« Barockissimo », un feu d’artifice de chiffons

— Par Gérald Ross—

barockpssimo-2Pour son dixième anniversaire, le Centre national du costume de scène, basé à Moulins, expose 150 tenues créées pour les opéras des Arts florissants dirigés sur les chemins du baroque par William Christie depuis plus de trente ans.

Forcément Atys. Cet opéra de Jean-Baptiste Lully, William Christie avec sa formation des Arts florissants l’a dirigé sur la scène de l’Opéra-Comique, à Paris, en 1987. Un événement. Une fusée de lancement pour le retour du baroque à l’affiche des grandes maisons d’opéra et des plus modestes… Atys donc, dont il se raconte que le roi Louis XIV chantonnait les airs dans les couloirs de Versailles, occupe une place de choix dans l’exposition « Barockissimo », tout entière consacrée aux Arts flo, et qui marque à Moulins l’anniversaire des dix ans du Centre national du costume de scène (CNCS) (1).
Un extraordinaire voyage dans des rêves de théâtre

Atys, mis en scène par Jean-Marie Villégier, est aussi pour Christie l’occasion de travailler pour la première fois avec le costumier Patrice Cauchetier qui décrocha alors le prix du Syndicat de la critique et compte désormais plus de 90 spectacles à son propre répertoire. Dans la distribution figure Paul Agnew, fameux ténor et haute-contre, dieu du Sommeil dans Atys, qui aujourd’hui occupe le poste de directeur musical adjoint de la formation baroque.

Et « Barockissimo » permet, avec 150 costumes brillants, chamarrés, fastueux, présentés dans des vitrines éclairées comme des plateaux, voisinant avec des extraits de vidéos des spectacles, de faire un extraordinaire voyage et dans les temps anciens, et dans celui des rêves de théâtre. « Je suis sonné par ce que je viens de voir. C’est émouvant, cela rassemble la plus belle partie de notre vie. Ça donne envie d’appeler tous les amis qui ont porté les costumes exposés, comme si on les avait quittés hier », nous disait William Christie après la visite. « L’exposition évoque l’incroyable inventivité des Arts florissants, celle d’un baroque toujours plus baroque », se plaisent à souligner les deux commissaires, Martine Kahane (directrice du CNCS de 2006 à 2011) et Catherine Massip. De salle en salle, la scénographie – signée Simon de Tovar et Alain Batifoulier – a le souci de lier la date de création de l’œuvre avec quelques événements de l’époque. Ainsi avec Serse (Xerxes), de Haendel, composé en 1738, un bandeau « historique » indique que Montesquieu publie ses Lettres persanes en 1721.

Dans les vitrines de cette exceptionnelle galerie, entre autres surprises, on remarque forcément la tenue toute de plumes noires de corbeau, endossée par un effrayant Philippe Jaroussky, tête rasée dans le Couronnement de Poppée, de Monteverdi, monté en 2010, avec une mise en scène et des costumes de Pier Luigi Pizzi. Un peu plus loin, voici Il Sant’Alessio, pièce peu donnée de Stefano Landi, mise en scène en 2007 par Benjamin Lazar, avec des costumes d’Alain Blanchot. Une grande première pour ce dernier, confronté à la nécessité de réaliser

 

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