Jour : 17 avril 2015

« Les grands écrivains sont souvent de grands théoriciens »

Théories de la littérature, Système du genre 
et verdicts sexuels.

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Entretien avec Didier Eribon, réalisé par Nicolas Dutent

Dans A la recherche du temps perdu, Proust développe une théorie de l’homosexualité, largement inspirée de la psychiatrie de l’époque. Or, non seulement elle ne s’applique pas à certains personnages dont on apprend qu’ils sont «homosexuels», mais Charlus lui-même ne cesse de tenir des propos qui la contredisent. La théorie est ainsi déconstruite au fur et à mesure qu’elle est construite. Il en va de même chez Genet, où l’on voit toutes les théorisations démenties par les pratiques réelles.
Pourtant, cette instabilité générale de la théorie reste prise dans les cadres fixés par les normes et les notions obsessionnellement rappelées du «masculin» et du «féminin». Il s’agit dès lors de comprendre comment les pratiques «subversives» et les discours «hérétiques» peuvent à la fois constituer d’importants «contre-discours» et «contre-conduites», tout en laissant intact le système du genre et de la sexualité, et donc en participant à sa perpétuation.
Comment penser dès lors la transformation sociale et politique, si ce n’est en portant le regard sur la reproduction de la structure qui s’opère à travers l’opposition toujours rejouée entre normes et contre-normes ?

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« Nous sommes la nouvelle jeunesse africaine engagée »

—Par Les jeunes de Filimbi, Lucha, Y’en a marre, Balai Citoyen RDC, Sénégal, Burkina Faso —

filimbiPlusieurs mouvements citoyens africains s’étaient donnés rendez-vous ce dimanche 15 mars 2015 à Kinshasa pour le lancement d’une plateforme congolaise, Filimbi. Des membres du mouvement Y’en a marre, venus de Dakar, de Balai citoyen, du Burkina Faso, ou encore des Congolais de la Lucha ( Lutte pour le Changement), se rencontraient à Eloko Ya Makasi, dans le quartier de Masina. Une conférence qui a tourné court, avec l’arrivée de l’armée (des membres de la Garde républicaine selon certaines sources) et d’hommes en civils, venus interpellés les participants. Accusés de vouloir déstabiliser le pays, trois d’entre eux sont toujours en détention à Kinshasa. Ils prennent la parole ici :

Nous sommes une nouvelle force citoyenne qui a fini d’émerger en Afrique. Les longues détentions, les harcèlements et la répression ne nous feront pas reculer. Nous sommes Filimbi. Nous sommes Lucha. Nous sommes Balai Citoyen. Nous sommes Y en a marre.

Nous sommes ceux qui ont remplacé les armes par leurs voix, leurs balais et leurs sifflets pour la démocratie.

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« Taxi Téhéran », Ours d’Or à Berlin, ne roule toujours pas en Martinique

taxi_teheranCe taxi-là roule sans permis. Ce taxi-là n’est pas un taxi. C’est un plateau de cinéma clandestin, un camouflage monté sur roues, le véhicule d’un insoumis. Combien d’interdits l’Iranien Jafar Panahi (Le Cercle, Le Ballon blanc) brave-t-il en prenant lui-même le volant ? En installant une petite caméra dans l’habitacle ? Depuis 2010, pour avoir osé contester la réélection frauduleuse du président Mahmoud Ahmadinejad, le cinéaste n’a pratiquement plus aucun droit : ni ­parler en public, ni quitter le pays. Et surtout pas exercer son métier.

Et pourtant, il tourne. Taxi Téhéran (Ours d’or au dernier festival de Berlin) est sa troisième oeuvre « illégale ». Mais c’est aussi la première fois qu’il s’échappe au-dehors depuis sa condamnation. Le documentaire Ceci n’est pas un film (2011) et la fiction Pardé (2013) étaient restés « assignés à résidence », huis clos où bouillonnait sa réflexion d’artiste censuré, claquemuré. L’intérieur d’une voiture est certes exigu, et prolonge délibérément la même sensation carcérale. Mais c’est un enfermement différent. Dans les rues bruyantes et les rocades bétonnées de Téhéran, Jafar Panahi retrouve le monde, son monde.

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Où sont les femmes ? Pas dans les programmes du bac

— Par Eric Nunès —

femme_ecrivain« Surtout pas d’impasse ! » Ce conseil aux lycéens, à quelques semaines du bac français, les professeurs le répètent comme un leitmotiv. Il existe pourtant un type de sujet auquel les élèves de terminale littéraire échappent, depuis plus d’une dizaine d’années : l’étude de l’œuvre d’une femme.

Ce constat indigné, c’est la blogueuse Maureen Wingrove, illustratrice et auteure de bande dessinée, qui le fait dans un post drôle et corrosif, bien illustré, intitulé « Femmes de lettres, je vous aime ». La blogueuse a fait ses recherches sur le site de l’éducation nationale. Sous l’improbable onglet « Programmes limitatifs de littérature pour le baccalauréat », elle trouve archivées douze années de programme littéraire. A quels genre d’auteurs a été « biberonnée » plus d’une génération de futurs spécialistes en lettres, langues et sciences humaines ?

Un coup d’œil sur les programmes lui permet de se rendre compte que les lycéens ont été appelés à se plonger dans tous les styles de toutes les époques. De l’antiquité au XXe siècle, conteurs, poètes, romanciers, dramaturges ont rythmé dix années de programme.

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Célimène et le Cardinal : de Molière à Rampal

Le 17 & 18 avril au T.A.C. à 19 h 30

celimene_&_le_cardinal-400— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Voici une œuvre crée en 1992. C’est une comédie romantique d’où le temps n’a pas effacé certains des traits de caractère et ce qui en fait un petit bijou de littérature c’est son style, l’intelligence des digressions, cocasse, émouvante et érotique ; le style Rampal, c’est ici l’ambigüité si plaisante, et merveilleuse à l’oreille à la lecture, de la ponctuation, des styles directs et indirects, des conditionnels et des futurs… à la manière de Molière. Et toujours l’humour, véritable garantie de son authenticité. Le tout en alexandrins, dans une fraicheur de langage et de ton actuels, par un auteur contemporain. Une gageure, un exploit !

L’atrabilaire amoureux, Misanthrope s’est achevé par la rupture d’Alceste et de Célimène. Après le refus de la jeune femme de se retirer du monde et de le suivre, Alceste s’isole dans la religion et devient un homme de pouvoir, un puisant cardinal. De son côté Célimène rompt avec la Cour et épouse un bourgeois dont elle à quatre enfants et se dit heureuse.

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La Paix d’Henri Corbin

Par Kenjah

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Vieux Frère

Les mots se sont tus

Au pas de la porte

Leurs ombres vont

Et viennent dans l’étourdie

Des franchissements qui saisissent

 

Ne vacille pas la flamme du serbi

Ne cillent point les grands yeux rouges

De la nuit

Mais un secret trébuche

Trébuche

En secret.

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