Jour : 22 avril 2015

Valeska & You

valeska_&_youLe Domaine de Fonds Saint-Jacques, Centre Culturel de Rencontre accueille en résidence de création Annabel Gueredrat (Cie Artincidence) du 13 au 25 avril 2015.
Distribution : Annabel Guérédrat, conceptrice & performeuse danseuse
Joël Julian’s, musicien batteur
Séverine Rième, éclairagiste

QUI ETAIT VALESKA GERT ?
Valeska Gert (1892-1978), était une danseuse cabarettiste, avant-gardiste expressionniste berlinoise des années 1920. L’expressivité intense de son visage, le démembrement de ses bras & jambes, la vulnérabilité qui se dégage dans ses danses m’ont touchée; aussi le fait qu’elle soit dans une forme d’autodérision, comme une danseuse folle, idiote (pour reprendre la figure de Dostoïevski) avec une façon quasidiabolique d’utiliser son corps comme médium. Valeska se surnommait elle-même la sorcière. J’ai eu envie de danser pour elle et avec elle. C’est comme donner une figure à tous ces corps éclatés de la vie moderne, à toutes ces « vies crevées » : les marginaux, les laissés pour compte, les prisonniers, les prostituées.
C’est sa source d’énergie. À son époque, elle passait pour virulente & provocatrice. À mes yeux, elle est l’une des pionnières de la danse contemporaine.

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Cannes 2015 : le jury fait peau neuve

— Par Julia Beyer —
jury_newXavier Dolan, Sienna Miller, Jake Gyllenhaal… Les frères Coen s’entourent de jurés à peine trentenaires pour départager les films en compétition.
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Les jurés du 68e Festival de Cannes, présidé par les frères Coen, viennent d’être dévoilés à travers un communiqué officiel.

Ethan et Joel seront donc entourés d’un jury comme toujours haut de gamme et venu des quatre coins de la planète. Cette année, il sera surtout relativement jeune (ce qui est cohérent avec la sélection qui compte plusieurs premiers films). Ainsi, le cinéaste canadien Xavier Dolan – benjamin du jury du haut de ses 26 ans -, l’actrice britannique Sienna Miller – âgée de 33 ans -, et l’acteur américain Jake Gyllenhaal – d’un an son aîné -, épauleront-ils les frères américains dans la lourde tâche d’établir le prestigieux palmarès avec les longs-métrages sélectionnés en compétition officielle.

Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, la comédienne Française Sophie Marceau, l’actrice espagnole Rossy de Palma mais également la chanteuse malienne Rokia Traoré seront les autres membres du jury du Festival de Cannes, qui se tiendra 13 au 24 mai.

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« Tête d’or » de Paul Claudel, à la Cartoucherie

—Par Michèle Bigot —

tete_d_orTÊTE D’OR
De Paul Claudel,
Mise en scène : Jean-Claude Fall,
Avril 2015, La Tempête, Cartoucherie

Pièce de jeunesse, écrite en 1889, Tête d’or nous revient rajeunie et comme régénérée d’un sang nouveau dans une version africaine mise en scène par Jean-Claude Fall.
Tête d’or, le héros éponyme, est une tête brulée. Ayant tout perdu, femme, parents et toute attache sociale, ce desperado se sent pourtant investi d’un destin hors normes : il sera le « sauveur suprême » d’un pays perdu. En vertu d’une audace indomptable et par la force des armes, il renverse la royauté et toute la légitimité héritée des institutions, retourne la situation politique en sa faveur et finit par exiger les pleins pouvoirs. Figure de despote, prônant les valeurs de l’ordre, de la discipline, de la force virile , de la fierté et de la volonté, il annonce l’homme providentiel du régime fasciste : son culte de la force virile et sa fascination pour la mort ne sont pas non plus sans rapport avec les terroristes d’hier et les djihadistes d’aujourd’hui.
C’est ainsi que Jean-Claude Fall explique trouver un écho de Tête d’or dans les sociétés claniques ou tribales d’aujourd’hui, que ce soit en Afrique ou en Europe de l’est.

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Les vingt ans de « Recherches en Esthétique »

— Par Pierre Juhasz —

recherches_esthetique_01-20La revue Recherches en Esthétique, avec son vingtième numéro, fête sa vingtième année d’existence. Étant un fidèle lecteur de cette revue depuis sa naissance et contribuant, depuis cinq ans, par des articles ou des recensions, à alimenter ses pages, je souhaite, par les quelques lignes qui suivent, participer à cette célébration en évoquant, à travers les vingt numéros parus, ce qui constitue, à mes yeux, la très grande qualité de cette revue et, dans le champ des publications sur l’art, son unicité. Célébration que je souhaiterais sous le signe, non d’une commémoration, mais, comme le dirait Walter Benjamin, d’une remémoration, afin que se dessinent – en plasticien que je suis – les contours du territoire et des horizons ouverts et couverts par Recherches en Esthétique, afin d’esquisser brièvement l’histoire et la géographie qui lui ont donné naissance.

En tant qu’enseignant d’arts plastiques, en tant que plasticien et aussi, parfois, critique d’art, ma réflexion porte sur l’enseignement artistique, sur l’approche discursive des œuvres d’art et plus généralement sur les questions relatives à l’art. C’est ainsi qu’à travers les numéros successifs, l’occasion m’a été donnée de m’interroger sur l’imprévisible dans l’enseignement artistique, sur l’insolite dans l’œuvre de Jean-Jacques Lebel, sur la notion de trouble dans l’Assomption du Titien ou encore, de me pencher sur la question de l’engagement dans l’œuvre de Joan Fontcuberta, ou encore, j’ai eu l’occasion de présenter, dans le dernier numéro, le très bel ouvrage de Jean Lancri sur Etant donné de Duchamp : De l’ombre chez (ou sur) Marcel Duchamp.

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« Penser le nazisme » : Johann Chapoutot publie La loi du sang.

la_loi_du_sangDevant l’ampleur et le caractère inédit des crimes nazis – qu’ils soient collectifs ou individuels –, les historiens butent sur la causalité profonde, qui reste obscure.
Ces comportements monstrueux s’appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu’il faut prendre au sérieux. C’est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l’extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée – correspondances, journaux intimes –, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible comment les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d’agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l’ennemi biologique.
Si le métier d’historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.

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Festival de Cannes, calque de l’état du monde

— Par Michaël Melinard —

festival_de_cannes-2015Quatre Français, trois Italiens, un seul premier film et deux femmes cinéastes ont été retenus 
pour concourir à la palme d’or.

L’ombre de Gilles Jacob planait à la conférence de presse du Festival de Cannes. On ne reste pas impunément quarante ans à la tête de la plus prestigieuse manifestation mondiale du septième art. Néanmoins, le président Pierre Lescure s’est autorisé une boutade, « le Festival aura bien lieu », en forme de clin d’œil au nouveau roman de son prédécesseur, Le Festival n’aura pas lieu. La sélection est rarement complète lors de sa présentation à la presse. Mais, avec une compétition limitée pour l’instant à 
16 films et une sélection de 42 films, nul ne doute que des ajustements seront faits dans les jours à venir. « Je vous livre 90 % de la sélection. Nous avons reçu 1 854 films. Tous les films sont vus. Tout le monde peut postuler », rappelle Thierry Frémaux.

La compétition fait la part belle au cinéma français, signe de sa vitalité actuelle. À l’habitué Jacques Audiard, qui présente Dheepan, autour de la communauté tamoule en France, s’ajoute Maïwenn, déjà primée pour Polisse.

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