Jour : 15 avril 2015

Judas, le disciple sous de nouvelles lumières

— Par Dominique Widemann —

Judas, de Rabah Ameur-Zaïmeche. France. 1 h 39.

De « Wes wesh qu’est-ce qui se passe ? » au « Dernier Maquis » en passant par « les Chants de Mandrin », Rabah Ameur-Zaïmeche ne cesse de mettre en œuvre la puissance du cinéma pour faire bouger les lignes. Cette fois, il réinvente « Judas » et son rôle dans un film superbe.

D’entrée, l’immensité verticale d’une falaise de pierre confère au paysage une dimension mythologique. Nous éprouvons avec celui qui la gravit à pas d’homme la durée de l’ascension, la ferveur qui le hisse à un trou de roche élevé. Autour, le désert, étiques broussailles agitées par le vent, sentes tracées par les troupeaux. Judas (Rabah Ameur-Zaïmeche en personne) accueille Jésus (Nabil Djedouani) qui vient de regagner la terre de Judée où l’attendent ses disciples. Judas, le plus proche de ses compagnons de vie, le garde et le guide, assure l’intendance et le parcours de ce maître spirituel dont la lumière lui a toujours comblé l’âme. Cette lumière nous parvient par la plénitude joyeuse du regard de Judas, le soin fraternel de ses gestes quand il arrange autour du front de Jésus les plis d’un châle, oriente vers Jérusalem ses épaules qu’il vient de revêtir d’un manteau de laine et le contemple rejoignant son peuple, beau comme un fiancé.

→   Lire Plus

« Ivanov » ou le loser exténué

— Par Selim Lander —

Ivanov2 (2)La première « vraie » pièce de Tchekhov[i], créée à Moscou en 1887, Ivanov n’est pas la plus célèbre et l’on comprend pourquoi depuis qu’elle est montrée à l’Odéon. Contrairement aux pièces les plus connues de Tchekhov, où la déréliction se trouve agréablement compensée par la poésie et l’humour, Ivanov est littéralement plombée par le personnage éponyme, le type même du looser, désespéré de surcroît, incapable du moindre sursaut, tout au plus capable de se juger avec une lucidité telle qu’elle ne peut que renforcer sa désespérance. Sa première épouse est atteinte de la tuberculose (comme Tchekhov lui-même) et meurt pendant l’entre-acte, ce qui ne contribue pas à nous ragaillardir. Quant à la deuxième épouse (le mariage occupe la deuxième partie de la pièce), elle essaye bien de ranimer un peu le malheureux Ivanov mais sans succès. L’amour éperdu de ces deux femmes pour un individu réduit à l’état de loque humaine n’aide d’ailleurs pas à la vraisemblance de la pièce. Les comparses sont censés apporter un élément comique ; hélas, ils ne parviennent pas à dérider la salle, sinon sporadiquement.

→   Lire Plus

Faada Freddy, du gospel qui claque

— Par Fara C. —
faada_freddyL’artiste sénégalais présente « Gospel Journey », son CD sans instrument mêlant voix et percussions corporelles, contre le règne du fric, du look et du toc.

Il faut chérir l’audace et, surtout, son public, pour conclure son concert au Trianon en accompagnant les spectateurs jusque dans les couloirs du métro, comme l’a fait, en 2014, l’époustouflant Faada Freddy. À la grande joie des voyageurs, stupéfaits, mais à l’enthousiasme immédiat devant tant de talent et de générosité, l’auteur, interprète et compositeur sénégalais continuait de chanter a cappella, leur offrant à la volée l’or de sa voix.

Étourdissante, ductile à souhait, elle s’élève à tire-d’aile vers des harmonies éthérées. Elle constitue la sève du CD Gospel Journey, conçu sans instrument. « Alors que règnent l’artificiel, l’argent et son lot de contre-valeurs, j’ai souhaité mettre en lumière l’essentiel, explique Freddy. Et cela, à travers ce qu’on a de plus naturel et intime : la voix, le corps. » Il a ainsi baptisé son disque, car le gospel en forme la matrice. « Pour moi, le gospel relie fondamentalement les chants de travail, jadis, des esclaves dans les champs et la vaste Great Black Music contemporaine, en laquelle j’inclus le hip-hop.

→   Lire Plus

Boko-Haram: plus de 2000 femmes enlevées depuis les lycéennes de Chibok

boko_haramAu moins 2000 femmes et jeunes filles nigérianes ont été enlevées par Boko-Haram depuis 2014 et réduites à l’état d’esclaves sexuels ou forcées à combattre. C’est le triste bilan dressé par Amnesty International, à l’occasion des un an de l’enlèvement des 270 lycéennes par la secte.

Intitulé « Notre métier est d’abattre, de massacrer et de tuer. Boko Haram fait régner la terreur », ce rapport est fondé sur près de 200 témoignages, dont 28 émanent de femmes et de filles ayant échappé à leurs ravisseurs. Il dresse un tableau accablant des exactions commises par la secte. Un an après le rapt à Chibok de 270 lycéennes qui a soulevé une vague d’indignation dans le monde entier, 219 d’entre elles sont toujours manquantes. Avec au moins 2000 enlevées depuis, les femmes et les jeunes filles restent des cibles privilégiées pour Boko Haram. Elles servent d’esclaves sexuelles, de kamikazes autant que de combattantes. Celles qui refusent les mariages forcés ou de combattre pour la secte sont abattues sur le champ.

« Les récentes victoires militaires représentent peut-être le début de la fin pour Boko Haram, mais il reste encore énormément à faire pour protéger les civils, résoudre la crise humanitaire et entamer le processus de reconstruction », souligne Amnesty, imputant à la secte la mort d’au moins 5.500 civils en 2014 et début 2015.

→   Lire Plus