellart. L’introduction, subordonnée à une chronologie soignée de Daniel Defert, condense admirablement les défis théoriques posés par l’œuvre de Foucault. Le tome I (1926-1967) se concentre sur les textes fondateurs : sa volumineuse Histoire de la folie à l’âge classique côtoie ses réflexions sur la Naissance de la clinique et Raymond Roussel et son non moins décisif les Mots et les Choses.

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André Glucksmann est mort

andre_glucksmannIncarnation de l’intellectuel engagé et grande figure du mouvement des « nouveaux philosophes », André Glucksmann est mort dans la nuit de lundi à mardi à 78 ans, après avoir fait de la dénonciation des crimes du communisme et du totalitarisme le combat de sa vie.

« Mon premier et meilleur ami n’est plus. J’ai eu la chance incroyable de connaître, rire, débattre, voyager, jouer, tout faire et ne rien faire du tout avec un homme aussi bon et aussi génial. Voilà, mon père est mort hier soir », a écrit son fils, le réalisateur Raphaël Glucksmann, sur Facebook.

Malade, ce penseur très médiatique ne faisait plus d’apparition publique ces dernières années. « Il avait plusieurs cancers, il s’est vraiment battu », a confié l’un de ses éditeurs.

Cet homme « a toute sa vie durant mis sa formation intellectuelle au service d’un engagement public pour la liberté », a souligné François Hollande, tandis que Manuel Valls saluait celui qui « guidait les consciences ».

Proche des « maos » français à la fin des années 1960, le philosophe avait rompu spectaculairement avec le marxisme au milieu des années 1970, dénonçant le Goulag, puis la tragédie des « boat people » fuyant le Vietnam communiste.

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Le « Nu couché » d’Amedeo Modigliani vendu 170,4 millions de dollars

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Le « Nu couché » d’Amedeo Modigliani a été vendu aux enchères 170,4 millions de dollars à New York. Il s’agit d’un record mondial pour le peintre italien.

Une toile d’Amedeo Modigliani « Nu couché », considérée comme une de ses oeuvres majeures, a été adjugée lundi soir 170,4 millions de dollars chez Christie’s à New York, un record mondial aux enchères pour le peintre italien.

« Nu couché » a été adjugé sous les applaudissements d’une salle comble, après neuf minutes d’enchères enfiévrées entre sept acheteurs. C’est un enchérisseur chinois qui l’a emporté au téléphone, a précisé la maison d’enchères, qui avait estimé la toile à 100 millions de dollars.

« Nu couché » est ainsi devenue la deuxième toile la plus chère jamais vendue aux enchères, après « les femmes d’Alger (version O) » de Pablo Picasso, adjugée en mai dernier 179,4 millions, également chez Christie’s à New York.

La toile, peinte en 1917-1918, montre une femme brune nue alanguie sur un canapé rouge et un coussin bleu. Elle faisait partie d’une série de nus créés par le peintre et sculpteur (1884-1920) installé à l’époque à Paris.

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Roland Barthes, hédoniste à fleur de mots, refait signe

CENTENAIRE de Roland Barthes, né le 12 novembre 1915 à Cherbourg et mort le 26 mars 1980 (à 64 ans) à Paris
barthes_roland— Par Nicolas Dutent —

Une actualité variée (publications, lectures, conférences, expositions) mobilise tous nos sens pour célébrer le centenaire de sa naissance. 
Elle restitue les engagements, les affects et l’acuité de celui qui fut tout à la fois un amoureux et un déconstructeur de la langue.

« C’est l’intime qui veut parler en moi, faire entendre son cri, face à la généralité, à la science. » Dans le Bruissement de la langue, Roland Barthes, écrivain, critique et sémiologue, résume en quelques mots d’une clarté admirable la trame intellectuelle de son œuvre. Cet « enragé de la langue », selon la formule de Maurice Nadeau, découvreur qui lui ouvre les pages de Combat, aurait eu 100 ans cette année. Pour cet anniversaire, des intimes ont choisi de parler de lui, d’emplir l’époque de sa voix, chaude et pénétrante, et de ses écrits, où frissonnent invariablement le sens et le désir. Cet hommage, polymorphe, croise avantageusement les médiums.

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