Jour : 10 janvier 2015

Les musulmans de France n’ont pas à se justifier

— Par Thomas Guénolé —
mosquee_noir_jauneExiger spécifiquement des musulmans de France qu’ils condamnent cet acte, c’est enfermer ces Français dans un étiquetage religieux. C’est donc poser sur eux un regard qui n’est pas républicain.

Quand le Ku Klux Klan pendait des Noirs au nom de la suprématie chrétienne blanche, nul n’exigeait que les clergés chrétiens américains s’en désolidarisent. Au fil des trente années d’attentats de la Fraction armée rouge en Allemagne, nul ne réclama que la gauche allemande réaffirme son attachement à la démocratie. De même, plus près de nous, dans la France des années 1980, personne ne songea à soupçonner l’extrême gauche de ne pas assez rejeter les attentats d’Action directe. Pourquoi ? Parce que dans tous ces cas, considérer les seconds comme a priori suspects de sympathie pour les premiers, c’eût été absurde, ridicule, et pour tout dire idiot⋅

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Par conséquent, comment se fait-il que depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, tant de voix s’élèvent pour sommer spécifiquement les dirigeants de l’islam français, et plus largement les musulmans de France, de condamner l’acte et de s’en désolidariser ?

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À Fort-de-France, jeudi soir – jeudi noir, mais jeudi l’espoir.

— Janine Bailly —

charlie_se_mwenLa nuit va tomber sur la place Roméro à Fort-de -France, comme elle est aussi tombée sur les locaux du journal « Charlie Hebdo », à Paris. Peu à peu, la foule s’assemble devant la banderole qui, parlant créole, nous rappelle
que la liberté de penser et de dire n’a pas de frontières, et qu’elle s’exprime de même façon, sous tous les cieux, quelle que soit la langue utilisée.
Silence et recueillement sont de mise, les enfants eux-mêmes l’ont compris, qui ne troubleront pas des discours, sobres et pudiques dans leur ensemble, bien que chargés d’émotion autant que d’une juste indignation.
La plus belle image est pour moi celle de ces adolescentes qui, visage grave et tenue sage, lèvent bien haut leur pancarte proclamant « Je suis Charlie ».
Le plus beau moment reste celui où les bougies s’allument, et, dessinant un cercle lumineux autour de la fontaine qui occupe le centre de la place, font reculer la nuit et revenir la lumière, de même façon que l’humanisme fera renaître l’espoir et reculer l’obscurantisme ! C’est du moins ce en quoi je veux croire !

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