Jour : 15 janvier 2015

Une géographie humaine racontée par celles et ceux qui l’habitent

romain_cruseRomain Cruse

Une géographie populaire de la Caraïbe, adaptation d’Une histoire populaire des États-Unis de Howard Zinn, rompt avec le regard enchanteur et fantastique des clichés touristiques. La Caraïbe est enfin une terre habitée. Romain Cruse mise ainsi sur une géographie humaine : la terre racontée par celles et ceux qui l’habitent. La caméra est braquée sur les villages de pêcheurs de Trinidad et de la Dominique, les quartiers surpeuplés d’Haïti, les Nègres marrons du Suriname, les communautés rasta de la Jamaïque, etc. L’auteur adopte le regard des classes populaires, inspiré d’observations sur le terrain et fondé sur un travail de recherche minutieux. La Caraïbe n’est donc ni un éden, ni un modèle de libre-échange, encore moins une région à forte croissance économique. On y découvre plutôt des sociétés profondément divisées selon des clivages ethniques et sociaux hérités du colonialisme, des bidonvilles dissimulés derrière des décors de carte postale, la manipulation des masses par les élites locales et les investisseurs étrangers⋅ Le géographe Romain Cruse donne à voir et à comprendre la condition caribéenne contemporaine, condition qui se nourrit de cultures et d’histoires singulières.

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La famille Bélier… des champs au chant

A Madiana

la_famille_belier

— Par Roland Sabra —

Synopsis : Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de la Maîtrise de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.

Deux millions d’entrées en deux semaines en France ! Et ce n’est qu’un début ! Pensez, le public parisien qui en a vu d’autres et qui n’est pas spécialement réputé pour ses manifestations délirantes d’enthousiasmes cinématographiques applaudit à la fin de chaque séance. Il faut dire que ce « feel good moovie », se situe dans la lignée « Des intouchables ». Eric Lartigau, qui donne par goût et par formation dans le cinéma de l’absurde constitue une famille de sourds-muets épatante, inspirée d’une histoire vraie, celle de Véronique Poulain, une assistante de Guy Bedos.

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La violence est-elle soluble dans la religion ?

Par Michel Herland —

laicite_wolinL’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo par deux meurtriers se réclamant d’Allah, puis l’attentat contre un supermarché kasher, obligent à s’interroger sur les liens entre la religion et la violence. Les quelques brèves remarques qui suivent, écrites dans l’urgence, ne prétendent pas faire le tour de la question mais devraient contribuer à l’éclairer.

À quoi servent les religions ? Aujourd’hui comme hier, leur fonction première, celle qui leur permet de trouver facilement des fidèles, est de rassurer. Tout le monde n’a pas l’âme d’un stoïcien pour accepter la mort avec sérénité. Dans les religions primitives le culte des ancêtres traduit la croyance dans une vie après la mort. Les religions du Livre promettent la vie éternelle. Mais tout le monde n’ira pas au paradis : il faut le mériter en respectant toute une série d’interdits et d’obligations. La religion remplit donc aussi une fonction sociale, celle de discipliner les croyants. Les sociétés archaïques étaient toutes religieuses sinon théocratiques.

L’humanité progresse. L’esprit rationnel se substitue peu à peu à la mentalité magico-religieuse. « Peu à peu » donc pas partout et pas chez tous.

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« Pride » de Matthew Warchus

Pride— Par Selim Lander —

Pride, la fierté. Celle des gays qui défilent le jour de la Gay Pride et plus généralement celle de tous ceux qui se montrent capables de se mettre debout et de crier contre les injustices. Le film raconte l’histoire aussi véridique qu’exemplaire d’un petit groupe de gays londoniens qui ont pris fait et cause pour les mineurs du Pays de Galle lors de la grande grève de 1984-1985. Margaret Thatcher, on s’en souvient peut-être, avait décidé de fermer de nombreuses mines de charbon jugées insuffisamment rentables et s’était heurtée à une très ferme opposition de la part des mineurs. D’où la longueur de ce conflit qui n’a pas tourné, hélas, dans le sens espéré par les grévistes. Les gays emmenés par le charismatique Mark (Ben Snetzer) décident de collecter des fonds pour les grévistes. Ils nouent des relations avec les mineurs et leurs femmes, finissent par les rencontrer, sont plus ou moins bien reçus au début et finissent par se faire adopter par cette petite communauté forcée de rendre les armes (de renoncer à ses préjugés) devant la gentillesse de ces jeunes (pour la plupart) qui ne veulent que rendre service.

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« Parler, écrire, imprimer librement… » : la liberté d’expression mise en cause

—Par Maud Vergnol —

liberte_expression-2La une dessinée par Luz a touché dans le mille. La publication de Charlie Hebdo, hier, a fait voler en éclats l’unanimisme de façade 
et les hypocrisies politiques. Réactionnaires et intégristes ne manqueront pas d’exploiter ce drame pour tenter de limiter la liberté d’expression.

«Oui, mais… » Les masques sont tombés. La publication de Charlie Hebdo, hier, a fait voler en éclats l’unanimisme de façade et les tartufferies politiques. C’est dire si la une dessinée par Luz, représentant un prophète la larme à l’œil arborant une pancarte « Je suis Charlie », a visé dans le mille, réplique habile aux tentatives d’intimidation et de pression sur la liberté d’expression. Le spectacle indécent du bal des puissants, dont d’éminents fossoyeurs de la liberté de la presse, orchestré dimanche par François Hollande, a repris hier, accueillant fraîchement la publication de l’hebdomadaire satirique. L’État iranien dénonce une couverture « insultante ». « L’abus de la liberté d’expression, qui est répandu actuellement en Occident, n’est pas acceptable et doit être empêché », a fait savoir la porte-parole de la diplomatie iranienne.

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L’ASSOKA exige la vérité sur la mort de Francky Alfred

Communiqué de presse

police_controleLe mardi 13 janvier 2014, un ressortissant haïtien est mort aux environs de 8 heures à Schœlcher.
La vérité officielle, trop vite proclamée par le Procureur de la République, est que cet homme aurait fui un contrôle de police et se serait jeté d’une falaise.
Les éléments actuellement réunis par l’ASSOKA mettent à mal cette vérité officielle complaisamment relayée par des médias peu curieux.
Francky ALFRED avait 35 ans. Il vivait en Martinique depuis 2011. Il avait une compagne enceinte de trois mois. Il attendait une pièce réclamée par la Préfecture pour finaliser une demande de titre de séjour.

Cet homme n’avait aucune raison de fuir et encore moins de se suicider.

Il se pose un certain nombre de questions sur ce qui s’est passé :

Comment un simple contrôle router s’est-il transformé en contrôle d’identité ?
Comment et pourquoi M. ALFRED a-t-il été arrêté ?
Quel était son statut  (gardé à vue, retenu etc…) et que voulait-on faire de lui ?
A quel moment les agents de la Police de l’Air et des Frontières (PAF) sont arrivés sur les lieux ?

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« Concerning Violence » : un film sur « Les damnés de la Terre »

 A Madiana jeudi 15 et lundi 19 janvier à 19h 30

concerning_violence—Par Roland Sabra —

Distribué dans plus de vingt pays, souvent récompensé, notamment à la 64ème Berlinale, désigné par Indiewire site étasunien consacré au cinéma indépendant comme le meilleur documentaire de l’année 2014 Concerning Violence le film de Göran Hugo Olsson à généré de très nombreux débats. Le réalisateur suédois développe une sensibilité bien marquée pour les Afro-américains et pour l’Afrique en général. En 2009, son documentaire Am I Black Enough for You retraçait le parcours sinueux du chanteur soul Billy Paul. Le suivant, Black Power Mixtape, portait sur le « Black Power ». Avec Concerning Violence, le réalisateur reste dans le même thème, se penchant cette fois sur la décolonisation africaine (Rhodésie, Libéria , Angola, Mozambique , Guinée-Bissau, Burkina-Faso) en s’appuyant sur le texte de Frantz Fanon  Les damnés de la Terre . « Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que par une plus grande violence » cette phrase de Fanon reproduite sur l’affiche dit assez bien comment colons et colonisés sont pris au piège de la violence.

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