Jour : 2 avril 2015

Hope, de Boris Lojkine, ou comment rester humain ?

— Par Dégé —

hopeOn va voir Hope à reculons. Malgré une critique favorable voire élogieuse. Le synopsis est décourageant : a-t-on besoin après tous les reportages radios ou télévisuels, les documentaires, les articles de journaux d’aller voir un film sur l’émigration, sur l’amour entre deux émigrés ? On sait leurs difficultés, leurs malheurs…mais que peut-on y faire ? Se donner bonne conscience en regardant en face un peu de toute cette misère du monde qu’on ne peut pas prendre en charge ? On a tous un petit côté Le Pen en nous qui nous fait frissonner de peur quand nous voyons ces hordes humaines, puantes et dépenaillées, à l’assaut de l’Europe, agrippant les grillages barbelés vertigineusement hauts de l’enclave de Melilla et … « ils » les franchisent ! Avant de se faire incarcérer en Espagne, en Italie, partout, dans des camps de tri, de stagnation, d’expulsion qui nous protègent ! On sait tout ça. On le sait.

Mais le sentiment d’impuissance est lui aussi culpabilisant et pour cette raison ou d’autres plus culturelles, on va voir Hope.

Et on n’est pas déçu.

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Ou comment interroger l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre*

— Par Claire Diao —

acteursLundi 30 mars 2015, le Théâtre de la Colline de Paris, en partenariat avec la Fondation Edmond de Roschild et la Fondation SNCF, organisait une lecture de texte de la première promotion de sa formation théâtrale Ier Acte, précédée par une table-ronde autour de l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre français. Compte-rendu d’un débat musclé.
Ils sont plusieurs centaines, en ce 30 mars 2015, les curieux et les passionnés, professionnels ou amateurs, acteurs, metteurs en scène, scénographes, techniciens ou simples spectateurs, à venir assister à une table-ronde sur l’absence de diversité sur les plateaux de théâtre français.

Dans la rue Malte-Brun du XXe arrondissement de Paris, les participants fument une cigarette, discutent, se saluent puis se pressent dans le hall et l’escalier pour faire la queue, retirer leur invitation, puis s’installer dans le Grand Théâtre de La Colline – théâtre national.

Sur la scène, Firoz Ladak, directeur général des Fondations Edmond de Rotschild; Zinedine Soualem, comédien de théâtre et cinéma; Frédéric Hocquard, directeur d’ARCADI Île de France (1); Monia Triki, chargée des mécénats à La Colline; Laure Adler, journaliste et modératrice de la table-ronde; Eric Fassin, sociologue, professeur à l’Université Paris 8 et chercheur au Laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS); Jean-Baptiste Anoumon, comédien; Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF et Stanislas Nordey, metteur en scène, directeur du Théâtre National de Strasbourg et directeur artistique du programme Ier Acte sont installés face à la salle.

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Le repas végétarien, le plus laïc de tous

vegetableLe débat sur la laïcité et le « vivre ensemble » a donc fait irruption dans nos assiettes. A en croire certains, il y aurait une façon « française et républicaine » de manger. Au nom de cette laïcité culinaire, Gilles Platret, le maire UMP de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), a annoncé, le 16 mars, qu’il mettra fin au menu de substitution dans les cantines scolaires de sa ville dès la prochaine rentrée.

Depuis plus de trente ans pourtant, dans cette ville comme dans d’autres, des menus alternatifs étaient proposés aux plats contenant du porc. Sans poser de problème. Mais, à Chalon-sur-Saône, les enfants seront priés de manger « comme tout le monde » ou d’aller manger ailleurs. « Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l’enseignement privé confessionnel », a aussitôt soutenu Nicolas Sarkozy.

Cette prise de position du président de l’UMP a étonné et choqué jusque parmi ses proches. Comment dénoncer la communautarisation de certains Français musulmans, et inviter ces mêmes musulmans à quitter les écoles publiques pour des établissements confessionnels ? L’instrumentalisation du dossier des cantines en vue de séduire les électeurs du Front national est trop grossière pour être convaincante.

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Oui aux patriotes, non aux patriotards!

— Par Patrick Singaïny —
homme_revolteNon, les millions de sympathisants des Marinistes ne se sentent ni désillusionnés, ni désespérés. Non, ils ne sont pas mus par la peur ou la souffrance. Ils ont même dépassé le stade de la déception et ne vivent plus sous le joug du sentiment de révolte : ils se vivent décomplexés, se sentent enfin compris et partagent une vision claire de la France. Quelle est-elle ? Une France assimilationniste qui fait la promotion de la préférence nationale ; celle qui permet de désigner qui est un bon français et qui ne l’est pas. C’est ainsi qu’inexorablement le Front National est devenu le premier parti de France devant l’UMP qui ne peut le battre qu’en s’associant avec l’UDI et le MODEM.
Des millions de gens peuvent-ils se tromper ?
Je parle ici de personnes parfaitement ordinaires qui se sont mises d’abord à douter des normes sociales et politiques pour embrasser, petit à petit, une sorte d’évidence morale. Sur quoi repose-t-elle ?
Bien sûr, il y a d’un côté les Français-de-souche – les citoyens de France de culture française (placée en sus de ses régionalismes)- et les citoyens de France de culture composite (c’est-à-dire qui mêle la culture française avec une autre d’ascendance extra-européenne et postcoloniale).

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